Une étude technique : la famille des TRC 38/39

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La famille du TRC38/39

Un exemple de modularité

Le Tracteur de Ravitaillement Chenillé modèle 38 (plus connu sous le sigle TRC 38) est un véhicule conçu à l’origine sur Sélénia par les arsenaux de Babbit au nord de la capitale. Moins important que ses aînés de Bennett et de Thorn l’arsenal de Babbit avait été construit pour traiter le montage de VCBI Chimère livrés depuis Cadia en pièces détachées, mais il avait rapidement été sollicité pour développer un véhicule plus économique capable de servir de véhicule école et de transport militaire.

Suivant la tradition bien connue de pragmatisme qui caractérise les techs Séléniens, on avait cherché à aller au plus simple dans la conception du véhicule : de vieux châssis de Chimère endommagés ou usés furent vidés de leurs organes les plus précieux puis rééquipés avec un groupe produit localement, plus sobre et moins puissant, le TH23 qui avait fait ses preuves en entraînant des générations de camions et de tracteurs agricoles. Dans le but de gagner du poids pour éviter de grever par trop les performances, les ingénieurs de Babbit décidèrent de réduire la hauteur du véhicule presque de moitié, conservant la cabine et les contrôles d’origine mais dégageant une vaste plateforme au-dessus du moteur et de la transmission.

Baptisé TRC38 (en référence à l’unité de production qui avait assemblé le prototype), le véhicule connut immédiatement un succès immédiat. Sobre, rustique, fiable et peu coûteux, il était parfaitement adapté aux exigences d’une planète pauvre en ressources. Construit à plusieurs milliers d’exemplaires, il devint très vite l’engin de servitude standard des unités de la milice planétaire puis des régiments de la garde recrutés sur Sélénia. Les Séléniens tirèrent de ce succès une fierté sans doute légitime mais très certainement exagérée, au point qu’il affirment avoir envoyés sur Mars une dizaine de véhicules pour que ceux-ci soient examinés par les techno prêtres de Mars et que le modèle soit sanctifié comme orthodoxe. S’ils n’existe aucune trace crédible de cet épisode dans les archives, les Techniciens de Sélénia croient dur comme fer que, demain ou dans des siècles, un courrier viendra leur porter la consécration de leurs efforts et de leur foi dans l’Empereur.

Durant la difficile campagne de Céracuse, et contrairement à ce qui se passa pour les chars de combat de type Léman Russ, dont la production fut grandement perturbée par l’interruption de la ligne logistique entre Cadia et Sélénia, les chaînes de montages des TRC ne connurent que peu de perturbations. En effet, quand les châssis de Chimères et l’acier spécial destiné aux blindage se firent rares, les techniciens de Babbit, parvinrent à assurer une production régulière en remplaçant les métaux impossibles à produire sur place par des aciers ordinaires, certes moins résistants mais tout à fait suffisants pour des véhicules destinés à circuler loin de la zone des combats. Mieux, les châssis du premier modèle se révélèrent capable de recevoir des caisses de Chimère sans grande modification.

Si l’on avait suivi la même logique qui avait présidé au baptême de son prédécesseur, le nouveau tracteur aurait du être nommé TRC 11, puisqu’il fut conçu par l’unité de production portant ce numéro, mais il fut en fait appelé TRC39, simplement parce qu’il suivait le TRC38. Bel exemple de l’incohérence qui règne parfois dans les bureaux d’étude!

Lorsqu’il partit vers la lointaine TethVI, le Deuxième Sélénia du colonel Major Bargonzolli avait en dotation 471 TRC, dont 30% environ étaient du modèle 38. tous les tracteurs ne furent pas débarqués sur la planète naturellement, mais il n’en reste pas moins que le petit TRC était de loin le véhicule le plus nombreux dans l’inventaire du régiment. Dans les conditions extrêmes qui présidèrent aux engagement menés par le régiment, il n’est pas étonnant que le TRC ait été le premier véhicule à faire les frais de l’imagination débordante des Techs du régiment, au point qu’il est presque illusoire de vouloir dresser un inventaire exhaustif des variantes utilisées à un moment ou à un autre, d’autant que les informations ayant continué à circuler entre le régiment orphelin et son monde d’origine, les ouvriers et les cadres de l’arsenal de Babbit, galvanisés par les campagnes de propagande patriotique, rivalisèrent à leur tour d’efforts pour produire « des canons pour nos frères » comme on le disait à l’époque.

