Challenge n°13 – Texte n°2

Atorgael

– Je ne comprends pas; il était là devant moi et soudain il a disparu.
– Je crois que je vais avoir du mal avec toi.
– Pourquoi tu dis ça ?
– Je vais te poser trois questions, tu te rappelle de mon nom ?
– Bah oui, Rentim.
– Et tu connais ma spécialité ?
– Oui, c’est … chasseur, mais je sais plus trop de quoi en fait.
– Chasseur de sorciers Herfy, de sorciers.
– Ah oui, c’est ça, de sorciers.
– Et tu connais la spécialité des sorciers ?
– Euh, oui, mais je ne suis plus très sûr.
– Ils lancent des sorts !
– Ouais c’est ça, des sorts.
– Et donc, maintenant, tu devrais pouvoir me dire ce que tu as vu.
– Un sorcier ?
– Bien. Et qu’est ce que tu crois qu’il faisait ?
– Des sorts ?
– Et voila, tu as tout compris.
– Ah d’accord. Mais pourquoi il a disparu alors ?
– Laisse tomber, montre-moi plutôt l’endroit.
– D’accord Rentim, mais tu me diras pourquoi il a disparu.
– Ouais, allez avance.

Les deux hommes se dirigèrent vers les ruines du temple abandonné aux forces de la nature et à la vermine. Rentim suivait Herfy, le jeune trappeur lui ouvrant le chemin d’un pas sûr et discret, la raison principale de sa présence au coté du plus fameux chasseur de sorcier de ce coté de l’Empire. En effet, le trappeur n’était pas une lumière et, parfois, Rentim devait faire un effort colossal pour ne pas lui fracasser le crâne afin de lui faire entrer directement les concepts les plus simples directement dans la cervelle. Son cerveau était aussi lourd que ces pas étaient légers. Un vrai homme des bois.
Issu de la petite noblesse de Marienburg, Rentim en venait parfois à regretter sa cité malgré toutes les bonnes raisons qui l’avaient poussé sur les routes ; sans oublier quelques maris jaloux et autres avis de recherche, tous infondés et calomnieux, bien sûr.
Pour l’heure, les compétences du trappeur lui étaient d’une aide irremplaçable, trouver ce vieux temple lui aurait pris des mois et le fait que le trappeur ait pu voir le sorcier n’était rien d’autre que l’assurance d’avoir Sigmar à ses côtés.
Le sorcier était cependant plus qu’un simple gibier, une bête dangereuse passée aux plus formidables ennemis de l’Empire : rien moins que le Chaos. La traque avait été longue et fort délicate pour ne pas éveiller les soupçons, le final ne le serait pas moins pour qui voulait profiter de la prime allouée pour la capture ou la mort du renégat. Et Rentim avait bien l’intention d’en profiter de cette prime.
Rentim s’assura de la présence de son amulette achetée à prix d’or, il déboucha ensuite une fiole contenant un liquide bleuté qu’il avala avec une grimace éloquente. Protégé et revigoré, il sortit son épée du fourreau et se dirigea vers l’endroit que Herfy indiquait bras tendu, caché derrière un pilier à demi effondré.

– Oh ! Il y a quelqu’un ? lança Rentim en s’avançant à découvert.

Une entrée en matière peu académique mais qui avait porté ses fruits par le passé.
Du fond des ruines une lumière blanche jaillit en direction du chasseur, une fraction de seconde plus tard un éclair le frappa en pleine poitrine. Rentim s’effondra sur le sol, des fumeroles s’échappant de son pourpoint de cuir.
Herfy ne bougea pas, Rentim lui avait bien expliqué le plan et il avait saisi cela au moins : même si Rentim était mort, il devait appliquer le plan. Il ne bougea pas quand un homme se matérialisa près du corps de son compagnon, attendant encore un peu.

– Qui tu étais, je ne le saurai jamais, mais tu n’aurais pas dû venir te perdre par ici.

De mépris, le sorcier cracha sur le corps, il s’apprêta à toucher un anneau de sa main droite quand un hurluberlu à moitié hirsute sortit de derrière un pilier presque effondré, très certainement accompagnait-il sa victime. Changeant ses intentions, il se prépara à lancer un nouvel éclair de foudre sur l’intrus, autant qu’il rejoigne son compagnon dans la mort se dit le sorcier magnanime.

Tout occupé à bien appliquer le plan de Rentim, Herfy ne voyait pas le danger qu’il courrait à cet instant, par contre il se figea lorsqu’il vit le chasseur lever son épée pour frapper le sorcier, la lame s’enfonça dans le bas du dos pour ressortir au niveau de la poitrine.
Le sorcier regarda un instant la pointe de la lame à quelques pouces de son menton et s’écroula face contre terre, mort.
Accourant vers Rentim, Herfy s’exclama :

– Et bien dis donc, c’était un sacré plan ça !
– Aide-moi à me relever plutôt, ça fait un mal de chien de se prendre un éclair.
– Bien sûr Rentim. Mais comment tu as fait ça ?
– Quoi ça ?
– Bah tout quoi, te relever, l’embrocher …
– La magie Herfy, parfois c’est bien utile.
– Ah d’accord, j’ai compris.

Se serait bien une première se dit Rentim qui retira son épée du corps du sorcier et le débarrassa de quelques babioles, dont un anneau ; d’invisibilité sûrement. Pour finir il se débarrassa de son pourpoint, devenu inutilisable car à moitié brulé, et des restes biscornus de l’amulette. Elle avait parfaitement absorbé toute l’énergie du sort mais n’avait pas amorti le choc de l’impact. Rentim en serait quitte pour un joli bleu les prochaines semaines.

– Tiens Herfy, voila ta part.

Rentim tendit une bourse remplie d’or au trappeur, une toute petite partie de ce qu’il allait gagner grâce au sorcier.

– Merci Rentim, c’est bien de travailler avec toi. On va où maintenant ?
– Comment ça on va où, bah toi tu retournes dans tes forêts et moi je rentre chez moi.
– Ah ? Bon. Parce que je pensais t’accompagner un bout de chemin, tu ne m’as toujours pas dit comment il a fait pour disparaître le sorcier.

Poussant un soupir las, Rentim se rappela de l’anneau.

– Comme ça Herfy, comme ça.

Et joignant le geste à la parole, il passa l’anneau. Son environnement prit une lumière verte, une sensation étrange, mais il s’y ferait vite.
Herfy se mit à tourner en tout sens cherchant son ami.

– Ouah ! C’est formidable Rentim ! Dis, je peux essayer ?
– Rentim, t’es où ? Rentim !

Au bout d’une bonne heure, comme Rentim n’était toujours pas réapparu, Herfy se décida enfin à quitter le temple et à rentrer chez lui. Peut-être était-ce cet endroit qui faisait apparaître et disparaitre les gens, un endroit magique ! Voila une bonne histoire pour les copains.

– Comment vais-je leur raconter tout ça moi ? Ah oui je sais, je vais commencer par : « ils étaient là devant moi et soudain ils ont disparu » ! Ouais, c’est pas mal. Et s’ils me demandent comment ils ont fait, je leur dirai que c’est l’endroit qui est magique.

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