Orphans of Pandora : Frères des douleurs

Mission sur Teth VI…

Le captaine Illescu se leva lentement, hésita un moment, puis remit son pistolet laser dans son étui : de toute évidence les derniers orks avaient été tués, et l’arme ne lui serait d’aucune aide pour ce qu’il avait à faire maintenant.

Il soupira. Un regard circulaire confirmait son impression première : la nef délabrée était vide, le dallage noir semblait absorber le peu de lumière qui tombait encore des ogives percées dans la muraille millénaires. Huit heures auparavant, les peaux vertes s’étaient cachés dans les passages presque invisibles qui couraient le long des voûtes et avaient ouvert le feu depuis les balcons alors que son unité avait la certitude d’avoir enfin trouvé un abri sûr. La moitié de la compagnie avait été décimée avant même de comprendre ce qui lui arrivait, le reste avait fait le coup de feu sans grand espoir, pour sauver sa peau, sans qu’il soit réellement possible de mettre en place un schéma tactique cohérent. Illescu avait eu la certitude effrayante que sa mission serait un échec…

Les gardes commençaient à présent à émerger de leurs abris de fortune, blêmes encore des heures de tension et de peur qu’ils avaient connus. Des débris fracturés de l’autel sortit un homme à l’uniforme déchiré : le lieutenant Scola paraissait blessé, mais il n’en venait pas moins au rapport, le bras sommairement pansé mais son arme habilement calée par une lanière de fortune.

– Alors? demanda simplement Illescu.

– 57 jusqu’ici, mon capitaine, des troisièmes, huitèmes et dixièmes section… Je n’ai pas encore le contact avec la section d’appui.

Illescu haussa les épaules, c’était encore pire que ce qu’il avait redouté.

– Rassemblez les hommes valides et désignez des sentinelles, je veux que l’on récupère armes et munitions utilisables au plus vite, nous prendrons position ici!

– Mais…

Le lieutenant désignait l’entrée de la nef. Le capitaine sentit sa lassitude se faire plus écrasante.

– Oui, je sais, mais cela je m’en occupe!

– Je vous désigne une escorte!

Illescu haussa les épaules avec un fatalisme qui se teintait d’ironie.

– Non lieutenant, c’est inutile.

Il vit son subordonné se raidir, on pouvait presque voir la liste des Ordres Permanents et les articles du Code Tactique défiler dans son regard troublé. Le Sélénien était un bon élément, un officier promis à une carrière brillante, mais il manquait d’expérience dans les situations inhabituelles. Le capitaine jugea bon de préciser son ordre en lui donnant un aspect plus personnel, pour en atténuer l’effet.

– Faites ce que je vous dis, Scola, vous ne pensez pas que cinquante voltigieurs de la garde pourraient faire quoi que ce soit contre eux en cas de problème?

– Non, mon capitaine… Mais…

– Alors occupez-vous des nôtres, prenez les dispositions tactiques possibles pour défendre la nef, moi je me charge des questions… Diplomatiques…

Machinalement il rajusta son uniforme déchiré et redressa sa casquette, puis il avança d’un pas qu’il espérait décidé. Les dalles noires renvoyaient vers les ombres des voûtes l’écho de ses bottes, il s’avança en essayant de faire le compte des morts qui gisaient, comme tombé par hasard, quand les rafales s’étaient mise à crépiter. Nombre de ses hommes étaient là, la section Dangelo, le peloton Benini, ceux qui avaient été les plus exposés à l’embuscade étaient tombés presque en bloc. Mais les corps des orks étaient innombrables, presque tous déchiquetés par les bolts alors qu’ils s’élançaient pour la charge décisive. Pour le professionnel des tueries qu’il était devenu, la précision et l’efficacité du feu était impressionnante.

Illescu ne s’attendait pas à passer inaperçu, à peine avait-il parcouru la moitié du chemin que deux guerriers apparurent à l’entrée de la crypte. Les armures écarlates paraissaient posséder leur propre luminosité interne, et leurs senseurs visuels brillaient d’une lueur changeante, mais cela mis à part, ils auraient aussi bien pu être des statues érigées là depuis des siècles.

Comme la plupart des hommes ordinaires, le capitaine n’était jamais à l’aise en présence de Marines de l’Impérium, ils étaient trop grands et trop vigilants pour être tout à fait humains, leur présence vous écrasait même quand leurs armes ne vous menaçaient pas, un officier supérieur de la garde ne possédaient guère d’autorité devant le plus ordinaire des marines tactiques. Quand l’un d’eux s’adressa enfin à lui, le capitaine eut l’impression que la voix métallique venait d’outre tombe.

– Descendez!

