Challenge d’écriture n°48 – Khellendros


Khellendros
13.8/20 ?????
2ème

-> Vos commentaires


La quête du dernier Ptolémée

— Barque des Âmes à Station Heu.re.ka. Manœuvres d’approche entamées. Réduction de la vitesse en progression.

Bien reçu, Barque des Âmes. Appontez quai sept, nous activons les balises de guidage. Gloire à Ptolémée CVIII.

La Barque des Âmes, fleuron de la flotte spatiale égyptienne, voguait entre les étoiles en direction de l’hyperstructure métallique. Devant le vaisseau, la lumière blanche des astres, de plus en plus nombreux tandis que le bâtiment se rapprochait de la pouponnière galactique, se reflétait sur l’amoncellement doré des modules et des voiles solaires déployées de part et d’autres. La station Heu.re.ka, abréviation de Heuristical Researcher for Ka, semblait ainsi en permanence entourée d’un halo de feu liquéfié. Des drones émettant des flashs verts et rouges quittèrent bientôt un des plus gros hangars de la station et vinrent se positionner entre Heu.re.ka et la Barque pour guider cette dernière à bon port.

Cela faisait huit mois que le vaisseau avait quitté la base lunaire de New Karnak. Huit long mois que son divin passager, Ptolémée CVIII, descendant de Césarion, Pharaon des deux Egyptes et de la Terre, Fils de Râ, Protégé des Dieux et Protecteur des Hommes, méditait au milieu des vases canopes de ses ancêtres, sur le trône qu’on lui avait aménagé sur le pont du vaisseau. Lorsque résonna la réponse de la station, il ouvrit ses yeux d’argent et contempla la vision qui s’offrait à lui par la baie d’observation. Son visage resta impassible, lisse. Il leva la main et son premier serviteur lui apporta une boisson luminescente qu’il porta à ses lèvres et qu’il but lentement.

— Que l’équipage de l’Aménophis soit présent pour m’accueillir. Je ne veux pas attendre plus longtemps pour les rencontrer.

Aussitôt, l’ordre du souverain fut relayé jusqu’à la station de recherche. Il fallut encore plusieurs minutes de vol à vitesse réduite pour parcourir les derniers milliers de kilomètres et c’est avec une minutie teintée d’appréhension que le pilote procéda aux infimes réglages pour l’appontement. Celui-ci avait l’impression que le regard de Ptolémée était chevillé à sa nuque, alors que les yeux du souverain était fixé droit sur l’anomalie que cette région abritait. Tandis que le vaisseau s’était incliné vers le hangar et avait changé son orientation, elle était apparue, boursouflure noire et mouvante gangrénant un astéroïde isolé. Ce que les chercheurs d’Heu.re.ka avaient présenté comme une condensation du Ka des habitants de la Terre. Ce qui représentait la quête de dizaines de Ptolémée avant le souverain actuel.

 

Une fois la Barque des Âmes arrêtée, Ptolémée CVIII se leva de son trône et les nanobots de ses vêtements tissèrent autour de ses membres les habits d’apparat qu’il avait choisi. Une longue tunique blanche synthétique apparut, ceinte d’or au niveau de la taille, des poignets et des chevilles. Un skhemty coiffait sa tête et sur son visage apparurent les symboles de sa puissance, l’œil oudjat, le scarabée, l’ânkh et le cartouche de son nom. Il n’en avait nul besoin, connu qu’il était à travers chaque territoire que l’Humanité avait colonisé mais la situation présente lui inspirait de telles nécessités.

