Paysages de TethVI : bunkers et bastions

Parmi les nombreux vestiges qui nous parlent du passé troublé de TethVI, l’un des plus spectaculaires (si l’on excepte les fameuses « portes » est constitué par un vaste ouvrage défensif à l’abandon situé en plein désert à environ huit cents kilomètres au nord de Viridias. Nul ne sait quand ni pourquoi cette ceinture imposante a été construite, ni quels combats elle a pu connaître. Le savoir concernant le passé de la planète a été perdu ou soigneusement dissimulé dans des archives inaccessibles, et il ne reste à l’érudit ou au curieux que l’observation directe et les récits plus ou moins légendaires qui courent dans la steppe.

Une chose paraît certaine toutefois, l’ouvrage est de facture impériale : les bastions et les redoutes qui en composent l’essentiel sont du modèle standard des fortifications de campagne de l’Imperium, et la disposition générale des défenses correspond tout à fait aux bréviaires de combat en usage dans la Garde.

La ligne des forts est donc une longue ligne de fortifications organisée en arc de cercle un peu au nord du « Sillon », le premier des longs escarpements qui marquent la limite des plateaux, et disposée comme pour protéger Viridias, et les régions les plus fertiles de la Pangée, d’une attaque venue du désert ou des plateaux nordiques. Son flanc ouest s’ancre sur les contreforts du Nevo où ont été édifiées plusieurs forteresses imposantes dont certaines ont été réinvesties pas le Consortium. Sa bordure est, par contre, n’a, à ma connaissance, pas été retrouvée. Des ouvrages ont peut-être été détruits ou dévorés par les sables du Grand Erg, mais on trouve encore des bastions à mille kilomètres environ au nord est de Sainte Alia sur le canal Flumen. Certains nomades qui vivent en bordure de l’erg, racontent également qu’il existe à des jours de marche à travers le sable une gigantesque forteresse abandonné qui pourrait bien être l’ancrage est de la ligne, mais nul n’a accepté de nous en dire plus et encore moins de nous y conduire. Dans la mesure où aucune des photos satellite de la région ne montre quoi que ce soit de probant, il est à craindre qu’il ne s’agisse, une fois de plus, de légendes sans fondement.

Si l’ouvrage est de toute évidence formidable par son ampleur, que l’on n’aille pas imaginer pour autant une muraille continue ni de majestueuses forteresses. Pour l’essentiel, la ligne est constituée de centaines de bastions impériaux disposés sur une profondeur de cinq à quinze kilomètres pour former des périmètres fortifiés d’importance très variable. Entre ces périmètres, des casemates isolées sont construites sur les débouchés et les accidents de terrain de manière à couvrir de leur feux les accès et les cheminements. D’innombrables ouvrages de faible importance parsèment les intervalles, depuis des lignes d’éléments Aegis, jusqu’à des redoutes d’infanterie, en passant par tout l’éventail des obstacles, fossés et redans. Il suffit de longer la ligne sur une certaine distance pour se faire une idée de l’importance du travail effectué comme de la densité des troupes nécessaires à son occupation. De tous ces hommes, il ne subsiste aucune trace… Ont-il quitté Teth pour d’autres champ de bataille? Leurs ossements ont-ils tous été érodés par le vent du désert? Ont-ils été victime d’un sort tellement abominable que personne n’a même le droit de l’évoquer? Nul ne semble avoir sur Teth le début d’un élément de réponse, et ce vide a quelque chose d’effrayant…

Ossion de Céracuse, Deux années sur TethVI, 45/VII
Edition semi-clandestine dite « de Viridias »

Dans l’image que je me fais de l’ambiance TethVI, la ligne des forts est un des éléments majeurs (avec les Portes et le Nevo). Est-ce parce j’ai toujours aimé me balader sur le Mur de l’Atlantique? Sans doute. C’est aussi parce que j’aime beaucoup l’idée d’une ligne fortifiée fantôme à demi ensevelie par le sable mais qui conserve ses secrets, ses armes automatisées devenues plus ou moins sauvages, ses squatters -humains ou pas- et ses âmes errantes.

L’esthétique définitive de la ligne est née, elle, de l’improbable croisement entre mes visites des  forts turcs abandonnés de la voie ferrée du Hedjaz et de la sortie d’assaut planétaire avec ses boites de bastions. La réalisation des décors ad hoc s’est étalée sur plusieurs années et n’est toujours pas terminée naturellement, mais le « Ligne des forts » commence à ressembler à quelque chose!