La crypte était enfouie dans les profondeurs de l’édifice et l’escalier parut interminable à l’officier qui sentait les marches trembler sous le pas du marine qui l’escortait. Enfin il arriva dans à la salle cachée, une chapelle ancienne dédié à un culte impérial qu’il ne connaissait pas, mais dont il pouvait au moins reconnaître les symboles sacrés. Cela le rassura un peu : l’allure étrange de ses alliés de circonstance l’avait profondément troublé : le rouge sanglant, les longues capes de fourrure sombre et les crânes qui pendaient comme des trophées aux armures lui avaient fait redouter un guet apens plus terrifiant qu’on ne pouvait le concevoir. Mais le lieu sacré n’avait visiblement été ni profané ni souillé, c’était presque une libération…

Il y avait douze marines dans la crytpe, le capitaine était assez vieux soldat pour distinguer immédiatement leur officier. Il s’approcha et quand le géant en armure leva la main il s’immobilisa pour effectuer le salut le plus martial qu’il pouvait produire.

– Capitaine Illescu, 3ème compagnie, 2ème bataillon du 11ème Sélénia. Merci pour votre concours, je suis à vos ordres pour la suite des combats.

Le space marine l’observa un long moment, comme s’il l’examinait avec des sens inconnus. Comme toujours on avait l’impression d’être nu devant ces créatures.

– Capitaine, avez-vous pris contact avec votre régiment?

La voix était métallique, le ton paraissait accusateur.

– Non…

Le capitaine chercha instinctivement un quelconque signe de grade sur l’armure, en vain…

-Non Seigneur, finit-il par articuler faute de mieux, les appareils ont été détruits au début du combat et je n’ai pas pu rendre compte encore.

Il se rendait compte qu’il aurait du envoyer une section en estafette avant même de réorganiser ses hommes, la présence des orks devait être connue immédiatement. Le grand space marine sembla amusé, pour autant qu’une expression de ce genre puisse passer sur un casque de céramite.

– Nous avons sécurisé la zone, capitaine, et assuré la protection de vos hommes, je crois que vous pouvez vous détendre cette nuit, dormir un peu…

Une poignée de Marines avait en quelques minutes éliminé la bande de peaux vertes qui menaçait d’anéantir sa compagnie, il les avait vu tomber sous les tirs d’une précision mortelle et supposait qu’aucun d’entre eux n’avait pu fuir, il était probable que les Marines avaient également pris position à l’extérieur de l’édifice. Mais le rappel de son propre échec lui était douloureux…

– Bien seigneur…

– Tous vos hommes doivent rester à l’intérieur de la nef, si par malheur l’un d’entre eux devait sortir, nous serions d’en l’obligation de le détruire…

L’angoisse revint glacer Illescu, ses soupçons restaient là, insistants, il redoutait que son interlocuteur les perçoive.

– Bien seigneur, mais le rapport…

– Nous nous occuperons du rapport… D’ailleurs demain il vous faudra évacuer le secteur. Il ne devra rester aucun d’entre vous ici après 6.00, valides ou blessés, même conditions!

– Bien seigneur…

Illescu avait reçu pour mission de sécuriser l’édifice lorsque son régiment avait investi ce monde mort où demeuraient encore des vestiges muets qui effrayaient ses hommes. L’inquisiteur Cypselos avait été formel, l’enquête avait priorité absolue, le 2ème bataillon dût-il y être englouti tout entier, la mission ne souffrait aucune interférence : il n’avait aucun droit de l’évacuer sans un ordre du colonel Fini… D’un autre côté son interlocuteur était un Space Marine…

– Vous n’avez pas confiance en moi, capitaine?

A nouveau l’impression d’une expression amusée, comme souvent Illescu avait conscience de n’être que le jouet de force qui le dépassaient totalement. Curieusement, une pensée désabusée lui vint : les jouets ne pensent pas, ils ne peuvent que tirer le plus possible du jeu dans lequel on les dispose… Au milieu de la terreur et de la souffrance qui est le quotidien du soldat de la garde, Illescu avait toujours eu la sensation que l’univers était la farce cruelle d’un enfant fou. Ce genre de pensée, même enfoui au plus profond de son esprit, avait probablement nuit à son avancement… Machinalement il retira sa casquette pour en examiner l’insigne qui symbolisait son grade et il osa un demi sourire :

– Cela fait-il la moindre différence, Seigneur?

Il y eut un silence, le marine en armure paraissait le reconsidérer et Illescu sentait son fatalisme grandir.

– Bonne réponse capitaine! Je vais faire prévenir vos hommes, en attendant, je vous l’ai dit, détendez-vous.

L’officier dut activer le désarmement de son armure, un essaim de lumières clignotante couvrit un instant les contrôles puis il souleva son casque dans un chuintement de dépressurisation. Le capitaine eut la vision d’une chevelure blanche sans âge et d’un regard bleu d’acier.

