Challenge Flash n°1 – Rendar
Le Lapin
Le chemin devenait boueux sous ses petits pieds mal assurés. Elle n’avait pas l’habitude de crapahuter sur un sol si glissant et cela rendait ses déplacements ardus. Sa proie s’était dérobée trop rapidement à sa vue et malgré la difficulté, lui courir après était tellement amusant qu’elle ne pouvait s’empêcher d’essayer de la rattraper.
Ça devait être un furet ou un petit écureuil, elle n’avait pas bien vu et n’avait pas réfléchis plus loin que l’envie de poursuivre cet animal à la fourrure claire. Elle avait sans hésiter quitté sa tribu et gambadait maintenant joyeusement dans la gadoue en riant. Ho, elle les avait bien entendus crier lorsqu’ils s’étaient rendu compte qu’elle s’était éloignée mais elle était vive, malgré son jeune âge, et s’était enfoncée rapidement loin du chemin de graviers, vers l’extérieur de la forêt.
Elle découvrait un monde inconnu. A force d’être toujours sur le même petit sentier, chaque dimanche avec ses semblables, elle avait fini par ne plus s’émerveiller devant les arbres et les quelques petits animaux qu’ils croisaient. Seule dans des chemins de traverse couverts de feuilles mortes et rendus glissant par la fine pluie, elle avait l’impression d’ouvrir les yeux.
Esquivant habillement les souches et les gros bouts de bois, elle s’amusait comme une folle. Le piaillement des oiseaux la remplissait d’allégresse et les couleurs de l’automne changeaient le paysage d’un mètre à l’autre. Plusieurs fois elle avait glissé et s’était retrouvée les quatre fers en l’air mais, passées la surprise et la légère douleur, elle ressentait une allégresse intense à se salir sans se faire gronder et à caracoler où bon lui plaisait.
Un mouvement attira son regard. Elle l’avait retrouvé ! C’était en fait un tout petit lapin blanc qui semblait la fixer de ses grands yeux noirs. Son museau remuait comme s’il était occupé à l’attendre et commençait à s’impatienter. Poussant un cri de joie, elle s’élança à nouveau vers lui un large sourire sur le visage, s’enfonçant encore plus dans la forêt.
Le lapin allait moins vite maintenant et elle ne le perdait que rarement de vue. A chaque fois que les reflets immaculés de sa fourrure disparaissaient, elle retrouvait rapidement sa trace. L’animal semblait l’attendre pour qu’elle puisse le rejoindre et, dès qu’elle approchait de trop, s’en allait un peu plus loin et répétait le même manège.
Bientôt, les arbres se raréfièrent et le chant des oiseaux laissa place aux grondements réguliers de moteurs passant à grande vitesse. Devant elle, le lapin escalada prestement un talus et disparu. Sans hésiter, elle se mit à gravir également ce remblai qui lui cachait la vue.
De l’autre côté passait une route sur laquelle de nombreux véhicules filaient à grande vitesse. Sortie de la pénombre omniprésente de la forêt, elle se rendit compte que la nuit était en train de tomber. Tant absorbée par sa traque, elle n’avait pas vu le temps passer.
Le petit lapin blanc était là, immobile dans la lumière des phares depuis l’herbe grasse et inaccessible, de l’autre côté de l’asphalte. Sa proie allait lui échapper et tapait de la patte par terre comme pour la narguer. D’un rapide mouvement, il disparut dans les buissons. Elle descendit du talus en courant mais s’arrêta brusquement à quelques centimètres de la voie rapide lorsqu’un énorme camion la frôla en lâchant un grand coup de klaxon.
Les pires engueulades de sa courte existence, elle les avait subies quand elle s’était approchée des routes sans être accompagnée par un ‘grand’. C’était un des interdits majeurs régissant sa vie, jamais, au grand jamais, elle n’oserait traverser seule. Mais, toute couverte de feuilles, de boues et de bleus qu’elle était, il était hors de question de laisser cette adorable boule de poil s’en aller.
Elle avait pris sa décision, elle devait continuer à suivre le lapin blanc. Le sourire aux lèvres, la fillette fit un pas un avant.
Votre appréciation générale du texte
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Alice !
Le texte est flippant car on imagine très bien la suite. bravo pour ça!
mais la première partie fait un peu remplissage. peut etre une peripétie avant la route serait intéressant ?
J’ai eu l’impression de suivre la petite Alice et son lapin blanc. Mais est-ce au Pays des Merveilles qu’elle se réveillera ?
Un petit truc quand même : L’histoire de la « tribu » ne colle pas, à mon sens, avec les sorties dominicales et la voix rapide. Sinon, un texte bien écrit et percutant.
Mais qui est donc cette petite fille ?
Ça manque un peu de détails et d’informations supplémentaires, notamment de sa « tribu » d’origine.
Mais d’un autre côté, la vision d’un enfant est juste que les choses sont, on a pas à les exposer.