La légende des sables

Il est une légende qui se transmet de mère en fille depuis des générations. Elle parle d’une guerrière au caractère indomptable et à la beauté sauvage. Une guerrière libre et sans attache qui voue son existence aux opprimés et aux faibles. Son nom est Nadhiya.

Personne ne sait qui elle est ni d’où elle vient mais chacun saurait la reconnaître s’il venait à la croiser. Son regard bleu est capable de mettre à jour les choses cachées et les mensonges et nul ne peut y résister. Croiser son regard c’est se perdre dans l’infini des cieux. Sa peau satinée est dorée par le soleil avec une telle perfection que son corps évoque les dunes du grand désert que caresse le vent d’un dieu. Mais malheur à celui qui se croirait libre de toucher ce corps, il risquerait d’y perdre sa main ou son âme.

Nadhiya est une guerrière et la longue lame courbe qu’elle porte à son flanc est aussi magnifique que mortelle. On dit qu’un sultan, voulant se repentir, la lui offrit en gage de sa bonne foi ; tombé sous le charme de son bourreau il aurait ainsi voulu faire pénitence par le biais de cet artéfact ayant appartenu à des générations de sultans avant lui. Si Nadhiya accepta le présent, elle n’en exécuta pas moins la sentence et la tête du sultan fut la première qu’elle trancha de sa lame. Telle devait être l’issue du jugement, tel il fut rendu.

Si le cimeterre ne la quitte pas, il en est de même pour le faucon qui plane haut dans le ciel et qui, parfois, vient se poser sur le poing de sa maitresse. Cet animal aux yeux d’acier est sa sentinelle, il semble l’avertir de tout ce qui se passe en permanence, empêchant la guerrière d’être prise en défaut. Perché sur le poing de Nadhiya, l’animal scrute ceux qui l’entourent, sa tête en perpétuel mouvement observe et ne laisse personne se sentir en sécurité derrière un voile de faux-semblant ou de mensonges.

Mais Nadhiya est une légende, une histoire que les mères aiment raconter à leurs petites filles pour les bercer le soir. Nul ne peut dire si elle a jamais existé car nul ne se souvient de l’existence d’un témoin des hauts faits de la belle guerrière du désert.

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Dialia est une jeune fille qui n’a pour seul défaut que d’être trop belle. Rieuse et indépendante, nombreux sont les prétendants à s’être cassé les dents à vouloir la courtiser.

Dialia est une rêveuse, dans sa famille on désespère de la voir un jour au bras d’un époux et on commence à jaser sur son compte dès quelle a le dos tourné. Mais la jeune femme n’a que faire de ce qu’on raconte ou ce qu’on imagine sur elle, elle sait que sa destinée ne se trouve pas dans la petite bourgade de son enfance au beau milieu du désert, elle aime cet endroit où elle a grandi et le quitter sera un déchirement. C’est d’ailleurs sans doute à cause de cet attachement qu’elle n’est pas encore partie. Quand elle sera prête, elle fera son sac avec toutes ses maigres affaires et elle prendra la grande route des caravanes, droit vers le sud.

Le Sud : La promesse d’un nouveau départ, d’une nouvelle vie ; le sud et les grands bâtiments des hors-monde.

Lorsque les sultans ont accueillis les hors-monde, ces derniers étaient arrivés les bras chargés de présents. Depuis, le monde de Dialia ne connait plus les maladies ni la disette. En échange, les hors-monde ont obtenu l’autorisation de prendre des pierres dont ils disent qu’elles leur sont très utiles. Les sultans ont bien failli les renvoyer en les prenant pour des fous, mais l’occasion était trop belle et le marché bien trop à leur avantage. Les hors-monde sont restés et se sont installés dans le sud.

Un jour Dialia quittera son village, elle quittera sa planète et partira explorer les étoiles.

Son village est une étape pour les hommes des étoiles comme elle aime à les appeler, les Oïgrians. Il est à mi-chemin entre la grande ville et la zone d’extraction d’où les Oïgrians sortent les plus belle pierres. Il est donc au centre de la circulation des convois vides allant vers le nord et des convois pleins redescendant vers le sud. Tout le monde au village s’est habitué à la présence des hors-monde et jamais aucun incident ne fut à déplorer depuis bientôt une génération.

Depuis qu’elle est toute petite, Dialia a passé beaucoup de temps avec les Oïgrians à écouter leurs histoires extraordinaires d’autres planètes éloignées, d’autres cités gigantesques, d’autres peuples mystérieux. Au fil des années, elle s’est constituée une bande d’habitués qui ne manquent jamais de la voir et de lui raconter des histoires. Mais les hommes vieillissent et Dialia a grandi, de nouveaux Oïgrians sont arrivés quand les plus ancien sont repartis.

Pour Dialia les Oïgrians sont tous pareils et elle a accueillis les nouvelles têtes avec la même franchise et la même candeur que lorsqu’elle était petite. Elle n’a pas su reconnaître le danger ni les regards des nouveaux et Dialia subit le pire des outrages.

Lorsqu’on la retrouva au petit matin recroquevillée dans une ruelle les camions étaient repartis depuis longtemps et nul ne tenta de rendre justice. Elle resta longtemps prostrée dans la maison de ses parents et un matin avant que le soleil ne se lève, elle partit. Elle prit la direction du grand désert et on entendit plus parler de Dialia.

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Les jours et les semaines s’écoulèrent avant de devenir des mois. Les camions passèrent et repassèrent par le village. Comme enhardis par leur crime impuni, les hors-monde se firent plus impolis et plus rudes vis-à-vis des habitants. Personne n’osa s’élever contre eux et les messages lancés aux sultans restèrent sans réponse. Bientôt ils ne se comportèrent plus comme des partenaires mais comme des pilleurs. Le petit village qui avait vu passer tant de convois se vida peu à peu, seuls restèrent une poignée d’habitants qui n’avaient nulle part ailleurs où aller. Ils vivaient presque reclus chez eux dans la crainte de nouvelles exactions des hors-monde.

