Challenge d’écriture n°49 – Estée R.
Estée R.
13.5/20
2ème
Reprise du thème du challenge n°38 de juin 2011
Du bon côté.
« Pourquoi suis-je ici ? »
Alberto shoota dans un petit caillou et réprima une grimace à la vieille qui le dévisageait d’un air réprobateur en serrant jalousement son sac à main contre elle.
Une voiture, deux voitures, trois voitures… quarante… deux-cent soixante-dix-huit… Vivement la relève.
Ce n’est pas qu’il s’ennuyait, Alberto, pas vraiment. Mais cet emplacement était le pire qu’il ait eu à tenir depuis longtemps. Il en avait écopé en punition pour avoir mis un rat sous la couverture de sa sœur, laquelle s’était fait méchamment mordre à la joue. Mais de quoi se plaignait-elle ? La plaie s’était infectée et elle avait tant fait pitié aux passants qu’une femme avait fini par s’arrêter et déclarer qu’elle l’emmenait chez le médecin. Du coup, soignée, douchée et tout de propre vêtue, voilà comment ils l’avaient récupérée la Violetta ! Et lui, puni !
Sur tous les véhicules dénombrés, cinq seulement s’étaient arrêtés. Trois avaient donné un euro, une, un paquet de biscuits et la dernière une sucette à la fraise. Maigre recette. Quarante-huit personnes lui avaient lancé un regard courroucé du genre « t’approche-pas-sale-moutard ! », cent-sept avaient simplement fait semblant de ne pas le voir, six l’avaient insulté et deux lui avait craché dessus. Le reste avait échappé à l’arrêt imposé par le feu rouge. Quelques-uns passant même à l’orange bien sanguine, histoire de pouvoir éviter de lui dire non lorsqu’il tendrait la main vers eux de son air implorant : « M’sieur, s’te plait… »
Il était comme ça Alberto. Les nombres n’avaient pas de secret pour lui. Et il avait une mémoire phénoménale sans même s’en préoccuper.
De cette manière savait-il que son père enverrait quelqu’un pour le suppléer d’ici quelques soixante-douze mille cinq cent vingt-sept secondes !
Il enfourna la sucette dans sa bouche – toujours ça qu’elle n’aurait pas la Violet’ – mais mit sagement les biscuits à l’abri. Emil en raffolait depuis qu’il avait des dents, le petit bougre, et à son petit frère, Alberto ne pouvait rien refuser.
Dans la belle voiture qui arrivait, le gamin aperçu des gosses. Il aimait bien quand il y en avait. Les parents étaient plus enclins à donner quand ils étaient accompagnés. Les petits français, à ce qu’il pouvait en juger avaient meilleurs cœur que leurs ainés. Mais pas tous !
Ce n’était pas qu’il en veuille à ces gens, Alberto. Non. Et jamais il ne les insultait en retour lorsqu’il essuyait un refus ou une brimade. Il était chez eux après tout. Et chez eux, c’était toujours mieux que là d’où il venait. Sa famille, en outre, n’avait pas de goût pour la haine comme celle du Zlatan ! Lui, il y allait de bon cœur avec les insultes et les menaces. Il était même allé jusqu’à montrer ses fesses à des vieux une fois. Ça avait dû être très drôle. Mais pas de ça chez lui. Les siens ne le toléreraient pas !
Mama disait que les Français n’étaient pas mauvais en soi. Mais que l’on vivait dans leur monde, que l’on respirait leur air et qu’ils avaient peur d’en manquer pour eux même s’ils les laissaient envahir leur territoire. Papé disait que la plupart étaient égoïstes, ou indifférents tout simplement. Mais qu’ils pouvaient vivre de ceux qui ne l’étaient pas et que c’était bien suffisant. N’empêche, le jour où il s’était fait rossé par une bande de jeunes de la cité à côté du camp, il avait eu du mal à leur trouver des excuses, le papé. Et une bagarre avait éclaté entre ceux du camp, emmené par Zlatan, et ceux de la cité. Deux morts de leur côté. Un article dans le journal. Et ils avaient dû changer de terrain.
* * *
« Qu’est-ce que je fais là ? »
Maxime rongeait son frein. Ce serait la pire journée de la semaine. D’abord, il commençait déjà à ressentir les premiers signes du mal des voyages. Ils étaient partis depuis un peu plus de vingt minutes, mais la distance n’importait pas. Son estomac ne supportait pas la voiture. En outre, il allait chez tante Valérie et Max détestait la tante Valérie. Elle avait deux énormes chiens ce qui le condamnaient à rester assis sur sa chaise tout au long de la visite s’il ne voulait finir avec un jarret en moins. De plus, elle sentait le chou-fleur bouilli et le forçait toujours à avaler ses horribles biscuits secs. Mieux valait encore se trouver trempé de bave odorante et gluante, mais bon, même les chiens refusaient ces saletés de biscuits dégueux…
— Quelle chiotte ! Il y en a vraiment partout de ces saletés de Roms ! grommela son père.
