Lors de son premier déploiement sur Theth VI, le IIème Sélénia se trouva terriblement désorganisé par le détournement d’une partie de ses transports vers Céracuse. Cette situation anormale que seule pouvait justifier la confusion régnant dans l’ensemble du sous secteur, eut pour effet de priver le Colonel Major Bargonzolli de la plus grande partie de ses moyens de combat alors que ses moyens logistiques étaient, eux, pratiquement au complet. Dans ses conditions, devant l’urgence de déployer ses groupes de combat, prit la lourde responsabilité d’ordonner aux techniciens de ses parcs d’entretien d’abandonner pour un temps le dogme comme les rituels d’entretien pour tenter d’imaginer des véhicules, certes non réglementaires, mais capable de palier dans une certaine mesure les manques les plus criants.
Le premier inventaire des besoins tactiques, un mois après l’atterrissage était catastrophique : si le régiment disposait de quelques pelotons de chars Léman russ et d’un escadron de VCBI Chimère, les moyens de soutien, artillerie lourde, armes antiaérienne, armes d’assaut faisaient par contre pratiquement totalement défaut. Dans ces conditions critiques, le Colonel commença par réquisitionner sans autre forme de procès les armes lourdes des forces de protection planétaires disposées autour de l’astroport et aux abords de la capitale Viridias. Les autorités locales protestèrent contre ce qu’elles considéraient comme un abus de pouvoir, mais le colonel ne tint aucun compte de leur avis dans la mesure où l’état d’entretien lamentable de ce matériel témoignait assez du laxisme des milices locales. Cette mesure énergique plaça les techniciens du régiment à la tête d’un arsenal assez hétéroclite : canons lourds, mortiers de siège, laser ou autocanons automatique à vocation terrestre ou antiaérienne et même d’antiques canons de montagne dont la conception remontait à la première vague de colonisation et qui n’avaient repris du service que dans l’urgence de la révolte des Trimardeurs du Nevo quelques années avant le débarquement des Séléniens.
Cet attirail martial avait, en plus de sa décrépitude, le défaut majeur d’être à peu près totalement statique! Quand il n’était pas simplement boulonné dans des encuvements fixes, il dépendait pour ses déplacements de tracteurs et de de plateformes civiles fournies par le consortium du Nevo. Cette situation aurait pu être relativement supportable si le colonel avait souhaité établir des lignes de défenses fortifiées comme ses ordres le stipulaient, elle devenait intenable dans le cadre de la guerre mobile qu’entendait mener le colonel pour compenser ses faibles effectifs de ses bataillons. Force fut donc de faire preuve d’imagination : il fallait des châssis pour rendre les armes mobiles, n’importe quel châssis pourvu qu’il soit à peu près assez résistant pour supporter la charge, et cela conduisit la Garde, contre toutes ses traditions à utiliser des engins à roues au lieu de véhicules chenillés
Le IIème Sélénia sur TethVI Une étude technique 67/IX/22
Au début était la mule
Je ne sais pas pourquoi dans le vaste inventaire des véhicules de la Garde Impériale, Games Workshop a toujours négligé les engins à roues pourtant présents par exemple chez les Orks. Or s’il est est un engin que je trouve caractéristique de la logistique militaire comme civile, c’est bien le camion. Du coup j’ai longtemps eu pour projet d’en construire quelques uns pour mon IIème Sélénia. Le projet est longtemps resté dans les limbes, jusqu’à ce qu’un ami me fasse cadeau d’une vieille armée de peau vertes, qu’il avait acheté d’occasion sur un coup de tête, armée qui comptait une douzaine de truks ancien modèle et autant de buggies. Or il faut le reconnaître, ces modèles sont tellement datés qu’il devient presque impossible de les déployer dans une armée de peaux vertes. C’est de là qu’est née l’idée de m’en servir de base pour en tirer un petit camion tactique librement inspiré des 15cw de l’armée britannique de la seconde guerre mondiale et en particulier pour ceux que cela intéresse que Guy « ant ».
