Challenge Flash n°6 – Khellendros
Tous les jours, on voudrait qu’ça r’commence
— Nous en avons attrapé un ! Nous en avons attrapé un !
Armés de barres de fers, de couteaux, de fourchettes, les enfants poussaient et bousculaient leur prisonnier en direction du trône de leur roi en hurlant à pleins poumons. Le monarque se redressa sur son siège et avala en vitesse la dernière bouchée de son gâteau au chocolat. Il ajusta alors sa couronne de papier mâché sur la tête, le manteau d’aviateur subtilisé à un surveillant sur ses épaules, et brandit le manche de balai qui lui servait de sceptre. Quand le prisonnier tomba à genoux devant lui, il était grand et fier, sûr de lui, sûr des mots qu’il fallait prononcer.
— Bravo à vous, mes valeureux sujets, déclama-t-il en descendant de son estrade.
Une vague de hurlements de joie et de triomphe ponctua la déclaration. De la pointe de son bâton, le roi piqua le prisonnier dans le, écroulé face contre terre et immobile. Il était plus petit que ceux déjà attrapés par son peuple. Il ne portait en tout et pour tout qu’un short en jean élimé, bien que les coups de soleil d’intensité différente sur ses épaules et son dos indiquaient qu’il avait eu un T-shirt jusqu’à peu. Les privations et la maladie avaient clairement affaibli son corps. On lui voyait les côtes et les os saillaient sous la peau. Des plaques rouges marbraient son épiderme quand il n’était pas marqué par les blessures que la vie et la fuite dans le désert entourant le royaume lui avaient infligées. Les cheveux étaient encroûtés par la crasse et étaient encombrés de fragments de feuille et de brindilles.
D’un geste, le monarque ordonna à deux enfants de retourner le prisonnier et un pli soucieux barra alors son front. Il s’agissait d’une femme. Le visage était délicat et bien que les lèvres aient été fendues par les coups des soldats, elles étaient fines. Les sourcils, surplombant des yeux bleus océan, étaient tout aussi ciselé Il s’agissait d’une femme, mais celle-ci avait la poitrine plate.
— Comment êtes-vous sûrs qu’il s’en agit bien d’une ? demanda le roi à sa cour.
Aussitôt, deux autres sujets s’avancèrent et entreprirent de retirer le short de la jeune fille et d’exposer la prisonnière nue.
— Regardez, votre altesse, cela a commencé. Elle est vieille, dit l’un des deux garçons.
— C’est indubitable, commenta le roi. Dans ce cas, le jugement est rapide. Qu’elle soit décapitée sur le champ et jetée aux chiens !
Un nouvel hurlement jaillit de la foule, bestial, le cri d’une centaine d’enfants qui brandissaient leurs armes vers le ciel et lui hurlaient sa rage. La prisonnière fut traînée sur le sol de béton du terrain de basket, puis portée par les petits bras à la force démultipliée par la perspective du sang qui allait être versé. L’adolescente, dans un dernier éclat de conscience, se mit à sangloter. Si elle avait écouté les autres adolescents et adultes responsables de la colonie de vacances, réfugiés dans les falaises, jamais elle ne serait venue à la rencontre des enfants. Elle n’avait même pas eu le temps de leur adresser la parole avant de se faire lapider et assommer.
Et dire que tout cela n’avait commencé que par un match de football. Qui avait donc proposé que les grands jouent contre les petits ?
Note finale : 2/5
Ils ont commenté :
Un texte sympathique, on aimerait bien en savoir plus. La chute ‘colonie de vacances’ est très bien trouvée. Celle du match de foot cependant me semble plus difficile à avaler.
Synthétique et original. A la différence du texte 3, on arrive très vite à la chute, et je préfère plutot que d’ajouter une longueur artificielle. Le ton du texte est cependant trop neutre: vu le theme, j’aurai bien vu quelques touches d’humour avant la chute.
Il manque des mots dans une phrase.
Je n’ai pas accroché avec ce récit.
Jeunesse et vieillesse sont en effets très relatifs, quand on a 9 ans les ados de 16 ans sont presque des vieux.
Au delà du fait qu’il manque des mots (aspirés par le clavier sans doutes), les locutions sont étranges pour des enfants. je vois mal des gamins faire ‘Nous en avons attrapé un’ mais plus ‘On en a chopé un’…
La fin est peu compréhensible, il manque des éléments pour capter le lecteur et comprendre le schéma global.
Bref, bien que l’on sente une envie de bien faire, le style est à retravailler.