Lentement, Pharaon marcha dans les coursives, passant devant les membres d’équipage inclinés sans leur accorder un regard et, chaussé de sandales de cuir, se présenta au sommet de la rampe d’accès jusqu’au hangar. L’ensemble du personnel de la station était rassemblé devant lui, disposé en blocs de lignes et colonnes parfaites, selon leurs rangs. Il y avait là les pilotes, les techniciens, les chercheurs, les intégrateurs avec toutes les déclinaisons de leurs spécialités. Ptolémée balaya d’un regard hautain cette foule, jusqu’à apercevoir ceux qui avaient motivé sa venue. Là, ils étaient là. Si certains des membres de l’équipage présentaient une attitude aussi déférente que le reste de la population, trois d’entre eux se détachaient du lot. Le premier, un homme au poitrail et tête de crocodile, se curait les dents, adossé contre un mur. Le deuxième, au haut du corps à la semblance d’un ibis, lisait ce qui ressemblait à un papyrus anachronique et le dernier était planté droit et fier sur ses deux pattes et ricanait de sa tête de chacal. Ici le sergent Baken, sous les traits de Sobek… Le soldat de première classe Ânkhenefinpou sous les traits d’Anubis. Et le médecin de vaisseau Nilsen en tant que Thot… Ptolémée avait mis un point d’honneur à connaître tout de ces hommes et femmes uniques en leur genre. Car à quelques mètres de lui était réuni le panthéon de son peuple et de ses ancêtres. Outre ses trois premières divinités, il y avait également Amon, Horus, Aheqet, Bastet, Mandoulis, Khéphri, Tabithet, Hathor et d’autres qu’il ne voyait pas de sa position. L’équipage anciennement humain de la navette d’exploration Aménophis. Tandis qu’il descendait les degrés jusqu’au plancher du hangar, les lectures de Ptolémée sur les circonstances de la transformation et les hypothèses émises pour les expliquer lui revenaient en tête. Elles ne l’avaient jamais quitté à proprement parler. C’était ce qui l’obnubilait depuis les premières images qu’Heu.re.ka avait transmises.

La navette, décrivaient les rapports, s’était approchée de l’anomalie ténébreuse pour étudier son rayonnement quand elle avait été happée par le phénomène. Deux jours après, elle avait ressurgi. Intacte dans sa structure, mais non plus dans son personnel de navigation. Sur les dix-huit partis, douze en revenaient métamorphosés, cinq morts et partiellement modifiés et le dernier a priori sain. Les scientifiques de la station avaient immédiatement cloîtré les vivants et mis au frais les cadavres, puis, sur l’injonction de Pharaon, commencé leurs études. Ils avaient réalisé des prélèvements à la recherche d’une nanotechnologie telle que celle maîtrisée par le souverain et qui lui permettait de modifier son apparence et d’allonger sa longévité, en vain. Ils avaient cherché des modifications des ADN, sans plus de succès, évalué les anomalies quantiques des particules des corps, sans rien noter d’inconcevable. Ils avaient alors émis la seule hypothèse qui leur avait semblé tenir la longueur, en accord avec leurs connaissances, leurs observations et leurs croyances. L’équipage de l’Aménophis avait trouvé et traversé un amas de Ka, les doubles spirituels de tout être vivant, et avaient revêtu, inconscients de ce qu’il leur arrivait, ceux des dieux égyptiens.

 

Ptolémée soutint le regard d’Anubis jusqu’à ce qu’il finisse de descendre et que son champ de vision soit coupé par les résidents de la station. Un petit homme rondouillard l’attendait au pied de la rampe et s’inclina aussi bas que son ventre lui permettait quand son souverain baissa les yeux sur lui.

— Menez-moi à une de vos salles de réunion avec l’équipage et le docteur Daneelson.

— Il en sera fait selon votre plaisir, ô Pharaon, répondit l’obséquieux personnage.

Toujours incliné, celui-ci recula et jeta un œil sur sa droite. D’un claquement de doigts, il envoya deux de ses hommes annoncer la volonté du souverain aux métamorphosés, puis se releva légèrement.

— Si vous voulez bien me suivre, ô Pharaon.

Précédé par le directeur d’Heu.re.ka, Ptolémée CVIII garda son regard dur et pointé devant lui. Il avait une conscience aiguë de se trouver au carrefour de l’Histoire. En ce lieu, aidée par les métamorphoses, s’était répandue l’idée que les dieux se manifestaient aux Hommes. Il devait à tout prix faire la lumière sur ce phénomène, comprendre si ces hommes et femmes étaient toujours humains ou réellement touchés par le Ka de leur panthéon. Et si cela était le cas, il devait, en tant que Pharaon et dieu parmi les dieux, asseoir son pouvoir sur eux tous. Tout pouvait basculer en sa faveur et appuyer son pouvoir, comme jeter à bas des millénaires de règne sur une planète entière.

