Novice

Le sable brûlant entaillait ma chair et le souffle du désert me poussait à fermer les yeux à m’en fendre les paupières, il me fallait pourtant continuer à avancer.

Avancer pour survivre, avancer pour réussir, avancer pour ne pas faire honte à mes parents, mes ancêtres.

– Etait-ce là ton seul but ?

– Survivre pour réussir, oui, la seule chose qui me faisait avancer.

– Quels étaient tes sentiments vis-à-vis de ceux qui t’avaient envoyé dans ce désert?

– Les anciens? Ils s’étaient réunis deux jours avant pour me désigner. J’étais un des seuls enfants de moins de onze ans du clan du serpent, ils m’ont désigné pour représenter notre clan …

– Notre clan??

– Mes excuses, mais il m’arrive d’y penser comme si j’en faisais encore parti.

– Ce n’est pas grave, continue.

– Le Clan du Serpent était en compétition avec les autres clans du Désert Infini, au moment de ma désignation j’ai du ressentir une grande fierté, puis de la peur, la peur d’échouer, de ne plus revoir les miens, de mourir.

– Tu as réussi, tu n’as pas revu les tiens pour autant.

– C’est le paradoxe de cette épreuve, on ne peut pas en revenir.

– Parle moi de l’épreuve.

– J’ai traversé la grande plaine malgré la tempête de sable, je suis arrivé au refuge de pierre au centre de la plaine. Je n’étais pas le premier, d’autres étaient déjà là, tous dans un état lamentable, les vêtements déchirés, les chairs à vif partout où le sable avait pu frapper.

Nous étions content d’être en vie et d’avoir atteint cet abri avant la nuit comme on nous l’avait dit. Nous ne savions pas ce qui se serait passé autrement, nous l’avons appris peu de temps après.

Lorsque le soleil quitta l’horizon, la tempête se calma en quelques minutes, faisant place à un silence inquiétant, c’est alors que nous avons su pourquoi la nuit devenait mortelle pour tous ceux qui seraient encore sur la plaine.

Au début ce ne fut qu’un bruit, le bruit du sable qui s’écoule, des grains qui se frottent les uns contre les autre, déplacés par millier, l’obscurité, nous empêchait de voir ce qui provoquait un tel mouvement.

Le bruit a commencé à changer, ce furent comme si des dizaines, des centaines de pattes de petits animaux foulaient le sable, c’est alors que nous les avons repérés, des dizaines, des centaines de scorpions à la carapace d’un noir huileux sur lesquelles la lune, maintenant levée, faisait miroiter ses rayons.

Une terreur muette nous pris, il nous fallait rester le plus discrets afin de ne pas attirer les scorpions vers notre refuge. Cela dura presque trois heures, trois longues heures pendant lesquelles les scorpions semblaient chercher quelque chose, passant parfois à quelques centimètres de notre refuge, sans jamais s’y aventurer. Nous semblions en sécurité jusqu’à ce que nous entendîmes un hurlement au loin dans la nuit, un des derniers candidat à l’épreuve encore sur la plaine venait de se faire repérer par les scorpions qui se ruaient en masse vers sa position. Nous ne savions pas alors ce qui lui arriva, pas encore car cela ne tarda pas. Voyant les scorpions s’éloigner de notre refuge, quelques uns tentèrent de fuir dans la direction opposée aux cris pour retraverser la plaine.

Mal leur en prit, ils furent aussitôt pris en chasse et rattrapés par les scorpions.

Piqués par des dizaines de dards, ils ne tardèrent pas à s’écrouler au sol pour être recouverts par une marée de carapaces noires. Les dards plongèrent alors profondément dans les chairs pour y implanter leurs oeufs.

Les cris redoublèrent et l’horreur de la scène nous saisis, nos camarades n’étaient pas morts, juste immobilisés, incapable de s’enfuir mais parfaitement conscients de leur sort.

D’autres voulurent partir malgré nos avertissements et nos tentatives pour les retenir, ils subirent le même sort. Les scorpions étaient devenus comme fous, ils se déplaçaient en tous sens cherchant de nouvelles matrices pour leurs œufs, les plus téméraires entreprirent alors de s’aventurer sur notre refuge rocheux, ils y étaient moins mobiles, plus hésitants, nous vîmes alors notre chance, nous saisissant des rares rochers et cailloux, nous nous battîmes pour survivre.

Le combat dura tout le reste de la nuit.

Au petit matin, les scorpions se retirèrent sous le sable, trois autres de mes camarades avaient péris.

– As-tu subi la piqûre des scorpions?

– Oui au moins sept fois.

– Et tu as survécu!

– Je me suis effondré de fatigue mais j’ai survécu oui. En me réveillant j’étais dans la barge en direction de la Citadelle.

– Ces souvenirs te sont-ils pénibles?

– Ils remontent à plus de 5 ans, je ne saurais dire. Parfois je sens encore les piqûres de leurs dards, leurs pattes courant sur mes jambes et je me réveille en sueur.

– Merci. Tu peux rejoindre le maître d’arme et reprendre ton entraînement, nous nous reverrons bientôt.”

Le novice sortit pendant que son interrogateur griffonnait quelques notes au stylet.

“Novice Valentius :

Intensifier les traitements hypno. et endo. – reste de souvenirs partiels à effacer – nodule cataleptique opérationnel – poursuivre les implantations – bon élément.

Chapelain Cronium pour la plus grande Gloire des Black Scorpions et de l’Empereur éternel.”

Commentaires des votants

  • On s’imagine bien la scène. Très bonne fin
  • Ça se dit, un “rayon de lune”? Je n’en sais rien. Quelqu’un sait? A part ça, j’ai aimé le texte… un univers bien particulier. Mais les jugements autres que techniques, je les laisse à mes camarades!
  • Une ou deux répétition.
  • Je ne sais pas pourquoi j’ai un petit goût de ‘Peux mieux faire’ mais ça reste néanmoins un très bon texte dont je regrette juste le manque d’espace…
  • Du grand Atorgael ! ce type me surprends à chaque fois !

Mon commentaire

Changement d’ambiance avec les Space Marine. Pas forcément aussi bien réussi que souhaité, mais bien apprécié tout de même.


Texte écrit pour le challenge d’écriture n°8

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