– Nous avons beaucoup d’informations à échanger…

La voix humaine semblait étonnement fragile par rapport à la réplique artificielle de l’organe vocal de l’armure. Le capitaine put cette fois lire sans hésitation l’amusement dans les yeux qui le regardaient, il eut conscience de sa propre expression, figée de stupéfaction…

D’après l’Anonyme de Vassel
Thv 15/vol XII/4-65

Le Chapitre Pandora a une histoire contradictoire dans l’univers des figurines familiales! A l’origine il s’agissait d’une force d’appoint destinée à soutenir mes Soeurs de Batailles ou mon Inquisitirice dans l’esprit du codex actuel des Chasseurs de Sorcières. Pour cela j’avais en tête deux ou trois escouades tactiques, deux de scouts, une de vétérans et une de Terminators, avec un ou deux véhicules sur une base de Rhino. Les figurines avaient été conçues à partir d’un mélange d’anciennes références et de pièces des guerriers du chaos de Warhammer Battle dont j’aimais beaucoup les casques et les capes de fourrure.

Les premières figurines ont vu le jour assez vite et ont ouvert des pistes insoupçonnées à l’origine que j’ai évidemment exploitées dans des récits et des fragments de textes variés.

Malheureusement pour les figurines, la partie littéraire a bientôt pris une importance sans commune mesure avec la partie modéliste. Les Orfans of Pandora sont en fait aujourd’hui au coeur de toute la complexe question de la planète Teth VI et des guerres qui la déchirent : ils sont très proches des Soeurs du Suaire de Charité dont la mission sur Teth semble correspondre d’assez près aux premières mentions de ce chapitre. Les Sons of Vulcain paraissent désormais persuadés que les mystérieux fantômes qu’ils poursuivent de leur colère sont bien les Orfans of Pandora. Plus largement l’implication contradictoire de différentes factions de l’Inquisition, témoigne assez de la gravité de la question.

Tout cela fait que pour moi le Chapitre ne peut pas raisonnablement disparaître, mais qu’il est, en pratique, en sommeil tant du point de vue des figurines que de celui du schéma héraldique de ses unités. Restent donc ces prototypes auxquels je suis toujours attaché et qui peuvent être intéressants au point de vue modéliste, même si leur finition a un peu vieillie.

Fréries de combat

Les unités tactiques de base des Orfans of Pandora sont communément appelées « fréries » ou plus rarement « fratries », terme qui semble une transcription pour les archives impériales du vocable d’origine. Cette appellation évoque un lien de parenté profond, presque un lien du sang, et revêt un ensemble de significations très vastes et très profondes pour les Pandoras, même si l’essentiel échappe au profane.

Ces marines tactiques du chapitre Pandora ont plusieurs aspects inhabituels qui les identifient, mais ils n’en arborent pas moins par des insignes typiquement impériaux, comme l’aige ou la tête de mort. Leurs armures écarlates ne sont toutefois pas classiques, avec en particulier des casques tout à fait spécifiques qui semblent soit correspondre à des variantes très archaïques des armures de l’Adeptus Astartes, soit provenir d’une autre fabrication. Dans bien des cas également, leurs protections de bras ou leurs gantelets semblent faits d’une sorte de cuir dont on ne sait dans quel mesure il s’agit d’une décoration ou de l’adaptation artisanale de vieilles armures énergétiques traditionnelles.

En dehors des compagnies portées ou parfois des scouts, les marines Pandora portent pour la plupart de longues capes de cuir et de fourrure qui sont presque un uniforme. Nul ne sait, là aussi, si cet équipement possède une valeur militaire précise ou s’il est uniquement symbolique, car on ne voit pas très bien en quoi un vêtement primitif pourrait être utile à un guerrier en armure énergétique. Faute d’en savoir plus sur le monde ou l’origine des Pandora, il est impossible d’apporter, aujourd’hui, une réponse précise à cette question.

Les packs dorsaux sont par contre tout à fait classiques pour des space marines, même si la aussi les versions anciennes de cet équipement sont fréquemment observées…

L’armement est très standard pour ce qui concerne les bolters, les armes de soutien ou d’assaut des escouades tactiques. Cependant, si on rencontre fréquemment des lance-missiles, des bolters lourds ou des lance-flammes. Les canons laser ou les fuseurs paraissent être peu nombreux et les rapports semblent indiquer un emploi relativement récent qui peut suggérer le recours à des armes de récupération, soit, ce qui serait plus grave, l’existence de trafics avec des contrebandiers de l’empire.
La technologie plasma semble par contre presque inconnue, à moins que l’arsenal déployé jusque-ici ne soit lié à un choix tactique particulier…

Les marines Pandora ont en effet un goût marqué pour le combat rapproché, les armes d’assaut et en particulier les lances-flammes. Cela correspond à leurs modes d’engagement en unités relativement réduites communément appelées « fratries » qui forment le groupe tactique de base dans l’organisation du chapitre.
Curieusement beaucoup d’entre eux portent, comme dans les chapitres orthodoxes, des marques de piété et des sceaux de pureté qui ne semblent pas être dénaturés. Certains observateurs on observé que l’usage ancien de la cire jaune pourrait être là aussi le reflet d’un archaïsme.