Un projet modéliste, c’est bien, un projet jouable, c’est mieux et un projet basé sur un arrière plan historique et technique, c’est le bonheur!
Pour régler tout de suite la question de la jouabilité, je dois reconnaître que je n’ai pas creusé vraiment la question : les véhicules portant des armes de soutien sont parfaitement jouables en temps que tel si on ne veut pas les déplacer, mais la plupart du temps, ils sont utilisés comme des éléments de décor ou des objectifs permettant de donner vie aux batailles jouées en attendant de vraies parties scénarisées.
Par contre l’arrière plan historico-technique s’est mis en place presque de lui-même : le tentaculaire consortium industriel du massif du Nevo existait sans jamais avoir été vraiment détaillé, il fournissait le cadre idéal pour l’origine de mes « Mules ». Le développement de la question a donné lieu à pas mal d’élucubrations scénaristiques, au point que j’ai commencé depuis un projet de bandes pour le jeu Nécromunda, projet qui n’avance que très lentement…
Les mules sont donc à l’origine des camions miniers réquisitionnés et reconditionnés par la Garde, il était logique du coup que le premier camion réalisé soit le modèle civil de base : une benne basculante dans la livrée des Trimardeurs qui travaillent pour le Consortium.
Ce modèle de base m’a permis de fixer toutes les caractéristiques techniques et modélistes du camion : un avant très fuyant avec le capot moteur nettement détaché, des ailes très hautes évoquant un véhicule tout-terrains, un pare choc sur dimensionné et une cabine très carrée qui reste démontable. Tout cela permet une construction en série assez rapide à partir de pièces simples et de gabarits de découpe.
Deux petits détails auxquels je tenais pour donner son caractère au modèle : le symbole impérial sur la calandre et les deux petits rouleaux d’aide au franchissement sous l’avant du châssis. C’est un peu devenu la marque fabrique des Mules.
La partie arrière s’est imposée d’elle-même : avec ses montants surdimensionnés et ses flancs inclinés, la caisse du vieux truk ork a tout de la benne de camion de carrière : géométrie, lourdeur et solidité de la construction, il suffisait de lui faire deux charnière et un vérin.
Ainsi assemblé, avec son immatriculation et ses insignes de clan, on obtient le type même du camion qui sillonne les pistes du massif du Nevo pliant sous d’énormes blocs de minerais. D’autres modèles sont prévus, naturellement : dépanneuse, citerne etc, mais hélas aucun n’est encore achevé à l’heure actuelle. En attendant, ce sont ces engins que le colonel Major Bargonzoli a fait requisitionner pour que ses techs les adaptent aux nécessités militaires.
La bête de somme du IIème Sélénia
La première conversion effectuée par la Garde correspond naturellement au besoin le plus pressant de n’importe quelle armée au monde : le transport des munitions ou du matériel, à l’arrière des lignes vers lesquelles il faut acheminer coûte que coûte tout ce dont les troupes ont besoin. On peut facilement imaginer que les premiers camions furent employés sans modification particulière les cargaisons étant simplement chargées en vrac dans la benne des mules. Très vite cependant, les ateliers débarrassèrent les châssis de tout ce qui leur paraissait inutile, et adaptèrent sur les véhicules une caisse cargo plus légère fabriquée à partir des ressources locales en métal voire parfois en bois!
Le mieux est toutefois l’ennemi du bien : un châssis découvert permet certainement une meilleure veille aérienne, mais sous les climats souvent torrides, parfois glaciaux et les tempêtes de sables qui caractérisent une bonne partie de la planète, on revint assez vite à plus de raison en conservant les cabines et en ajoutant une toile de bâche pour offrir un minimum de protection aux équipages et aux passagers.
