Challenge Flash n°5 – Anabelle
Extinction secrète
Lentement, elle ouvrit le grand livre en même temps qu’elle referma les yeux. Elle osait à peine affronter ce qu’il pouvait contenir. Et si c’était vrai ? Si tout ce qu’on disait… oh mon dieu non, pourvu que ce soit faux !
Lentement, furtivement, elle caressa la première page comme pour s’imprégner de son contenu. Aucun relief et pourtant, elle sentait sous ses doigts toute la force des mots couchés sur ce papier. Chacun d’eux bouillonnait, regorgeant d’une vie dont il n’y a pus trace, si ce n’est dans ce livre…
Depuis longtemps déjà, les gens n’en parlaient plus. C’était presque un tabou, une honte, un déni. Il ne pouvait être dit que tout ça n’était plus. Parce que si cela se disait, il aurait bien fallu reconnaître un coupable. On aurait du montrer d’un doigt accusateur tous ceux qui, fous et folles, avaient tués la vie.
Dans les salons tissés de feutres épais où quelques pas légers glissaient, presque volaient, on riait et dansait sur des valses rythmées. On s’invitait ganté à des bals élégants où la galanterie était légion d’honneur. Les hommes en queue de pie, faisaient du baise main à des femmes secrètes, vierges aux robes soyeuses. Des calèches ornées de cochets costumés, attendaient dans les cours de demeures impériales. Les chevaux impatients, broutaient dans les fossés, éloignés des fontaines et jardins intérieurs.
On parlait du palais, de l’armée et des terres. On parlait de ces gens dont ne savait rien mais dont chacun connaissait un détail, une histoire, un bout de vie en vrac. Ce soir était le soir où le Seigneur le plus fortuné du royaume donnait un bal en l’honneur de son grand retour au pays. Et chacun avait conscience, sans que cela soit dit clairement, que cette soirée serait l’occasion pour l’hôte de choisir une épouse. Ainsi, toutes les jeunes filles des alentours s’étaient fait coudre des robes de dentelles, de broderie anglaise et de soie le plus belles. Le blanc était de mise pour ce soir de gala. Les femmes rayonnaient du désir qui brûlait leur chair et consumait les âmes jusque dans les nuits blanches.
Au bal ce soir-là, Marie fût la plus belle. L’éclat de son sourire ravagea bien des cœurs et conquit sur le champ, le cœur du bon seigneur. Il l’invita deux fois, puis il remplit pour elle, tout son carnet de bal. Les regards sur ce couple étaient fort mitigés. Beaucoup étaient envieux, d’autres étaient bienveillants, aucun n’étaient suspects. Et pourtant, oui pourtant, Andréane voulait tout. Elle voulait tout savoir de ce que l’on taisait, de ce sujet tabou, de cette vie tuée. Elle savait qu’en ce lieu, à l’autre bout de cette immense demeure, dans une vieille bibliothèque dans laquelle personne ne s’aventurait plus – et pour cause, ceci était formellement interdit-, se trouvait bien gardé, la clef de ce secret. Elle dévoila ses charmes, fit jouer ses atouts jusqu’à ce que l’amant, fou et ivre d’amour, lui concède un baiser, la couvre de promesses sur le grand balcon nu, recouvert par la lune. Eclairé quel que peu, on découvrait un sein, une main qui tremblait sous l’œil courroucé d’une morale intacte.
L’amant se retira, tiré par le devoir de saluer chacun des convives du soir. Elle promit de l’attendre chez son père dès demain, à l’heure du thé bien sûr.
Il tourna les talons, elle fit croire aux adieux, puis elle fila en douce au bout de la demeure. Celle-ci était grande, un peu à cette heure. Andréane avait peur, sursautant par moment, mais il fallait qu’elle sache. A tout prix elle voulait connaître ce secret dont elle ne savait rien, si ce n’est ces histoires les plus folles sans doute.