Les Génitors

Plus mystérieux encore, les Génitors (ou mentors selon les rapports) font évidemment partie d’un cercle intérieur dans l’organisation du chapitre. Si on les trouve d’ordinaire à la tête des fréries, il peut arriver qu’ils se regroupent dans de petites unités d’élites employées pour des missions particulières où leur expérience et leurs qualités martiales sont jugées nécessaires. Ils sont reconnaissable à leur armure énergétique très différente de celles des frères tactiques. L’origine de cette dernière est difficile à retracer, tant elle s’éloigne des standards de l’Adeptus  Astartes. Certains analystes pensent qu’elle est une sorte de patchwork constitué à partir de vestiges et de pièces détachées qui peuvent tout aussi bien témoigner d’une difficulté matérielle (produire des armures n’est pas évident pour un chapitre privé de bases et de ressources), que d’une exigence rituelle qui en ferait par exemple l’assemblage de reliques de différentes armures plus anciennes. Dans tous les cas, aucune de ces armures n’ayant pu être récupérée jusqu’à présent, toute réponse précise reste impossible là aussi.

Les Auxilliari

Les Auxilliari sont sans doute les troupes les plus fréquemment évoquées dans les rapports qui mentionnent le chapitre. Ces unités nombreuses sont très proches des scouts décrits dans le Codex Astartes, tant pour ce qui concerne l’armement que pour ce qui est de l’armure employée. seuls à vrai dire les casques différent largement des modèles classiques, plus proches là encore de formes archaïques, plus lourdes.

Si les Auxilliari constituent des troupes légères, il ne semblent pas que les frères qui les composent soient sensiblement plus jeunes que les autres combattants du chapitre. Cette observation, souvent recoupée, a donné naissance à de curieuses légendes, dont la plus tenace est celle qui voudrait que les Pandoras affectent à ces unité leurs vétérans les plus endurcis. On peut être tenté de douter de cette allégation qui semble plus marquée de symbolique que de vraisemblance!

les Ultima Genesis

Les connaissances concernant les enfants de Pandora sont fragmentaires et souvent contradictoires. Les exégètes se plaisent à souligner sans cesse les incohérences qui paraissent frapper les sources à notre disposition quand il s’agit de chercher à aller au-delà des rapport de combat ou des évaluations techniques.
On se demande parfois si les marines du chapitre Pandora ne sont pas des créatures égarées dans un espace où le temps se déroulerait différemment du nôtre. Une idée en faveur de cette thèse en apparence incohérente peut être recherchée dans le fait que l’élite du chapitre, les redoutables guerriers animant les armures terminators sont appelés « ultima genesis » dans les annales du chapitre. Ce qui, dans une traduction non-conventionnelle mais pourtant adaptée signifierait : les derniers nés.
On a du mal à croire qu’un chapitre ferait des ses vétérans des scouts et confierait ses précieuses armures à des débutants…
Il faut voir là une incohérence supplémentaire, ou admettre qu’une part essentielle de la nature essentielle du chapitre Pandora nous échappe encore…

Les Pandora ne portent pas d’emblème de chapitre et les Terminators sont les seuls à arborer une couronne votive imitant des feuillages. Nul ne sait à quoi correspond ce signe particulier et on serait tenté d’y voir un signe d’honneur si l’on faisait abstraction de la légende tenace qui veut que les armures soient confiées aux plus jeunes du chapitre!

La cape typique des Pandoras est présente sur les armures Terminator, même si des raisons techniques évidentes la réduisent à une sorte de demi parure pour dégager les évents de la machine. Cet aspect particulier confirme à ceux qui en douteraient encore, l’aspect symbolique de cette attribut.
Comme pour toutes les troupes de vétérans, les sceaux de pureté sont particulièrement nombreux sur ces armures tellement anciennes qu’elles ont souvent été animées par des centaines d’hôtes successifs et sont en elle-mêmes une part essentielle de la mémoire du chapitre.

Et ensuite?

Après de longues années maintenant, les Pandoras en sont là…  Un projet de Rhino a été détourné par les soeurs du Suaire, un Dreadnought est dans les limbes, il reste toutefois des pistes que je vais bien me décider à explorer un jour. D’autres prototypes sont à des états plus ou moins avancés de construction comme les Dévastators ou les Marines d’Assaut. Tout est en fait conditionné au temps disponible et à l’élaboration d’un schéma un peu différent fondé sur une couleur plus rouille et un contraste avec un beige rappelant les Soeurs…