Challenge n°13 – Texte n°8

Leviathan

 » Je ne comprends pas; il était là devant moi et soudain … plus rien, seuls quelques hurlements lointains m’indiquaient qu’il était encore en vie; plus pour longtemps pensai-je”
C’est en ces mots que commença le récit du sergent vétéran Dowell, du 10ème peloton d’infanterie, destiné au haut commandement du régiment. Ce jour là, la 3ème compagnie avait failli à sa tâche et il le savait, l’échec n’était pas pardonnable.

Tout avait commencé a l’aube, lorsque le lieutenant Travis les briefait sur leur mission du jour. Cela faisait déjà plusieurs semaines qu’ils sécurisaient le secteur, à la recherche d’une quelconque trace d’infection tyranide, après qu’ils aient repoussé une attaque mineure à la proche cité de Tetrapolis.

Soudain, l’impensable s’était produit: ils avaient frappé; un assaut féroce d’une envergure innatendue, dont la première victime fût le malheureux lieutenant fauché par une motojet. Les pirates eldars attaquaient en nombre, la vague de raptor submergeant le campement de la garde et raflant ou tuant tout ceux qui, paralysés par la peur et la surprise, n’avaient pas eu la présence d’esprit de se mettre à couvert.

L’effet de surprise passé, les soldats surentraînés et galvanisés par les commissaires se remirent rapidement en ordre de bataille et ouvrirent le feu, trop tard toutefois puisque les xenos emmenaient déjà leurs captifs vers un lieu inconnu.
”-En l’espace de quelques minutes, j’avais vu plusieurs camarades connus de longue date tomber; relata Dowell. Mais j’peux vous dire que la plupart des gardes du peloton était encore en vie, des sacrés durs à cuire y’a pas de doute. Surtout les soldats Merson, Gone, Pasel et Walras, tous des amis depuis le r’crutement; c’était pas notre première mission et malgré la présence du commissaire, ça sentait la peur à plein nez.”

C’est alors que la seconde vague arriva, les guerriers, et toutes sortes d’ horreurs “autre chose que ces lopettes de motards, eux ils venaient se battre”, compléta le soldat.
Le véritable combat commença alors, et les gardes tirèrent sans relâche sur les eldars; beaucoup tombèrent, et quelques uns de leurs fragiles véhicules s’écrasèrent au sol. Mais c’était trop peu, et les sombres xenos atteignirent rapidement les lignes impériales, mutilant et tuant le moindre signe de vie sur leur passage.

Dowell reprit: “Ce jour là, j’ai vu le diable, et je ne l’oublierai jamais; les hommes tombaient par dizaines sous les coups et les tirs de ces féroces démons surgis de nulle part; et je vis Merson s’effondrer à ma droite, le visage ravagé par une grêle de minuscules cristaux; secoué de spasmes, le pauvre homme eut à peine le temps d’implorer sa mère avant de partir.”
Les gardes combattaient valeureusement, mais les eldars noirs étaient de véritables machines à tuer et ne leur laissaient pas la moindre chance, les hommes tombaient les uns après les autres; la 3ème compagnie n’était plus alors qu’un groupe de guerriers déterminés mais acculés.
Plusieurs escouades chargèrent alors, bondissant de leurs raiders.
“On s’est battus avec nos dernières forces, mais on pouvait rien faire: ils étaient trop nombreux; ils ne se battaient pas, ils s’amusaient; et avant d’avoir eu le temps de dire le Nom de l’Empeureur, Pasel et Walras gisaient à mes pieds, tellement mutilés que j’ai cru que c’étaient les rations alimentaires qu’on attendait depuis deux semaines.
Et c’est là que l’truc bizarre est arrivé; alors qu’un de ces monstres allait m’abattre avec son arme de poing, ce qui ressemblait à un ordre fut prononcé dans leur language et le gars qui m’ visait hésita puis rangea son pistolet et se précipita avec les autres vers un cercle de ténèbres qui venait de s’ouvrir.”

Kheradruakh observait les mon-keigh progresser; ils n’étaient plus qu’un cortège de survivants. Le voïvode keshark avait vu juste; leur repli lors de leur premier raid , bien que controversé et critiqué par les combattants de la cabale, ne serait pas vain, au contraire. Ces lâches les mèneraient droit vers leurs chefs et des soldats mieux entraînés, des cibles bien plus intéressantes. Il fit alors signe à l’un de ses hommes, des mandragores qu’il connaissait mieux que personne, de rejoindre le chef de la cabale et de lui dire que le moment était venu…

“Voilà, je vous ait tout dit”, précisa Dowell, inquiet des mines peu convaincues du commissaire et du colonel venu en personne écouter son rapport.
Lui et les quelques survivants de la 3ème compagnie avaient rejoint le quartier général de la garde impériale après le repli des xenos, et avaient été reçus avec méfiance. Ils encouraient tous la peine de mort ou la légion pénale à vie pour avoir abandonné leur position. Sans compter que leur récit paraissait peu crédible aux yeux du haut commandement, toutefois inquiet de la possibilité d’une telle attaque. Le sergent était interrogé depuis plus de 5 heures par un commissaire et il commençait à fatiguer, épuisé par la longue route qu’il venait de faire et les questions incessantes de son supérieur. Un des gardes qui garantissait la sécurité du colonel entra alors précipitamment dans la salle:
”-Ils sont là, mon colonel, l’empeureur vous garde” ; sur ces quelques mots, il mit fin à ses jours avec son pistolet laser.

Suivi de près par Dowell et son escorte, le colonel Brazers atteignit le balcon de l’immeuble réquisitionné par le commandement qui surplombait la base. Une vision de cauchemar saisit alors ces vaillants guerriers de l’Imperium: des rangs entiers de créatures atrocement mutilées avançaient vers les positions imperiales, suivies de près par d’innombrables vehicules flottant au dessus du sol et chargés de combattants . Parmi ces créatures, le sergent vétéran discerna avec horreur les insignes des hommes de sa compagnie. Divers sentiments se mélangaient alors en lui, de la rancoeur à la peur, en passant par la haine.
Les mots qu’il entendit à ce moment lui glacèrent le sang et l’assurèrent de la fin qu’il connaîtrait :“prions qu’ils ne nous prennent pas vivants”…

Ce furent les dernieres paroles du malheureux qui les avait prononcé; le commissaire rangea prestemment son arme sous son manteau et intima aux hommes présents de le suivre pour rejoindre les défenses du camp.

Les commentaires sont clos.