Dans un esprit de simplification, on retiendra comme types principaux les engins de servitude et les engins de combat dérivés de ce châssis.

Les Engins de servitude :

salmandre05Le modèle de loin le plus fréquent reste le tracteur TRC38, version de base (armée ou non armée) qui a fixé durablement la silhouette du véhicule avec son poste de conduite à l’avant et l’espace cargo placé à l’arrière au-dessus du moteur.

salmandre02En zone chaude, le compartiment cargo est généralement couvert par une bâche qui protège à la fois du soleil et de la poussière.

salmandre04Un hayon basculant donne accès à l’espace de chargement à l’arrière, la bâche est normalement dessinée pour permettre à un homme de se tenir debout sans trop augmenter la hauteur de l’engin.

salmandre07En forme de transition, il est clair que ce véhicule a dès l’origine reçu tout une série d’armements légers dont l’installation pouvait se faire sans autre adaptation qu’un simple boulonnage!

salmandre08Un des points forts de ces montages simplissimes est peut-être leur remarquable discrétion qui leur permet de passer totalement inaperçus dans les convois et de protéger efficacement contre les embuscades de toutes natures…

Les engins de combat :

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La Chimère modèle Teth : Très semblable à la Chimère Cadienne, cette version correspond simplement au montage de la caisse blindée du VCBI bien connu sur un châssis de TRC38. Il se reconnaît aisément à son train de roulement plus bas et au gros pot d’échappement du TH23 placé sur le garde boue à l’avant droit du véhicule. Bien que moins puissant que la version orthodoxe, ce modèle paraît avoir donné toute satisfaction lors de son déploiment sur TethVI, au point qu’il y a progressivement été standardisé dans un objectif évident de simplification de la logistique et de l’entretien.

A notre connaissance, aucune caisse de chimère n’a été montée sur un châssis de TRC39 puisque ce dernier n’est pas réellement blindé.

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Le Hellhound modèle Teth : cet engin d’assaut avec toutes ses variantes d’armement est improprement appelé ainsi car, sauf cas de réparation sur le terrain d’engins endommagés, tous les exemplaires furent construits sur Sélénia et livrés ensuite au régiment.

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Le Basilik modèle Sélénia : variante classique du célèbre canon lourd d’appui, cette version fut produite par l’arsenal de Babbit et se reconnaît assez facilement car elle fut motorisée avec un moteur TH8 pour assurer un maximum de mobilité à l’engin en compensant sa masse supérieure par une puissance accrue. Ce choix obligea les tech à déplacer légèrement le compartiment de combat vers l’arrière pour laisser de l’espace au groupe et à son système de refroidissement.

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Les premiers véhicules produits dans des moments de grand dénuement ont été livrés sans blindages de protection pour les canon, mais ils ont assez vite été remplacés par la version classique, mieux protégée.

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Il a existé dans les premiers temps de la campagne des Basiliks construits à partir de canons saisis sur les forces de défense planétaires de TethVI par les hommes du colonel Bargonzolli, et simplement posés sur un châssis de TRC38, mais ils sont restés peu nombreux et les survivants ont été reconditionnés dès que cela a été possible et très peu de documents subsistent leur sujet aujourd’hui

Les Méduses modèle Teth : contrairement aux Basiliks, ces engins plus statiques et plus spécialisés ont en général été produits localement à partir de pièces d’origines diverses sur des châssis de TRC39 la plupart du temps, mais là aussi les informations sont trop éparses pour que l’on puisse en dire beaucoup plus hélas.

Les engins de soutien et de servitude.