Au-delà du couloir long, sinueux et rouge qu’elle traversa enfin, une porte de bois, simple et pourtant épaisse, s’offrit à son regard.
C’était là, juste derrière la porte… Oserait-elle entrer ? Et si quelqu’un venait ? S’il la surprenait là ? Que dirait-elle au juste ? Elle n’avait prévu aucun texte de secours, une issue par le mensonge. Seule la vérité l’attirait.
Elle poussa cette porte qui ne grinçait pas. Un lourd silence s’abattit sur elle, comme une chape de plomb qui renferme un trésor. Combien de mots ici étaient cadenassés ? Combien de vies données pour faire taire le secret ?
Des colonnes immenses de livres et de reliques tapissaient tout un mur, mais seul l’un d’entre eux pouvait être le bon. Il n’était pas caché. Il était là, posé sur une table en bois. Il était de cuir rouge, ficelé par un lien de raffia beige er or. Quelques lettres gravées titraient ce lourd tribu « Pourtant, chaque vie est précieuse ».
Aucun doute, le secret se révèlerait dans ces pages. Andréane comprendrait ce qui s’était passé il y avait mille ans de cela, alors qu’un autre, un premier soleil brillait sur cette terre, alors la planète avait deux hémisphères, quatre ou cinq continents et six milliards d’humains. Elle saurait maintenant ce qui avait détruit tout embryon de vie, jusqu’à devoir changer l’astre du jour lui-même.
La vieille dame avait dit que cette histoire là était peut-être vraie. Qu’il y avait eu peut être, une vie bien avant. Des gens un peu comme eux qui avaient disparu par une négligence digne des plus grands fous. La vieille avait parlé d’une époque reculée et d’une histoire semblable à ce que l’on vivait ici même. Elle comprendrait sans doute pourquoi sur les cahiers d’école, on devait tracer à la plume une date telle que « L’an mille deux cent treize après re création ».
Lentement, elle ouvrit le grand livre… Il était vierge !
Note finale : 2/5
Ils ont commenté :
De belles descriptions pour planter le décor, mais peu de choses sur le livre et encore moins sur le « avant ».
Le final aurait pu être bien, mais comme rien ne vient titiller l’attente du contenu, le savoir vide ne sert pas l’histoire.
Belle écriture tout de même.
Beaucoup de choses à revoir dans ce texte qui malheureusement embrouille plus le lecteur qu’il ne ne le fait « voyager ». Le fil du récit est décousu, pas toujours clair, il y a des incohérences (le simple fait qu’Andréane (Marie ?) puisse rentrer si facilement dans une pièce bien gardée par exemple) et l’on a finalement du mal à suivre. Il y a pourtant de bonnes idées et l’écriture si elle est parsemée de petites fautes et répétitions n’est pas désagréable.
Comment s’appelle le personnage principal : Marie ou Andréane ?
Peut-être le texte le plus frustrant car on découvre le basculement post-apo trop tard (à mon goût) et qu’on veut en savoir plus.
Des erreurs de ponctuation, notamment sur l’utilisation de la virgule (il remplit pour elle, tout son carnet de bal ; les hommes en queue de pie, faisaient le baise main…). Relis ton texte à voix haute, tu verras tout de suite ce qui cloche.
Pas mal de coquilles qui subsistent (il n’y a pus trace ; le plus belle…) et des tournures à revoir (presque volaient ; un peu à cette heure ; concordance des temps sur « si ce n’est dans le livre »).
Il y a aussi cette incroyable révélation de l’avant dernier paragraphe. C’est tellement énorme qu’on n’y croit pas. Pourquoi ne pas en parler dès le début du texte, car il semble que ce ne soit un secret pour aucun des personnages. Du coup, le lecteur doit lui aussi être mis au courant. En plus, ça donnerait un certain cachet à ton univers, et justifierait ces fêtes un peu futiles que tu décris.