Nam Prioris

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D’un coup d’un seul, Murdock éclate de rire.
– Nan mais visez-moi cette allure ! Si ça c’est pas la classe !

Je m’approche du seuil pour voir ce qui a déclenché son hilarité. Ah ouais d’accord… Van Haussmann nous a sorti la panoplie du parfait petit boy-scout : bottes cirées montant jusqu’aux genoux, pantalons bouffants, chemise immaculée, chapeau de cambrousse bordé de peau d’oliphant, fusil en bandoulière. Le con se croit p’têt parti pour un safari-photo.

Il est accompagné de deux aut’gars. Je connais pas le premier, mais vu son uniforme et sa bobine, c’est un autochtone, un gus des FDP. Le second m’est hélas beaucoup plus familier… le Commissaire Ungern ! Je choppe le radio par le paletot et le tire à l’intérieur. “Prenez la pause.”

A leur entrée, je me raidis comme un i. “Aaarde à vous !” Dans un magnifique ensemble, les copains m’imitent. Tous debouts et raides comme la justice devant nos plumards, nous formons une espèce de haie d’honneur pour nos trois hôtes.

Le Lieut’nant nous contemple avec méfiance et un semblant de dégoût. Un ange passe, puis un deuxième, puis une flottille. Le salaud doit prendre son pied à nous faire poiroter comme ça, à mariner dans not’jus.

– Messieurs, laissez-moi vous présenter l’adjudant-chef Kim Cue. Il va nous accompagner pour cette mission de reconnaissance et nous faire profiter de son expérience du terrain.

Le bonhomme s’avance d’un pas et nous offre un sourire allant d’une oreille à l’autre.

C’est génial, tout bonnement génial. Y’a pas moyen de faire confiance à ces enflures de FDP. Ce merdier sur Nam Prioris est en grande partie due à leur incompétence. Une bande de trouillards, voilà ce qu’ils sont. La présence d’Ungern prend alors tout son sens : on n’a pas à moufter, point barre.

Ce mec-là n’a pas d’âme. Je l’ai trop souvent vu à l’œuvre. J’ai été une fois obligé de lui prêter main-forte lors de l’un de ses interrogatoires, j’m’en souviendrais toute ma vie. Il s’amusait à bourrer des tessons de verre dans la bouche d’un gonze et lui mettait ensuite des grandes baffes dans la gueule. Même s’il l’avait voulu, vous vous en doutez, le malheureux n’aurait jamais pu parler. Un cinglé, j’vous dis.

– D’ici quelques minutes, nous allons embarquer à bord de deux Land Speeder. En fin de journée, ils nous lâcheront en zone démilitarisée, au nord-est de notre campement. Les documents, que vous avez récupérés lors de ce que vous appelez dans votre jargon vulgaire et infantile la Chasse aux Cafards, nous y font soupçonner la présence d’une poche de résistance. Charge à nous de les débusquer et de les éradiquer. Des questions ?

Pour sûr, non.

Alors on fait ce qu’on a à faire, plus sagement que d’habitude, et on grimpe à bord des antigrav. Le trajet me semble durer une éternité, les Dead Kings ne sont pas à la fête. On se fait larguer dans une clairière où on bivouaque pour la nuit. J’m’arrange évidemment pour que la cerise et Kim Cue n’aient pas de tour de garde.

Au petit matin, on se met en route et déjà, on crève de chaud. Comme d’hab’, Bishop ouvre la marche. J’ai chargé Gambit de garder un œil sur le FDP tandis que moi, je reste dans le sillage de Van Haussmann.

Mon instinct me crie, me hurle qu’on est en train de se fourrer dans un putain de guêpier. En fait, je suis loin du compte : ça va être pire.

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