 

La pièce s’éclaira automatiquement lorsque Ptolémée CVIII et sa suite pénétrèrent en son sein. C’était une vaste salle occupée par une table de plastique couleur bois, entourée de fauteuils. D’autres chaises contre les murs venaient compléter l’ameublement. Pharaon prit place en bout de table et obéissant à sa volonté, ses nanobots débordèrent sur son siège et le parèrent d’or et de pierreries, le rehaussèrent et en firent le trône digne d’un souverain des deux Egyptes et de la Terre. Les serviteurs reculèrent jusqu’au mur où ils restèrent debout tandis que le directeur de la station se mit derrière le siège le plus proche du souverain. Du coin de l’œil, refusant de tourner la tête, Ptolémée entraperçut un grand homme filiforme arriver, qui mit sur son nez d’antiques lunettes, puis derrière lui la cohorte de l’équipage transformé. De tous les personnes présentes, seul Ânkhenefinpou, à la tête de chacal, s’assit avant que le souverain ne l’y autorise. Il se tourna alors vers Pharaon, comme le mettant au défi de le faire se relever. Le poil noir et fauve, l’oreille gauche percée de trois anneaux d’or, les yeux de la même teinte, Ptolémée dut reconnaître malgré lui que cet homme exhalait une aura particulière, un subtil mélange de danger et de magnificence. La gueule était emplie de canines blanches, implantées dans des gencives rouge vif, et la métamorphose touchait aussi le torse, que l’homme  ne couvrait pas et les bras. Les mains étaient toujours de forme humaine, mais terminées par des griffes acérées que la créature faisait courir sur la table, arrachant des copeaux de plastique avec amusement. Voyant son camarade agir de la sorte, l’homme-crocodile prit place également. Lui portait ses stigmates de manière moins harmonieuse. Les yeux étaient encore tout à fait humains, et des fragments d’épiderme doré étaient visibles par plaques entre des zones écailleuses.

— Ne tournons pas aut… commença Anubis.

— Vous pouvez prendre place, le coupa Ptolémée.

La voix de l’homme emplit la salle comme un coup de tonnerre, ses cordes vocales modifiées par la nanotechnologie. Tous s’assirent et le souverain se félicita d’avoir réagi aussi vite lorsqu’il avait entendu les premiers mots du pseudo-Anubis. Il était évident à ses yeux qu’il avait encore pour lui l’allégeance de tout l’équipage de l’Aménophis, à l’exception du chacal et du crocodile. Cette entrevue allait être un combat de tous les instants pour garder cet avantage et décrédibiliser son opposant qui allait chercher à l’affaiblir.

— Docteur Daneelson, dit Ptolémée. Je veux entendre vos dernières découvertes et hypothèses. Le dernier rapport qui m’est parvenu est le D-54. Procédez. Soyez bref.

L’homme de science se leva et s’éclaircit la voix.

— Gloire à vous, Ptolémée CVIII, commença-t-il d’une voix bredouillante. Depuis ce rapport, nous avons progressé sur  les autopsies des cinq membres qui n’ont pas survécu à leur passage dans l’amas, conformément à vos désirs. Il s’avère que chaque corps examiné ne présente aucune zone de transition évidente entre les parties animales et humaines.

Daneelson illustrait ses propos en faisant jaillir d’un cube de données les photos prises pendant les autopsies. Apparurent successivement des muscles, des os à nus, des crânes ouverts.

— Vous m’avez demandé d’être bref, aussi passerai-je sous silence les examens complémentaires, prélèvements sanguins et hormonaux réalisés sur l’équipage, cultures cellulaires, qui n’apportent aucun résultat probant. Les deux éléments susceptibles de vous intéresser concernent les résultats des encéphalogrammes. Voici le tracé de l’activité cérébrale d’un humain lambda, dirons-nous.

D’un geste tournant de la main droite, Daneelson appela la figure qui s’éleva sous les yeux de chaque participant de la réunion, courbe bleue sur fond noire. Un second geste fit apparaître une nouvelle foule de tracés, chacun accompagné du nom d’un des membres de l’équipage de l’Aménophis.

— Ici, reprit-il, nous avons les treize EEG des survivants.

Sous les yeux de Pharaon, les figures s’animèrent. Il n’y avait aucun point commun avec un humain normal. Même pour l’homme de l’équipage qui n’était pas métamorphosé.

