Quattrocento
Et si la Renaissance était née d’un livre ? Un livre perdu, connu par fragments, recopié par quelques moines et retrouvé par un humaniste fou de manuscrits anciens ?
L’idée, audacieuse, vertigineuse, ouvre les portes de l’histoire de Poggio Bracciolini, dit le Pogge, qui découvrit une copie du « De renon nanéra » de Lucrèce dans un monastère allemand. C’était a l’aube du XVe siècle. Le Pogge n’était pas seulement un bibliophile passionné et un copiste hors pair. II aimait les arts et il avait écrit des facéties grivoises. Il aimait les femmes et était père de dix – neuf enfants. Il n’aimait pas l’Eglise mais il était secrétaire d’un pape diaboliquement intelligent et corrompu.
Ainsi s’ouvre à nous un monde inouï. celui d’une cour papale où s’agitaient agents cupides, moines séducteurs, filous. femmes de petite vertu et humanistes d’exception: un monde a la fois sévère et déprave, contraignant mais libre. En découvrant, copiant et diffusant l’œuvre de Lucrèce, le Pogge aura levé le voile sur les temps modernes, et influence des esprits aussi puissants que Montaigne ou Machiavel. Car tout, selon Lucrèce, est fait d’atonies en mouvement, qui s’entrechoquent au hasard, se séparent et se rencontrent à nouveau. Telle fut l’intuition géniale du poète latin, une célébration de la danse de la matière et un bréviaire d’athéisme qui allaient bouleverser le Moyen Age finissant.
Conteur né, érudit et brillant, Stephen Greenblatt emporte le lecteur au cœur de ce Quattrocento qui fit revivre l’Antiquité pour la porter jusqu’à nous.
Quattrocento Auteur : Stephen Greenblatt Éditeur : Flammarion
Commentaire du Médiko
« C’était au cours de l’hiver 1417. Le Pogge chevauchait à travers les collines et les vallées boisées du sud de l’Allemagne, en route vers sa lointaine destination, un monastère réputé pour posséder une réserve de vieux manuscrit. »
Vous n’allez pas me dire que cela ne fait pas le début d’un roman d’héroïc fantasy cela…
Et pourtant Quattrocento est un livre d’histoire et de philosophie, écrit par un universitaire américain dès plus sérieux, Stephen Greenblatt, qui raconte la vie de Poggio Bracciolini, chasseur de manuscrits perdus, la quête des humanistes de la Renaissance prêts à tout pour un palimpseste moisi pouvant recéler un trésor, et au passage le destin étrange du « De la nature » de Lucrèce, probablement le poèmes le plus essentiel de l’antiquité romaine.
Un livre d’histoire et de philosophie donc, mais un livre d’histoire et de philosophie comme je rêverais d’en lire tous les jours… Voire deux fois par jour!
L’auteur survole le monde de l’antiquité à la Renaissance avec une facilité et une élégance remarquable, en gardant la faculté étonnante de rendre cette quête du savoir et de la liberté aussi vivante qu’un roman d’aventure. Des vers sournois rongeant les papyrus aux intrigues sanglantes de la cour des Papes de la renaissance, tout étincelle de vie si bien qu’on finit la balade sans s’en rendre compte. Déçu qu’elle s’arrête, au point qu’on en finit même par feuilleter les 60 pages de notes (très universitaires et érudites!) pour y piquer un petit extrait ou une anecdote.
En somme un livre que tout maître de jeu qui se respecte devrait avoir sur sa table de nuit!