— Chéri… intima sa mère en lançant un regard dans sa direction.
— Quoi ? Ce n’est pas vrai ? C’est bien de cinquième gamin depuis qu’on a quitté la maison ! C’est du harcèlement ! Je te jure, si celui-là se met sur la route, je lui roule sur les pieds !
— Il doit avoir l’âge de Maxime, Didier. Tu n’y penses pas !
— Mmm. Ce qui me m’inquièterait, c’est surtout que ça pourrait encore de me retomber dessus ! Eux, hein, qu’est-ce qu’ils risquent ?
Maman ne répondit pas. C’était que ce genre de conversation finissait immanquablement par une dispute et puis, elle n’aimait pas les querelles devant les enfants !
On s’approchait du feu. Papa aurait bien accéléré histoire de ne pas avoir à s’arrêter ; mais il n’y couperait pas. Il serait forcé de stopper. Maxime voyait la petite silhouette qui se rapprochait lentement. Il avait le même âge que lui ? Ce petit garçon maigre aux vêtements trop grands ? Et il avait le droit de rester dehors tout seul, à jouer sur la route ? La chance ! Lui, il n’avait même pas le droit d’aller chercher le pain à la boulangerie d’à côté. Et puis, il ne devait pas être obligé de se laver tous les jours, lui. N’empêche, il devait avoir froid dehors sans manteau.
Papa n’aimait pas les mendiants. Il jugeait une ville au nombre de malheureux qui faisaient la manche. Il trouvait cela inadmissible qu’on les laisse trainer de la sorte. Et maman, fâchée avait dit un jour qu’il ne supportait pas de voir la misère, car elle était une insulte pour ses yeux, lui qui ne voulait que du beau autour de lui, et qu’il avait bien de la chance d’être né du bon côté ! Ce jour-là, elle avait claqué la porte pour les emmener en balade, lui et sa sœur. En route, elle avait marmonné qu’il fallait épargner ce pauvre petit gosse de riche qui n’avait jamais manqué de rien mais que ses gosses à elle auraient plus d’humanité et de compassion en eux. Elle avait d’autres idées que papa sur les Roms, maman. Mais Maxime ne savait pas bien lesquelles à vrai dire. Il n’était qu’un enfant, les choses des grands ne l’intéressaient pas.
* * *
« Si je pouvais être ailleurs ! »
Le regard de l’adulte le transperça de part en part. Alberto, à ce moment-là aurait préféré se trouver partout ailleurs, même dans la caravane de la vieille Bertha qui le terrorisait. Elle était peut-être une sorcière mais elle faisait partie des siens. Cet homme derrière la vitre avait de la haine et du mépris plein les yeux. Mais il avait un boulot à faire, Alberto, et il avait l’habitude d’être rejeté. Ravalant la boule d’inquiétude qu’il avait dans la gorge, il prit son air de gamin clown et décida d’amadouer la femme et les enfants. La petite fille, dans son rehausseur devait avoir l’âge d’Emil, bien que ses joues soient plus rondes et roses. Elle portait un béret mauve et d’adorables boucles blondes s’en échappaient, encadrant son visage avec bonheur. Dans ses bras, elle serrait un lapin défraichi.
Il gratta la fenêtre des doigts en souriant de ses dents cariées, le regard suppliant et charmeur à la fois, un regard qu’il avait mis des années à composer et qui payait assez souvent. La petites battit des mains en le voyant. Ses yeux pétillaient. Mais elle ne pourrait rien lui donner, il fallait faire craquer la mère, sans croiser les yeux si déstabilisants du père.
Clin d’œil, bisou lancé en sa direction, chouette ! elle a souri !
— Allez, m’dame, s’te plait, une ‘tite pièce pour manger. Miou !
Tête de côté, moue triste, main vers la bouche pour mimer l’acte de se nourrir. Vite, le feu repassera bientôt au vert !
Dans l’habitacle de la voiture, cela discutait sévère. Le petit mendiant n’entendait rien mais comprenait que chacun y allait de son avis. Le garçon rondouillard s’était penché, la ceinture tendue à l’extrême, vers ses parents et sa tête faisait d’incessants va et vient entre eux et Alberto qui attendait en trépignant. La situation était tendue au sein de la petite famille. Le père semblait bouillir de colère.
*
« Pourquoi n’ai-je pas pris l’autoroute ? »
— Allez papa, donne-lui une pièce, il a l’air gentil. Je n’aurais pas mon argent de poche dimanche si tu veux, demandait Max.
Et Didier sentit ses doigts se crisper sur son volant. Qu’est-ce qui lui prenait, à ce gamin ? Voilà qu’il se découvrait une conscience ? C’était sa mère qui lui avait farci la tête d’idées à noix ou sa fichue école qui passait son temps à organiser des actions caritatives ?
