Challenge n°16 – Texte n°2

Baal-Moloch

Les étoiles. J’ai toujours été fascinée par ces petites étincelles dans le ciel. Bien entendu, vous vous en doutez, j’ignorais alors tout des dangers qu’elles pouvaient receler, jusqu’à ce que l’une d’entre elles ne tombe sur notre monde…

Je ne l’appris que bien plus tard, il s’agissait d’un Space Hulk. Et à son bord, des hordes assoiffées de sang qui ne connaissaient qu’une seule chose, la haine. Je n’ai jamais su qui ils étaient, ni d’où ils venaient. Tout ce que je peux vous dire à présent est qu’ils adoraient les Puissances de la Ruine.

Leur objectif était le temple où j’avais grandi, je vous en ai déjà parlé, et j’y officiais alors en tant que grande prêtresse. Ceux des miens qui osèrent se mettre sur leur chemin furent massacrés sans exception. Pas la moindre once de pitié. Toutes mes sœurs y passèrent aussi et je fus l’unique survivante. Oh je m’en rappelle encore comme si c’était hier !

Bien malgré moi, ils m’emmenèrent avec eux et me privèrent ainsi de ma sublime destiné : accueillir en mon sein une parcelle de l’incommensurable essence de l’Empereur.

C’est ce pouvoir qu’ils convoitaient. Ce que j’avais obstinément cru être une bénédiction allait finalement faire mon malheur. Ils me soumirent aux rites les plus abominables qui soient et sacrifièrent mon humanité, tout comme intimité, pour attirer à eux les bonnes grâces de quelques entités malfaisantes.

Maintes fois, je fus le réceptacle de démons dont j’étais la seule à connaître le véritable nom. Ils me révélèrent des choses que je ne souhaitais pas savoir, que personne, pas même vous, ne veut découvrir. Par leur biais, je vis des choses terribles et magnifiques, des astres à la beauté sans pareille. J’entrapercevais des secrets inconcevables pour le commun des mortels et compris partiellement la véritable nature du Chaos.

Je n’ai pas tenu le compte du nombre de fois où j’ai été possédée et, bien sûr, je n’en suis pas forcément sortie indemne. Je crois que j’ai traversé plusieurs périodes de totale démence et certains de mes hôtes m’ont laissé de bien étranges souvenirs de leur passage…

(NdlA : la Pythie m’a alors montré son bras gauche qu’elle avait caché jusqu’ici dans les pans de sa robe. Sa main était totalement dépourvue de chair et ses doigts avaient fusionné en un horrible tentacule d’os.)

Evidemment, ils me gardaient captive au plus profond de leur repaire et jamais je n’eus la chance de pouvoir admirer de nouveau les étoiles de mes propres yeux. Toujours est-il qu’ils me traitaient assez bien, enfin si je puis dire. Je n’eus en tous les cas pas à me plaindre de la morsure du froid ou de la faim qui vous tenaille le ventre.

Et puis un jour. Un jour… D’autres vinrent les attaquer. Des Slaaneshi me semble-t-il. Ils me découvrirent, apeurée et prostrée, dans le cloître où je vivais la plupart du temps et se contentèrent de me souiller. Ils épargnèrent ma misérable existence. Marque de mépris suprême. Sans ma pureté virginale, je n’étais plus bonne à rien, sans plus de valeur qu’un vieil outil cassé.

J’avais recouvré ma liberté mais étais damnée. Que pouvais-je donc attendre de la vie ? Me venger me direz-vous. A quoi bon ? Je n’avais donc plus aucune raison de vivre. Cette idée n’avait pas plus tôt pris racine dans mon esprit que je mis à la cultiver. Mourir serait éminemment préférable à cette existence désormais inutile. Alors pourquoi pas ? Je n’ai jamais trouvé de réponse à cette question, mon instinct de survie était bien plus fort.

Néanmoins, et ma grande surprise, j’étais indubitablement en manque et incapable de gérer les tourments de la douleur. Vous n’imaginez pas : de soudaines crises de tremblements ou de violents maux de tête, une alternance de sueurs froides et de bouffées de chaleur, je souffrais physiquement, mais tout autant moralement, car j’étais constamment angoissée.

J’avais besoin de la présence des démons, je la désirais ardemment et n’avais hélas plus rien à leur offrir, mis à part mon âme. La suite, vous la devinez aisément je pense…

Extrait de la Biographie du Mal : “La vie et les morts de la Pythie de Delphia”
Rédigé par Sulitzer Nigg, déclaré Excommunicate Traitoris par contumace en 349.M41

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