Radek jura une fois de plus. Les copains le lui avaient dit : Teth était bien pire que Sélénia. Le terrain qu’il négociait était une alternance de poches de sable mou et d’entassements de caillasses instables, mais il y avait partout la même poussière suffocante, une farine au goût de sel tellement fine que les filtres paraissaient insuffisants et que les verres des épiscopes s’encrassaient à la vitesse de l’éclair. Dans le dédale des wadis encaissés qu’ils suivaient pour se dissimuler aux yeux de l’ennemi, il fallait piloter avec la trappe ouverte, au mépris de tous les règlements, mais cela ne rendait pas la visibilité suffisante pour autant. Radek sentit un choc : il n’avait pas vu l’éperon sur le versant sur sa gauche, les drekks desséchés le lui avaient masqué. D’un mouvement sec, il poussa le stick à fond, mais la chimère pivota trop tard : la chenille heurta à nouveau le talus de sable et de gravier aggloméré. Les débris accumulés au-dessus s’effondrèrent, noyant le blindé dans un nuage de sable et de caillasse. Il eut un nouveau juron, puis il modifia l’angle d’attaque dans un grincement d’engrenages malmenés et accéléra à fond. Pendant que le véhicule grimpait en dérapant sur la pente abrupte, il sentit sur son épaule le coup de pied rageur de son chef. Radek en oublia un instant l’inconfort de son poste, la poussière qui lui piquait les yeux malgré ses lunettes et les crampes produite par la tension de la conduite : perché dans sa tourelle, ce crétin de Lazlo toujours si fier de son uniforme rutilant devait maintenant ressembler à un sac de farine!
La Chimère est sans doute avec le Rhino un des engins les plus emblématiques de l’Impérium. Son châssis universel sert de support à d’innombrables variantes et ses équipements vont des pièces d’artillerie lourde au matériel de manutention. Cela étant, l’engin est ancien, universellement répandu, si bien qu’il arrive que telle ou telle nécessité tactique, telle ou telle contrainte climatique, oblige ses utilisateurs à des modifications drastiques des éléments de base du char. Ces variantes sont évidemment mal vues par les technoprêtres et autres spécialistes qui ont tendance à y voir un blasphème. Il est bien difficile cependant aux autorités de Mars de contrôler chaque véhicule sur chaque monde, si bien que le plus sage est souvent de fermer les yeux…
Comme tous les régiments impériaux, le IIème Sélénia utilise des Chimères pour le transport des unités mécanisées et de certaines unités particulières. En pratique cela veut dire que j’utilise aujourd’hui deux modèles et qu’un troisième est prévu à relativement brève échéance. Par contre, comme Games Workshop a finalement revu son modèle en 2009 pour lui apporter un lifting (modeste mais utile), j’avais travaillé sur l’ancienne version ce qui signifie que certaines adaptations ne sont plus utile puisque prévues à l’origine (l’armement par exemple) tandis que d’autres deviennent un peu plus compliquées, en particulier sur le train de roulement.
Les Chimères Séléniennes sont produites sur Cadia et livrées en pièces détachées pour être assemblées dans les arsenaux spécialisés de Bennett et d’Endraos, mais les véhicules reçoivent sur Sélénia Prime un certain nombre de modifications spécifiques destinées à les adapter aux conditions particulières de la planète. Au fil des années, ces améliorations (ou ces transformations sont devenues plus complexes : l’expérience des techniciens et les rapports techniques des unités combattantes sur Sélénia et surtout sur Teth ont fait que plusieurs séries différentes peuvent être observées dans les mêmes unités, la structure du véhicule et ses principaux organes techniques restant de toutes manière identiques. Aucune de ces modifications n’est officiellement reconnue, même si les conseillers cadiens admettent volontiers, en privé, que certaines d’entre elles au moins sont de véritables améliorations.
On distingue donc aujourd’hui deux types principaux identifiés pour plus de simplicités comme le modèle mark1 et le modèle mark2, ce dernier étant conçu pour s’adapter sur le châssis des tracteurs de type TRC38.
Chimère MarkI avec ses modifications caractéristiques et le train de roulement haut. Ce modèle n’est plus en service actuellement, les véhicules existants ayant progressivement été mis au standard markII.
Le plus visible de ces changements tient à la largeur du châssis : pour améliorer la mobilité en terrain meuble, les Séléniens ont réduit la hauteur des trains et installé des roulements plus étroits qui permettent à la chenille de courir directement sur le blindage. Cela évite que le sable abrasif ne pénètre trop facilement à l’intérieur des suspensions, et si l’on ajoute la suppression des caissons de flottaison sur les flancs, on obtient un char moins large qui négocie mieux les passages accidentés des steppes herbeuses de Sélénia comme les plateaux arides de Teth VI Prime. La modification des trains de roulement a aussi permis d’installer des garde boue au-dessus du passage de chenille . Simple de prime abord, cette modification s’est révélée cruciale dans les environnements poussiéreux, les équipages se plaignant régulièrement de la quasi impossibilité de diriger un tir en mouvement correct depuis un véhicule noyé en permanence dans un torrent de poussière. Ces gardes boue ont enfin permis le déplacement de l’échappement sur le flanc droit de la caisse ainsi que l’installation de grands coffres de rangement fort utiles pour stocker les impédimentas de l’équipage et libérer un peu l’espace intérieur (déjà trop réduit) du véhicule.
Chimère markII dans sa version équipée de lance-flammes lourds
La tourelle reste très classique avec les variations d’armement réglementaires (bolter lourds, lance flammes lourd ou multilaser) dont l’interopérabilité a été augmentée par la mise en place d’un masque standard sur lequel l’échange des armes se fait par simple boulonnage dans les ateliers des compagnies. Là aussi, le blindage a été renforcé par l’ajout d’un bouclier extérieur de dix millimètres d’acier qui permet de provoquer la détonation des roquettes avant qu’elles ne puissent menacer l’intégrité de la tourelle. L’espace créé permet, là aussi, de dégager un espace de stockage appréciable pour le matériel que l’équipage emporte dans les missions de longue durée…
Si la mécanique est tout à fait classique (les Séléniens ne produisant ni les moteurs ni la transmission des Chimères) la chaleur et la poussière qui règnent sur Sélénia les ont poussés à considérablement renforcer la ventilation des véhicules. Pour ce faire, les issues latérales, rarement utilisées en opération, ont laissé place à des unités de filtrage et de climatisation puissantes qui permettent aux hommes de mieux supporter les longues heures d’enfermement dans le compartiment de combat…