— Quelle est votre conclusion, docteur ? demanda le souverain.

— Nous n’en avons pas pour le moment. Nous constatons.

— En fait, Daneelson a bien une idée, mais il ne peut pas te l’exprimer, Ptolémée, dit soudain Anubis. Il voudrait, vois-tu, enregistrer ta propre activité cérébrale et la comparer aux nôtres. Il est bien connu que le Pharaon est le seul être dans cet univers à garder dans son corps son propre Ka. Et il se pourrait bien que ce soit cette interférence qui altère les EEG. C’est bien ça, Sobek ?

— Tout à fait, répondit l’homme-crocodile.

— Mais peut-être que petit Pharaon a peur de ce que cet examen pourrait prouver, non ? reprit l’homme-chacal.

Les yeux de Ptolémée se rivèrent à nouveau à ceux de son rival. En quelques mots, ce dernier venait de lui faire comprendre qu’il avait saisi tout l’enjeu de cette entrevue. S’il était prouvé que l’équipage de l’Aménophis accueillait des Ka divins, ceux-ci prendraient une importance de premier ordre dans la galaxie et peut-être même Pharaon serait-il appelé à partager son pouvoir avec eux. Et si les chercheurs d’Heu.re.ka pouvaient prouver le caractère divin de ces hommes et femmes, cela impliquait que Ptolémée pouvait être soumis aux mêmes tests. Ce qui était inconcevable aujourd’hui, mais qui terrifiait déjà le souverain :que l’on montre, par un artifice, qu’il n’était peut-être qu’un homme ordinaire et non pas l’incarnation d’Amon-Râ sur Terre.

— Rien ne prouve que ce qui vous a englouti et transformé soit une manifestation du Ka, répondit Ptolémée. Ce que je sais par contre, c’est que vous êtes, soldat première classe Ânkhenefinpou, selon vos rapports psychologiques, porté à la mégalomanie. Ce qui vous arrive, ces traits que vous arborez, vous poussent à affronter le dieu que je suis et dont je descends. Vous serez éxécuté dès que nous aurons prouvé que vous n’êtes qu’un homme touché par une bizarrerie quantique.

— Eh bien… intervint Daneelson. Il se peut que je puisse prouver que nous avons réellement affaire à un amas de Ka.

Le scientifique rappela à lui toutes les projections tournant au-dessus de la table et produisit un nouveau graphique.

— Ici, en bleu, dit-il, nous avons une estimation du nombre de décès par jour dans les communautés humaines disséminées dans la galaxie. Nous parlons de milliers de morts par minutes, c’est l’unité du graphique à gauche. Et à côté, en rouge, une mesure de l’augmentation de volume de l’anomalie. L’échelle pour celle-ci est à droite.

Les deux traits évoluaient de façon parfaitement parallèle.

— Les deux phénomènes sont liés, se crut bon de dire le directeur de la station. La corrélation est de 99,999%, ô Pharaon. Tout porte à croire que tous les Ka libérés lors de la mort de vos sujets convergent en ce point précis de la galaxie. Où attendent… attendaient nos dieux.

Ptolémée encaissa la nouvelle aussi bien qu’il le put. Il regarda successivement Hathor, Bastet, Horus, cherchant à reconnaître dans ces êtres de chairs et de sang les représentations qui ornaient les murs des temples, les pyramides de ses ancêtres, les représentations qui parsemaient l’Egypte et le monde. Cela pouvait-il être réel, finalement ? Pouvait-il réellement avoir ses dieux sous ses yeux ?

— J’entends vos mots, dit-il. Je vois vos recherches, je comprends ce qu’elles sous-entendent. Je vais rentrer sur Terre et préparer votre flamboyant retour. En attendant, je veux que d’autres équipages soient envoyés dans ces ténèbres et qu’ils en ressortent métamorphosés et glorieux hôtes des Kas de nos dieux.