Ainsi modifiée, les mules désormais militaires, constituèrent rapidement l’essentiel des trains du régiments, leur rusticité et leur légèreté se révélant parfois même plus efficace dans le désert que les tracteurs chenillés TRC et de toutes manières moins gourmandes en carburant. Cela permis aussi de dégager des châssis de TRC (en particulier des TRC39) pour y monter des armes lourdes. Dans les cas extrêmes, en particulier la courte campagne menée dans les marais au sud de Viridias, les Séléniens cherchèrent à améliorer encore les capacités des mules au déplacement en terrain meuble en en modifiant le train arrière, donnant ainsi naissance à un véhicule composite.
La simplicité de la conversion est ici évidente : on s’est contenté d’adapter un train chenille de bulldozer léger sans même modifier les caisses cargo qui conservent leur passages de roues d’origine. Un détail toutefois : beaucoup de semi chenillés ont reçu des portières assez rarement visibles sur les camions classiques.
Des variantes de transport plus spécialisées ont également été développées à partir de ce modèle générique, aucune hélas n’a été terminée aujourd’hui, si bien que cette première partie est, je l’espère, appelée à se développer avec le temps, mais il faut dire que les efforts ont assez vite porté sur des variantes plus agressives!
Des variantes armées
Non blindées et très légères, les mules pouvaient difficilement devenir des véhicules de combat. Pourtant le dénuement quasi total dans lequel se trouvait le régiment conduisit à les adapter à des emplois de première ligne pour lesquelles elles n’étaient à l’évidence pas faites. Cela se fit surtout dans les toutes premières années de l’engagement du régiment, mais si l’emploi de ces engins de circonstance, nés dans une situation désespérée devint plus rare par la suite, il ne cessa jamais totalement, au moins dans les secteurs les plus calmes.
Le premier emploi des châssis de mule dans les unités de combat, fut celui de véhicule de commandement destiné aux officiers supérieurs : une carrosserie à quatre portes permis de produire un VTT léger plus confortable et bien adapté aux besoins des états-majors, en particulier dans les unités de soutien, artillerie lourde motorisée, artillerie antiaérienne etc. Dans ce rôle les mules reçurent une cabine découverte et un équipement radio permettant les liaisons.
Les capacités du châssis conduisirent souvent à les employer aussi pour des missions plus spécialisées de reconnaissances lointaines à travers le désert, voire pour le transport de commandos de vétérans pour des missions de sabotage ou de subversion. Pour ce faire, elles furent équipées d’un support d’arme placé au centre du véhicule et destiné à recevoir indifféremment une mitrailleuse ou un lance missile d’infanterie.
Cette évolution conduisit naturellement au développement de variantes plus spécialisées capables de rendre mobile des armes de soutien de peloton, canon laser ou autocanon. Cette dernière arme fut très systématiquement utilisée lorsque la menace aérienne se précisant, il devint urgent de fournir aux convoi ou aux batteries un minimum de couverture contre les aéronefs volant à basse altitude. La nécessité d’obtenir un pointage tous azimut obligea à concevoir une plateforme spécialisée avec des ridelles permettant de dégager un espace pour le service des pièces.
La nécessité d’avoir un la p dégagé possible a conduit à supprimer la cabine tôlée des camions pour ouvrir le champ de tir vers l’avant. La protection de l’équipage est toutefois assurée par une bâche mobile. Deux boites destinées à stocker les munitions sont fixées à l’avant de la plateforme.
Si l’auto canon reste la pièce la plus employée sur le châssis des mules, la conversion permet d’employer tout aussi bien les autres armes en dotation dans les peloton d’infanterie, en particulier les canons laser. Cela produit un antichar léger, très mobile certes, mais aussi très vulnérable dont l’emploi a été limité à des colonnes légères de reconnaissance qui pouvaient avoir besoin d’avoir un potentiel antichar, même limité, mais n’étaient pas destinées à des engagements durables.
A l’heure actuelle, j’ai achevé quatre châssis qui peuvent recevoir un dizaine de variantes, il reste beaucoup de chose possibles naturellement et j’ai cinq autres bases qui attendent d’être terminées.
A suivre!