Challenge n°17 – Texte n°6

Son of Khaine

La Montagne

L’imposante montagne nous faisait face, impressionnante et moqueuse elle semblait nous défier. Le sommet du Pinacle d’Argent était perdu dans l’impénétrable couche nuageuse noirâtre qui l’entourait. Plus nous approchions, plus les ténèbres grandissaient tandis que l’astre solaire, arrivé à son zénith, semblait impuissant à vaincre la sombre aura de notre destination. Nous marchâmes longtemps, incapables de connaître l’heure car nous n’apercevions même plus le soleil, le temps ne semblait plus avoir cours dans cette nuit éternelle et impénétrable. Enfin, nous arrivâmes au pied du pic, et trouvâmes les portes. Elles cédèrent sans résistance, les runes de pouvoir gravées dans la roche restant éteintes, telles des sentinelles disparues, derniers vestiges déshonorés d’une époque révolue. A l’intérieur des halls, tout semblait mort, antique, et inchangé depuis une époque si ancienne que la race humaine ne pouvait s’en souvenir.
L’atmosphère était lourde et pesante, et la montagne semblait être vide et froide. Nous fûmes tirés de notre sinistre contemplation par le grincement d’outre-tombe des portes se refermant, et nous ne pûmes les rouvrir.

Continuant notre progression, nous découvrîmes des taches brunâtres et sombres, ce devait sans doute être du sang, versé il y a des siècles pour des raisons que nous ne pouvions concevoir. Quelques restes osseux obstruaient le chemin, recouverts d’une immense couche de poussière grise qui exhalait une odeur fétide. Quelque chose d’horrible avait dû se produire, un phénomène ou une créature terrible avait dû passer par ici. Ce qui avait provoqué ce carnage devait posséder des pouvoirs inimaginable, et nous ne pouvions que prier Sigmar que cette force mystérieuse s’en soit allée. Le seul bruit qui se faisait entendre était celui de nos bottes cloutées contre la roche polie. Une sueur glacée commença à perler sur nos fronts tandis que nous tremblions, soudain incapables de faire un pas de plus, jusqu’à ce qu’un léger bruit déchire le silence de plomb. Nous ne pouvions en identifier la provenance, il s’agissait d’une sorte de raclement ou de frottement. Il se répéta encore et encore, accompagné par d’autres relativement semblables. Alors que les sons se rapprochaient, nous en eûmes la certitude : de nombreuses choses se dirigeaient vers nous. Nous tirâmes nos épées en scrutant l’obscurité du couloir qui nous faisait face, à la façon d’une immense gueule édentée ouvrant sur une infinité de ténèbres insondables. Enfin, une silhouette se révéla à la faible lueur de nos torches.

L’individu marchait d’un pas mécanique, portait une lourde hallebarde argentée et était entièrement revêtu de noir. Tandis qu’il s’avançait vers nous, d’innombrables autres rangs apparaissaient à notre vue. L’un de nous se lança à l’attaque, mais sa lame ricocha contre le bras de son adversaire. Nous acharnâmes sur lui et il finit par s’écrouler sans laisser couler une goutte de sang, mais la créature suivante déchira l’abdomen d’un des nôtres avec une facilité déconcertante. Nous nous battîmes avec l’énergie du désespoir, mais nous n’avions mis hors de combat que quelques adversaire alors que bon nombre d’entre nous gisaient au sol, morts, leur sang lavant lentement les antiques dalles de marbre de ce lieu maudit. Nous n’étions plus que cinq, et nous battîmes en retraite. Ils ne cherchèrent même pas à nous rattraper. Nous semblions en sécurité pour le moment, mais chacun d’entre nous regrettait amèrement d’avoir posé le pied dans cet funeste endroit, et nous doutions d’en jamais sortir. Nous continuâmes notre progression, rebroussant chemin chaque fois que nous croisions les sombres gardes en travers de notre route. Nous étions guidés vers le centre de la montagne, mais nous ne savions pas dans quel sinistre but.

Arrivés à un croisement, alors que nous nous arrêtions pour reprendre notre souffle, les sentinelles inhumaines nous assaillirent de toutes parts. Nous nous enfuîmes par la seule issue dégagée, laissant à nouveau un de nos compagnons dans le ténébreux dédale du Pinacle d’Argent. Le fond du couloir était illuminé d’une étrange lueur argentée, qui semblait nous inviter à approcher, à venir voir ce qui se trouvait derrière la porte. Nous n’avions aucune liberté de choix, et nous franchîmes prudemment les quelques mètres qui nous séparaient de l’ouverture. Nul son ne se faisait entendre de l’autre côté, et les mystérieux surveillants s’en étaient allés, mais nous gagions cependant qu’ils nous barreraient la route si nous rebroussions chemin. Enfin, nous entrâmes dans la partie la plus profonde de ce sinistre endroit.

La salle ressemblait presque à une plaine tant elle était spacieuse. D’immense et gracieuses statues, reflétant la lumière d’une lune invisible, s’élevaient ça et là. De tels chefs d’oeuvre ne semblaient pas être un ouvrage de mains d’hommes, mais de dieux, tant elles incarnaient la perfection même. Les murs et le sol étaient recouverts d’argent délicatement orné de gravures d’une précision inouïe, en un alphabet et une langue qui nous étaient inconnus. Ce magnifique paysage nous laissa bouche bée. Nous étions arrivés au paradis. Des dizaines de chats racés, le pelage noir et lisse, se promenaient en toute liberté aux côtés de jeunes femme. L’une d’entre elles, au teint d’albâtre et aux yeux verts profonds, ses longs cheveux de jais lui descendant jusqu’au hanches, s’adressa à nous de sa voix douce en envoûtante en se dirigeant vers nous : « Sha Ksaa Shasuu, Shaala Nassu… »

Je restai là, immobile, sans comprendre ce qu’Elle me disait, mais cela n’avait aucune importance, du moment qu’Elle continuait à parler. Il fallait qu’Elle parle à nouveau, c’était la seule chose qui comptait. « Bienvenue, bel aventurier. Vous êtes ici chez vous. Je vous en prie, installez-vous, prenez vos aises… », continua t-elle. Je détachai mon épée de ma ceinture et enlevai précipitement ma cotte de mailles avant de la jeter à terre. A quoi pouvaient-elles bien servir ? Il n’y avait rien ici qui ne soit paix et félicité. Tout était parfait, j’étais en sécurité. Elle continua à s’approcher, toujours plus près, la distance entre cette Déesse et moi se réduisait petit à petit, jusqu’à ce qu’il ne reste que quelques mètres, que je franchis lentement, Son regard charmeur intimant à mes jambes l’ordre de se mouvoir. Arrivé à moins d’une longueur de bras d’Elle, je m’arrêtai, et je me jetai à genoux devant Elle. Nous étions seuls, rien d’autre n’existait dans tout l’univers. Il n’y avait qu’Elle. Ses lèvres carmines s’élargirent lentement, dévoilant ses crocs effilés.

Ma vie s’écoulait lentement sur le sol argenté, mais cela n’avait aucune importance, car Elle était là, tout près.

La Lahmiane saisit par le col le cadavre hâve et souriant de l’humain avant de le projeter à plusieurs mètres de là. Quand la prochaine proie arriverait t-elle ?

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