— Tu cherches à gagner du temps, petit Pharaon, dit Anubis. Je peux lire en toi, tu ne crois pas que nous soyons réellement ce nous sommes. Nous ne prétendons pas, nous sommes incarnés, fais-toi à cette idée. Envoyer d’autres équipages ramènera ceux d’entre nous qui manquent encore à l’appel, mais elle ne donnera pas naissance à un second Sobek ou un nouvel Anubis. Car c’est ce que tu espères. Si cela venait à se produire, tu prouverais la non unicité de nos Kas et tu ferais de nous des créatures de foire, des aberrations. N’espère pas trop longtemps car même en précipitant toute la galaxie dans cet amas il ne restera que nous, uniques et triomphants. Regardez, mes frères, mes sœurs. Vous avez vu ses réactions, le cheminement de ses pensées, conforme à ce que j’avais prédit. Contemplez l’humain qui s’est pris pour l’un d’entre nous et qui découvre notre retour dans son monde.

Sans répondre à la provocation, Ptolémée se leva et quitta la pièce, ses serviteurs sur les talons. Il traversa les couloirs qui l’avaient mené jusqu’ici, rejoignit son vaisseau et commanda le départ immédiat. Dans sa tête, tandis qu’il reprenait place sur son siège, résonnait encore le rire gras et lugubre du chacal.

 

Ptolémée CVIII avait ordonné au capitaine de la Barque des Âmes de faire le tour de l’astéroïde avant de remettre le cap sur New Karnak. Il avait contemplé l’amas mouvant, il avait vu les tentacules de matière se tendre vers lui. Et dire que s’agitaient dans cette viscosité les Kas de tous les êtres humains depuis des millénaires… Ceux qui la constituaient attendaient-ils une réincarnation ? Les dieux l’avaient-ils forcé en capturant l’Aménophis ? Tandis que le vaisseau amorçait sa rotation retour, le Pharaon fut tenté d’ordonner que le bâtiment soit plongé dans l’anomalie. Il avait été baptisé Barque des Âmes, n’était-ce pas son destin de finir dans un tel phénomène ou s’aggloméraient les esprits des défunts ? Et si Anubis avait dit vrai, il ressortirait de ce périple avec d’autres divinités à son bord, et lui, possesseur de son propre Ka, intact.

Alors qu’il ouvrait la bouche pour donner cet ordre, Ptolémée se retint. Sur les dix-huit membres de l’équipage, cinq avaient péri, sans que ce fait ne soit élucidé. Il pouvait mourir dans le processus également. Ou pire, se changer lui-même en un dieu, ce qui aurait prouvé de la façon la plus évidente que lui et sa dynastie n’avaient jamais été que des hommes ordinaires. Ce dernier point était inacceptable, trop risqué, même si cela impliquait gagner une place dans le panthéon égyptien.

Restait alors comme possibilité de détruire cet amas, le disperser à coup d’explosions dans les étoiles les plus proches, en espérant qu’il ne se reforme pas ou qu’il ne soit jamais retrouvé…

— Capitaine. Armez les torpilles, ordonna le souverain.

— Quelle est la cible, ô Pharaon ?

— La station Heu.re.ka. Qu’il n’en reste pas un module intact. Qu’il n’y ait pas un survivant. Attaquez dès que possible et de manière totale. Commencez par le hangar principal.

Avec une ombre d’hésitation, le capitaine de la Barque des Âmes transmit les ordres. Pour tous ses hommes qui étaient restés dans le vaisseau durant le débarquement de leur Pharaon, il n’y avait pas de discussion, pas de réflexion possible. Il s’agissait des volontés d’un dieu qu’ils devaient exécuter. Les premières torpilles fauchèrent la station dans les dix secondes…

 

Deux mois plus tard, alors que le retour vers la Terre était à présent bien entamé, Ptolémée s’était convaincu qu’il avait fait le bon choix. Le doute était trop distillé au sein de la station. Le pseudo-Anubis avait pris trop d’importance pour qu’un avis objectif puisse être émis et toutes les données de Daneelson étaient teintées de cette subjectivité que la présence de dieux éventuels dispensait. Il avait fallu annihiler Heu.re.ka, cela avait été le bon choix.

Toujours sur son trône, le Pharaon commanda à ses nanobots d’enregistrer son activité cérébrale. Puis il rappela à lui les tracés que Daneelson avait montrés et que sa mémoire avait enregistrés. Le résultat était sans équivoque.

Lambda.

Il était un lambda, assassin des dieux.

Les commentaires sont clos.