Un fort de la voie ferrée du Hedjaz, un peu au nord de Médine : un petit air de TehVI quand même!
(photo personnelle)

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La base de la ligne est donc constituée au départ de deux bastions de la Garde Impériale construit pratiquement sans modification, à l’exception de quelques détails destinés à rendre modulaires les différents niveaux et les armes, de manière à pouvoir disposer des champs de bataille les plus variés possibles, soit pour « Assaut Planétaire », soit juste comme élément utilisable dans n’importe quelle partie désormais puisque la nouvelle édition des règles leur fait une place à part entière.

Le bastion le plus typique de la « ligne des forts » est donc l’élément de défense standard à trois niveaux de la garde impériale, photographié ici dans sa variante de bunker de communication qui sert de base provisoire à une colonne légère du deuxième Sélénia à proximité de la vallée des devins.


Mais le jeu de la modularité permet aussi de jouer sur de formes plus originales : ici le bastion standard est modifié par la suppression de l’élément haut, remplacé par une dalle renforcée de terre et de sable ce qui présente l’avantage de le rendre plus discret vu du ciel. Cette toiture peut être aménagée pour recevoir une circulaire standard utilisée pour porter soit des armes automatisées classiques comme les laser Icarus, soit comme ici avec l’obusier d’une tourelle de Leman Russ sur circulaire bétonnée, appuyée par pas moins de quatre canons laser en poste fixe pour la protection antichar tous azimut. Les archives ne permettent pas de savoir si l’installation des tourelles est d’origine sur la ligne de défense, ou s’il s’agit d’une modification de campagne effectuée par le Deuxième Sélénia sur certains ouvrages qu’il occupe.


Dans les secteurs particulièrement défendus, les fortifications peuvent prendre une ampleur encore plus considérable, avec de véritables tours de défense hérissées d’armes fixes. Ces ouvrages sont souvent présents en plaine où la vulnérabilité liée au manque de discrétion de ces bastions est plus que compensée par le vaste champ d’observation qu’offre leur hauteur plus importante.

Au-delà des ces ouvrages classiques, la ligne des forts comporte un très grand nombre de bastions secondaires, beaucoup plus discrets, qui sont souvent disposés en essaims autour des fortifications plus importantes pour les protéger et en couvrir les approches. Ne dépassant généralement pas un étage, ces constructions sont aussi bien protégées que leurs aînées et peuvent procurer un abri sûr à de petites unités d’infanterie de l’ordre de l’escouade.

Parfois ces constructions sont des avants-postes détachés des fortifications principales pour fournir un appui feu de couverture, sur les entrées des périmètres par exemple, dans ce cas elles ne sont souvent accessibles que par un tunnel qui les relie directement aux ouvrages principaux, par contre leurs armes lourdes disposées pour un tir rasant sont particulièrement redoutables.

On trouve de même de très nombreux aménagement à ciel ouvert formés à partir d’éléments de ligne « Aegis » voire de couronnement de bastions. Certains de ces aménagement peuvent protéger des armes automatisées, mais le plus souvent il semble s’agir de positions de couverture occupées uniquement dans les périodes de combat.

D’autres postes sont encore plus discrets : construits à proximité des voies de passages et des pistes caravanières, souvent sous la ligne de crête d’un escarpement secondaire, ces petites casemates forment des postes d’observation idéaux pour quadriller le terrain en avant de la ligne principale. Leur faible hauteur et leur toit couvert de sable et de végétation fait qu’il se fondent très vite dans le paysage et peuvent parfois échapper aux regards les plus attentifs.

Il est clair que ce rapide tour d’horizon ne suffit pas à décrire l’ensemble des ouvrages de la ligne des forts : il existe des ouvrages de soutien, de servitude, d’appui qui peuvent se moduler plus ou moins à partir des éléments existants, ou être fabriqués ex nihilo… La ligne elle-même a connu, et continue de connaître des combats terribles si bien que la steppes est parsemée aussi de vestiges broyés qui sont les derniers témoins des hommes qui s’y sont battus et y ont laissé la vie…

Leur histoire reste à écrire.

A suivre donc…