Immolators et Rhinos du Suaire

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Une petite fleur de lys noire aux pétales fragiles, moins de dix centimètres au total, à peine une tache plus sombre sur le blindage de céramite profondément griffé par des années de combat. Soeur Souma de la contemplation passa le doigt le long d’un sillon plus profond : une blessure plus sournoise et dangereuse que le laissait penser la trace qui subsistait après le rituel de réparation effectuée par les tech du chapitre.

Un fuseur sans doute, ou une de ces armes distordant la matière que les extra-terrestres affectionnaient. Le trait de mort avait perforé ensemble le blindage et l’armure de la soeur qui se tenait derrière. Céleste Riyad de la pure dévotion avait connu le martyr sans seulement voir le démon qui la tuait.

Un peu plus tard les soeurs avaient abattu le tireur, le prométhéeum n’avait pas laissé subsister un atome de son âme corrompue, et  l’esprit de l’Immolator blessé avait trouvé assez de force pour se replier en grinçant jusqu’à la base où les tech l’avaient patiemment soigné. La Soeur Céleste Riyad n’avait pas eu cette possibilité. Les Soeurs lui avaient rendu le dernier hommage dans le soleil couchant et le sang resté sur leurs armures était plus rouge que l’horizon.

Soeur Souma achevait à présent l’inscription. Le tracé de chaque lettre était une prière adressée à l’Empereur pour qu’il reçoive et protège la combattante tombée. La fleur de lys et le nom de la Céleste en côtoyait dix sept autres sur ce seul élément de blindage, chacun était devenu pour l’éternité une  part de l’autel de dévotion et de combat qu’était l’Immolator. 

Sur les rituels de l’ordre du Suaire.
in Compendium des Orthodoxies
T XXVII/45/123

Immosuaire19Que l’on observe les véhicules de l’Ordre du Suaire de Charité ou ceux du Suaire de Brume, la constatation reste la même : Rhinos et Immolators sont tous vétérans de combats sans nombres et chacun porte une véritable légende de hauts fait, de souffrance, de victoires et de douleurs. Ils sont pour les Soeurs qui combattent à l’intérieur ou à leurs côtés des autels qui rappellent la mission sacrée de l’Ordre et sa dévotion à l’Empereur. Cela explique qu’il faille des circonstances d’une gravité exceptionnelle pour que les combattantes acceptent d’abandonner l’épave consumée d’un de ces vieux héros tombés au combat.

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Ce caractère antique ressort de l’aspect même des blindés qui arborent fièrement, coulé dans le coeur même du métal, les icônes de la sainte sous la protection de laquelle ils ont été placés lors de leur consécration. Mais le char sortant du manufactorum, aussi profonde qu’ait été la dévotion des tech, n’est encore qu’une page blanche sur laquelle chaque combat vient s’inscrire. De longs versets des litanies du Chapitre et le nom de chaque soeur de l’Ordre tombée au combat à leur côtés renforcent l’armure sanctifiée par les souffrances. Si la liste de ces dédicaces et de ces épitaphes est en elle-même un témoignage de l’éternité du combat mené contre les forces du mal, elle est aussi un défi : par tradition les inscriptions sont tracées sur l’avant des véhicules, comme pour les jeter à la face des Impies et les plonger dans la confusion.

D’autres symboles ont une signification mystique moins évidente, comme la chaîne que l’on trouve presque sur chaque véhicule et dont seul un matérialiste incurable oserait prétendre qu’elle ne  sert qu’au remorquage des engins en panne!

Immobrume19La tourelle portant l’armement principal est elle aussi différente de ce que l’on observe dans les autres ordres (même si l’armement embarqué est identique) puis que les armes sont opérées de l’intérieur même du véhicule. L’origine de ce dispositif est mal connu, mais se rapproche d’une variante du système Razorback développée pour certains chapitres Space Marines, mais apparemment non adoptée, le système SAP (support d’armement polyvalent). Sa petite taille présente l’avantage de permettre son installation sur de simples Rhinos en cas de besoin.

Rhino Suaire04Si l’héraldique générale reste la même, les Rhinos de l’ordre sont habituellement décorés d’une manière plus sobre car il n’ont pas le même niveau de consécration : ils restent des transports de troupes. Notons quand même que leur construction révèle parfois aussi une incroyable antiquité : sur l’exemplaire représenté ici, la plage avant est en alliage coulé, une technique couramment utilisée aux débuts de l’Impérium, mais largement perdue depuis. S’il n’a pas reçu une pièce récupérée on ne sait où, on doit considérer que ce transport a des dizaines de siècles de plus que l’Ordre qu’il sert aujourd’hui. Qui peut dire combien de champs de bataille il a foulé?

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