— Ces gens n’ont besoin de rien, crois-moi Maxime. Un ramassis de profiteurs qui vivent à nos dépends et ne manquent de rien ! Pensent qu’à nous voler dès qu’on leur tourne le dos et profiter du système ! Tends-lui la main, il t’arrachera le bras !
— Il fait exprès d’être sale et tout maigre alors ? Il adore rester dehors sans manteau quand il pleut et qu’il gèle. C’est une stratégie qui m’échappe, j’avoue !
— Ne prends pas ce ton avec moi Viviane ! écuma-t-il. La ramène pas. C’est pas ton argent, alors tu la fermes !
— C’en est trop, Didier. Nous reparlerons de tout ça plus tard, mais là, franchement, tu dérailles sec. Puisque tu ne veux pas te défaire de ton précieux argent, donnons-lui autre chose. J’ai deux boîtes de chocolats, par exemple…
— Ils sont pour tante Valérie.
— Pas exactement. L’une est pour elle mais je nous réservais la seconde. Es-tu d’accord pour la donner Max ?
— Oh, oui !
— Pas question !
— Mais papa !
— Pa…Pa !
Ah, non, Chloé n’allait pas s’y mettre aussi ! Mais qu’est-ce qu’ils avaient tous aujourd’hui ? Voilà qu’elle se mettait à brailler, comme pour ajouter son grain de sel. C’était la révolution dans la voiture. Une vraie mutinerie !
Une grosse veine palpitait sur la tempe de Didier qui sentait la fureur monter en lui. Il ne supportait pas les Roms, il ne supportait pas que sa femme le prenne de haut et le contredise. Il ne supportait pas que ses enfants lui tiennent tête ! Et ce feu qui refusait de passer au vert !
— Bien ! hurla-t-il en tapant sur son volant.
Tout le monde se tut. Même l’espèce de galibot, dehors, avait sursauté et quitté son air goguenard pour celui de chien battu.
— Vous voulez donnez quelque chose à ce va nu pied ?
— Oui, souffla Maxime. C’est bientôt Noël…
— Vous êtes prêts à sacrifier vos propres cadeaux ? Pas de chocolat pour toi Maxime, attention !
— Bien sûr Didier, puis qu’on te le dit. Nous ne sommes pas comme toi, grommela la mère.
— Alors donnons-lui quelque chose de valeur !
Le feu passa enfin au vert. Didier ne bougea pas, les mains toujours à dix heures dix. Il réfléchissait, insouciant des coups de klaxon derrière lui. Soudain il redressa la tête et se tourna vers ses enfants, à l’arrière du véhicule, suspendus à sa décision.
D’un geste vif, il attrapa le lapin de Chloé qui laissa échapper un cri de surprise, fit glisser la vitre avant vers le bas et balança le doudou à la figure d’Alberto qui ouvrit de grands yeux. Sa femme hurla, mais il avait démarré en trombe et s’éloignait déjà, les mâchoires serrées et le regard dur.
*
« Pourquoi ? »
Alberto ramassa la peluche et la serra contre son cœur. Quel espèce de monstre était-ce là, capable d’arracher son doudou à une petite fille ? Il allait revenir, c’était certain, il ne voulait pas vraiment… Mais le véhicule disparut bientôt, au loin sur le boulevard. Le petit garçon avait regagné le trottoir et laissé tomber la mendicité pour le moment. Assis contre le feu tricolore, il observait le lapin, pauvre petite chose mordillée et câlinée certainement depuis la naissance de la fillette. Emil avait un doudou, lui aussi, un bout de couverture rose sale qui ne le quittait jamais et sans lequel il n’arrivait pas à dormir. Certaines choses étaient sacrées. L’argent ne l’était pas, mais le regard d’un père, son amour et sa bonté…
De longues minutes passèrent et Alberto dut se faire à l’idée qu’ils ne reviendraient pas. Qu’allait-il faire ? Dans quelques minutes quelqu’un d’autre prendrait sa place. Si la maman repassait par là et qu’il n’y était plus… Mais quant à laisser la peluche sur place… Non, ce n’était pas possible non plus.
*
« Partout ailleurs, mais pas ici ! »
Plus rien d’autre que les pleurs de Chloé ne retentissaient dans l’habitacle. Maxime avait envie de vomir, plus que jamais. Mais il n’osait pas demander à son père de s’arrêter, il espérait seulement ne pas craquer avant d’arriver. Il ne manquerait plus qu’il salisse la voiture. Les larmes coulaient en silence sur ses joues. Tout était de sa faute. Il n’aurait pas dû insister si grossièrement, Noël ou pas. Maman avait crié comme jamais. Elle aurait bien pu sauter de la voiture en marche si papa n’avait pas bloqué l’ouverture des portes et accéléré très fort. Elle était hors d’elle, mais avait fini par se calmer. Elle avait peur, elle trouvait que papa allait bien trop vite. Il n’était pas prudent de conduire dans un tel état d’énervement.
