Challenge n°15 – Texte n°4

Rendar

La nouvelle avait eu sur lui l’effet d’un poignard chauffé à blanc enfoncé dans son coeur.

Une vague d’incompréhension l’avait submergé, entrainant son esprit dans une mer insondable de tristesse. Là où la mince écume de l’espoir semblait avoir éternellement disparue d’un rivage qu’il n’atteindrait certainement jamais plus.

Il s’était senti couler. Sombrer tel un navire mortellement blessé dans d’incommensurables tourments glacés refermant sur lui une chape liquide presque palpable.

Avait il crié ? Certainement. Pleuré peut être ? Il ignorait s’il en était encore physiquement capable après les transformations physique de son initiation mais il s’était pourtant réveillé avec les joues humides et salées.

Puis, le sortant de sa torpeur, cette tristesse s’était cristallisée telle un éclair brulant évaporant les barreaux imaginaires de sa prison liquide et le libérant des abysses. Un sentiment qu’il connaissait bien l’habitait maintenant. Il avait déjà ressentit ce feu bouillant couler dans ses veines. La chaleur de la haine embrasait chacun de ses mouvements avec un seul but, un seul échappatoire possible : La vengeance.

La grande croisade s’était arrêtée encore plus violemment qu’elle avait commencée. Mu par une perversion sans nom, le Maitre de guerre avait retourné ses armées contre le père créateur pour transformer ce qui devait être l’apogée de l’Empire humain par dela les étoiles, en une ère sombre et tourmentée.

L’Empereur avait été assassiné par son propre fils. Qui aurait pu imaginer cet ignoble parricide? Qui, ayant déjà croisé le regard de celui que l’on appelait Horus le magnifique, aurait pu prévoir une telle tragédie ?

Aujourd’hui, ses frères et lui traquaient sans relâche ceux qui avaient oeuvrés à l’avènement de cet âge de chaos et c’était cette chasse impitoyable qui les avaient amenés sur le monde de Birkaijn.

– Espace dégagé, annonça-t-il d’un ton détaché dans le micro du casque de son armure terminator, les yeux rivés sur les cadavres déchiquetés de ses ennemis. Progressez jusqu’au point Delta Echo 7.

L’immense forteresse qui était depuis trois jours la cible de leurs assauts, ne ressemblait guère plus qu’à une ruine fumante. Suite à l’interrogatoire d’un des assaillants de la Sainte Terra, l’inquisition avait appris, peu avant le décès du prisonnier, qu’une partie des forces rebelles s’étaient déployées depuis cet avant poste.

Les Dark Angels avaient alors fondus sur ce monde tels que le laissait imaginer leur représentation chimérique d’anges de la mort descendant des cieux.

Non sans une pointe de déception, ils avaient du se rendre à l’évidence; la majorité des effectifs avaient depuis longtemps désertés les lieux, ne laissant qu’une force d’occupation minimale aux commandes de la base.

– Tant pis, avait il pensé. Cela suffirait à les occuper avant de trouver des cibles plus importantes.

Pourtant, le fruit bien mûr que lui avait semblé être la forteresse s’était avéré bien plus difficile à cueillir que prévu. Conçue par les Iron Warriors, les couloirs regorgeaient de pièges et d’embuscades qui auraient empêchés tout adversaire de progresser plus loin que l’enceinte extérieure.

Mais ils étaient des Dark Angels et rien ne pourrait les arrêter.

Une journée de bombardements avait réduit à néant l’artillerie ennemie et créé d’immenses brèches dans les murs de plasbéton.

Le lendemain, leur premier assaut avait été repoussé. D’immenses portions de couloir s’étaient révélés être des pièges mortels, se refermant sur la première vague tel un étau hérissé de pointes acérées.

Au troisième jour, sous ses ordres, ils avaient atteints le centre de contrôle. La poignée de Night Lord qu’ils y avaient trouvés ne leur avaient offerts qu’une brève et pitoyable résistance et, dans l’atmosphère éthérée de la vaste pièce illuminée d’une multitude d’écrans aux lueurs verdâtre, il se surpris l’envie de soupirer de dépit.

Il aurait aimé un peu plus d’action. Il aurait aimé arracher à mains nues les têtes de ses anciens frères d’armes déchus et leur faire rendre gorge sous les coups de son gantelet énergétique. Quelques rafales de fulgurant avait cependant malheureusement suffit. S’en était presque décevant, consternant, d’imaginer de si piètres adversaires réussir à faire trembler les fondations du palais impérial.

– Equipes de démolition, au travail. Je veux que cette citadelle impie sois rasée avant ce soir. En guise d’accusé de réception, un simple ‘Reçu’ sec et martial flotta, quelques instants, dans son oreillettes.

Détournant les yeux de ceux, sans vie, qu’il imaginait encore ouvert derrière les lentilles opaques du casque aux ailes de chauve souris du renégat à ses pieds, il chassa sa déception. Les copistes du chapitre étaient en ce moment même entrain de vider la base de donnée de l’ordinateur central du bâtiment. Dans quelques jours, ils s’envoleraient à la poursuite d’autres proies.

Espérons qu’elles soient plus intéressantes.

Les commentaires sont clos.