Vint un jour comme les autres, un convoi avait fait halte pour se reposer avant de repartir vers le sud livrer sa dernière cargaison. A la nuit tombée, l’alcool brouilla les esprits et la violence fit son apparition, un groupe de hors-monde avait décidé de s’en prendre à tous les habitants du petit village. Ils étaient neuf et tous étaient armés de pistolet à canon court ou de lames. Ainsi équipés, ils savaient que personne ne chercherait à s’opposer à leurs exigences.

Pourtant ce soir là ne fut pas comme les autres. Ce qui se passa fut rapporté par quelques rares témoins mais cette histoire est depuis entrée dans la légende.

Les neufs hommes tentèrent de forcer une porte derrière laquelle ils pensaient trouver des victimes à leurs soifs de violence. A force de frapper et de cogner, ils parvinrent à fracasser l’huis et commencèrent à en ravager l’intérieur. Autant pas habitude que par frustration car la maison se révéla vide.

Alors qu’ils ressortaient dans la ruelle en quête d’un nouveau défouloir, une forme élancée leur barra le passage. Les sens à moitié consumés par l’alcool et l’adrénaline, ils ne remarquèrent qu’une seule chose, cette forme était définitivement féminine et des plus gracieuse. Ils ne remarquèrent donc pas qu’à son flanc pendait une redoutable lame recourbée. Lorsque cette lame jailli de son fourreau il était trop tard, deux corps sans tête s’écrasèrent sur le sol avant d’être rejoints par les autres au terme d’un véritable massacre. Les derniers hors-monde à tomber eurent à peine le temps de sortir leurs armes et pas assez pour s’en servir.

Au petit matin, les corps furent découverts et les derniers habitants épouvantés par ce massacre crurent leur dernière heure venue. En effet, les camarades des morts cherchèrent à connaître le responsable et menacèrent d’employer tous les moyens pour y parvenir ; les pires tourments furent promis, chacun sachant qu’ils seraient appliqués.

Un des Oïgrians pointa alors l’attention de ses collègues sur une silhouette qui se découpait à contre-jour du soleil levant. Il s’agissait d’une femme qui s’avançait vers le centre du village où tous les habitants avaient été regroupés. L’Oïgrian lui intima l’ordre de rejoindre ses voisins mais la femme continua à avancer sans avoir apparemment entendu cette injonction. Il devint bientôt visible pour tous qu’elle portait une longue lame courbe à la ceinture. Plusieurs Oïgrians sortirent alors leurs pistolets prêts à tout. C’est alors que tombé du ciel dans un cri perçant, une boule de plumes et de serres plongea sur les hommes armés. L’attention tournée vers ce danger, les Oïgrians ne remarquèrent pas que la femme avait tiré sa lame et avançait maintenant vers eux à grande enjambées.

Au centre du village, les habitants commencèrent à murmurer un nom, les mains se joignirent et les dieux remerciés, puis l’émotion passée, ils se levèrent et entreprirent de prêter main-forte à leur compatriote Des hommes du convoi on entendit plus parler, leurs restes séchèrent dans le désert en quelques jours et quand les convois suivant arrivèrent avec les mêmes intentions d’abuser de la population locale, ils trouvèrent face à eux une résistance inattendue et implacable.

Les hors-monde cessèrent rapidement leurs exactions et les sultans purent leur imposer de nouvelles conditions plus drastiques s’ils voulaient continuer à exploiter la pierre du désert.

De la farouche guerrière venue du désert on ne sut jamais qui elle était mais toutes les mères eurent une nouvelle histoire à raconter à leurs petites filles avant de les coucher.

Commentaires des votants

A choisir, je préfère la première partie.

La fille du village aurait sûrement été reconnue. Et la fraîche pimpante apprend les armes seule ou c’est son faucon qui lui enseigne.

Bon détournement d’un concept pas très original à la base mais qui prends de l’épaisseur au fur et à mesure des lignes. Le style est bon, les paragraphes s’enchaînent sans difficulté. La fin est un peu facile mais, c’est pardonné !

Je n’ai pas compris l’utilité d’installer un premier paragraphe, de créer une légende. Juste pour le côté nostalgique ? J’ai bien aimé l’idée des “hors-monde”, mais la fin m’a déçue (et puis ils furent tous heureux jusqu’à la fin des temps ?) par rapport à la déchéance décrite précédemment. J’aurais aimé savoir ce que l’héroïne a fait pendant qu’elle était absente. Il y avait quelque chose d’original, mais trop peu exploité.

Un aspect “légendaire” assez bien retranscrit, mais les ”+++” qui font trop informatique/radio-transmission brisent un peu ça (j’aurais mis des *)

la seconde partie prend complètement à contrepied de la première. On n’imaginait pas du tout qu’on se situait dans un contexte d’échange intergalactique à la lecture du premier paragraphe. Du coup, on a un peu de mal à visualiser les scènes: moderne ? science fiction ? archaique avec des extra terrestres qui détonnent dans le paysage ? et à quoi ressemblent ils ces extraterrestres ? D’ailleurs, on les désigne sous le terme d’Homme à plusieurs moments. Avec quelques descriptions complémentaires, le texte pourrait donner une histoire très originale.

Mon commentaire

Là encore mon idée principale est mal passée car mal retranscrite. Encore un manque de relecture.


Texte écrit pour le challenge d’écriture n°30

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