Chloé s’était tue. Sa crise de larmes l’avait épuisée, elle dormait, encore secouée de sanglots dans son sommeil. Maxime aimait beaucoup sa petite sœur. Il s’en voulait terriblement de ce qui venait de se passer. Mais ce garçon l’avait touché. Il avait eu envie de lui faire plaisir. Rien de plus. Une petite pièce, cela n’aurait pas ruiné sa famille. Quant au chocolat… Il ne comprenait pas. Jamais il n’aurait cru son père capable d’une chose pareille.
Il s’était fait la réflexion, une fois, lors d’une autre discussion sur le sujet entre ses parents, que lui aussi était né du bon côté, qu’il ne manquait de rien comme son père avant lui. Cela faisait-il de lui sa copie conforme ? Non, il refusait cette idée avec force ! Maxime sentit son cœur se retourner, il était au bord de l’explosion et soudain cria :
— Jamais je ne deviendrais comme toi !
Surpris, son père lâcha la route des yeux pour le regarder dans le rétroviseur. Il allait bien trop vite, il vit le camion trop tard.
***
« Et maintenant ? »
Didier avait froid. Viviane avait encore dû baisser le chauffage. Satanée bonne femme qui veut sauver le monde ! Allez, se dit-il, faisons un effort. Essayons de ne pas commencer la journée par une crise. Hier, cela avait déjà été assez terrible, pas la peine d’en rajouter. Elle avait menacé de le quitter la bougresse ! Les femmes, vraiment ! Si elle croyait qu’il allait courir tous les camps de Roms pour retrouver ce doudou miteux ! D’accord, il avait un peu réagit comme un abruti. Mais ils l’avaient tous provoqué aussi ! Maintenant, ils y réfléchiraient à deux fois avant de le contrarier.
Il voulut se retourner dans son lit mais ses mouvements étaient entravés par le drap dans lequel il était empêtré. Surpris, il ouvrit les yeux. Il était couché sur le sol d’une pièce inconnue, humide, et qui sentait le chien mouillé. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Les lieux étaient abominables. Comment avait-il atterrit là ? Comment pouvait-on vivre là-dedans ? Lorsqu’il essaya de parler, des cris de bébé jaillirent de sa bouche. L’angoisse le prit à la gorge, une douleur sourde lui transperça le crâne. Terrorisé, Didier perçut un bruissement de couverture et des pas. Il ne pouvait rien faire, il était enfermé dans un corps qui ne lui appartenait pas ! Alors qu’il s’époumonait, le cœur battant, il songea à cette histoire de bon ou mauvais côté.
Une voix féminine, si douce et merveilleuse emplit la pièce. Un chant inconnu, dans une langue tout aussi étrangère, envahit l’espace et Didier se laissa gagner par la quiétude. Son cœur se gonfla de joie et de tendresse. Il revit à sa mère, si aimante et prévenante, qui le réconfortait toujours lorsqu’il faisait des cauchemars.
— Tu es réveillé mon ange ? demanda la voix.
C’était une jeune femme au teint foncé et aux immenses yeux noirs, avec un fichu bariolé sur la tête. Elle paraissait très grande, un peu floue, penchée sur lui avec une infinie douceur.
— Tu as bien dormi ? Papé va bientôt rentrer. Veux-tu manger en l’attendant ?
Didier réalisa qu’il avait très faim. Son ventre se contracta et grogna sourdement. Il émit un gargouillis tout à fait ridicule. Cela fit rire la femme qui tendit les bras vers lui et le souleva comme s’il ne pesait que trois kilos.
Lorsqu’un énorme fracas retentit derrière la porte, Didier tétait le sein avec avidité. Il savait que quelque chose était arrivé à l’adulte qu’il était, quelque chose de très grave. Mais il ne voulait pas y songer. La nécessité du ventre importait à ce moment plus que tout. Il ne pensait pas que quoi que ce soit puisse venir contrarier son nouvel univers. Son petit cœur tout neuf eut donc un raté tandis qu’un éclat de terreur passait dans les yeux de la femme, sa mère à présent, et il se mit à hurler. On tambourinait à la porte, des chiens aboyaient férocement, des cris de femmes, d’enfants se faisaient entendre. De grosses lampes s’allumèrent au dehors, comme des phares et une voix sortie d’un haut-parleur commença son laïus :
« Par arrêté préfectoral, il a été décidé l’évacuation de votre camps. Vous devez donc quitter les lieux immédiatement. Sortez sans faire d’histoire et tout se passera pour le mieux. Mais nous avons de la lacrymo si vous préférez ! »