On ne saurait lister complètement les véhicules de circonstances qui furent utilisés dans l’urgence et simplement produits sur place, parfois à l’échelon du bataillon voire du peloton, dans des conditions de fortune. On se bornera donc à citer les porte mortier, les antichars ou les antiaériens improvisés par le montage d’un autocanon ou d’un canon laser sur des TRC détournés de leur fonction officielle. Il furent utiles dans des circonstances dramatiques mais disparurent bien vite, soit du fait des combats, soit parce que les armes légères dont ils étaient dotés furent judicieusement déplacées sur des châssis plus légers (des mules saisies au Nevo par exemple) de manière à libérer des tracteurs plus utiles ailleurs.

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Parmi les variantes les plus intéressantes, l’Alligator modèle Teth mérite qu’on s’y arrête : Construit sur une base de TRC39, ce véhicule est resté peu important en nombre, mais il mérite d’être évoqué parce qu’il est un des rares exemples dans lequel on a tenté de tirer partie des capacités amphibies du châssis d’origine. S’il est évident que ni la verdoyante Sélénia ni l’aride Teth ne nécessitaient de véhicule de ce genre, les Séléniens tentèrent un moment de contrôler les zones marécageuses qui s’étendent au sud de Viridias, la « capitale » de TethVI. Ils imaginèrent pour cela un transport de troupe léger doté d’un armement modulaire et d’une grande capacité de transport. Pour ce faire, le moteur fut placé très en avant de l’engin, presque contre le dos des pilotes, et tout l’espace arrière fut dégagé pour laisser la place à une vaste soute accessible par un large panneau pivotant à l’arrière. Lorsque les opérations dans le delta furent abandonnées faute d’effectifs suffisants, les Alligators furent, eux, conservés, appréciés qu’ils étaient des troupes pour leur polyvalence et le côté pratique de la disposition de la rampe arrière. Ils furent employés comme transport naturellement, mais souvent aussi comme engins de combat, notamment avec l’installation dans la caisse de vieux obusiers de montagnes retrouvés dans le Nevo.

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Cette disposition simpliste mais étonnamment efficace en faisait des Griffons tout à fait acceptables, même s’il fut parfois nécessaire d’ajouter à l’avant des châssis des blindages improvisés.

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La Manticore modèle Sélénia : Variante construite sur Babbit, il s’agit d’un engin tout à fait conforme au modèle orthodoxe, si ce n’est qu’il est installé sur un châssis de TRC39.

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L’Hydre modèle Teth : Bien que basé sur le même principe que le modèle précédent, il s’en distingue par le fait que, pratiquement privés d’armes antiaériennes, les séléniens engagés sur Teth furent obligés de faire flèche de tout bois. De la même manière qu’ils montèrent des autocanons (simples ou en jumelage sur des châssis de TRC ou de camions), ainsi que des quadritubes installés sur une tourelle blindée et une caisse de conception locale dont la caractéristique la plus évidente est l’emploi de ridelles grillagées conçues à l’origine pour gagner du poids lors de la militarisation des « Mules ».

Il est à noter que certaines de ces tourelles furent montées à titre provisoire sur des châssis d’Atlas voire de Léman Russ endommagés et privés de leur armement d’origine.

Un doute subsiste par ailleurs quand à l’origine des armements. Si certain affirment qu’il s’agissait d’armes automatisées prises sur les casemates abandonnées de la ligne de protection de Viridias et de l’astroport principal, d’autres prétendent que les tourelles et leurs tubes viennent en fait de vedettes de patrouille du Delta et que les premiers montages effectués sur des châssis d’Alligators étaient destinés aux combats au sol.

Le Trojan modèle Teth : ce véhicule fermé d’usage général est bien connu dans l’arsenal de la garde, il fut toutefois peu utilisé comme tel par le IIème Sélénia qui lui préférait le TRC. Par contre les variantes totalement ou partiellement fermées, sont nombreuses et généralement d’usage spécialisé. On se contentera de citer les porte munitions (pour le ravitaillement des Basiliks et des Méduses), les véhicules de commandement (radio, commandement de batteries d’artillerie etc), les véhicules d’observation ou de détection, et enfin les sanitaire blindés (ambulance, blocs opératoires etc). Tous ces véhicules furent montés sur des châssis de TRC39, sauf le célèbre « fantôme » qui fut longtemps la monture personnelle du colonel Bargonzolli, et qui avait un châssis de TRC38.