Challenge d’écriture n°25 – Texte n°6

Skritt

No Life

Deux jours auparavant

Le jeune homme, il ne devait pas avoir plus de vingt ans, était assis seul face aux anciens habillés de leur costume de cérémonie noir.
“Raconte-nous ton histoire, nous t’écoutons, dit le sage installé au milieu de ses semblables.
Mais avant, dis-nous comment tu t’appelles et d’où tu viens.”

Le jeune homme bougea sur son séant et souffla. Les anciens ne l’impressionnaient nullement mais il avait déjà raconté tant de fois son histoire auparavant qu’il commençait à se lasser. Il se leva pour parler.

“Je me nomme Eldred, commença le jeune homme, fils de Tancred, descendant de Valdred. Mon royaume se trouvent à l’est des collines maudites et j’habite la cité de Fandilmar dans mon château avec ma femme et ma descendance.

Tout à commencé quand Borogrim, ce fils de catin, dit-il avec véhémence, est venu revendiqué nos terres. Mon père le Roi a levé une armée pour combattre cet avorton. Et nous partîmes à sa rencontre. Je suivais mon père dans cette guerre. Je prenais le commandement de l’infanterie, mon frère aîné l’artillerie, et mon père la cavalerie bien sûr.

Mais Borogrim est un lâche continua le jeune homme. Il nous a tendu une embuscade. Notre armée fut mise en déroute et mon père fut capturé. Mon frère aîné eut moins de chance pendant l’affrontement. Criblé de flèches il agonisa de longues minutes avant que je puisse le rejoindre, et dans mes bras il rendit son dernier soupir.

Je décidais alors de me rendre dans le domaine de Borogrim pour délivrer mon père et venger mon frère s’écria-t-il avec fierté. Je pris avec moi trois hommes de confiance et ensemble nous partîmes accomplir notre mission.

C’est ainsi que nous avons traversé la forêt pour rejoindre les terres de Borogrim. Mais la Forêt Noire n’est pas sans danger comme vous vous en doutez. Nous avons rencontré un troll. Et l’un de mes hommes, un fidèle et valeureux combattant du nom de Goran, que Belunial ait son âme, murmura t’il, est tombé sous les coups du monstre.

Après trois jours, nous sommes arrivés à la lisière de la Forêt Noire, nous étions à la frontière du royaume de Borogrim. La forteresse dans laquelle il se terrait se trouvait de l’autre côté des Marais des Morts. Et c’est ce chemin que nous avons pris. Chacun de nos pas était un supplice, nos bottes s’enfonçaient dans la boue et il nous est arrivé souvent à mes hommes et à moi de trébucher. Parfois, nous apercevions des cadavres en train de moisir aux fonds des eaux putrides. Même l’air moite et pesant que nous respirions semblait se nourrir de notre âme.

Une nuit, alors que nous cherchions le sommeil dans cet endroit désolé, des orques nous assaillirent. Le combat fut rude, et je perdis un nouvel allié. Il s’appelait Aedrel. Que son esprit puisse trouver le repos sur ces terres hantées, chuchota le jeune homme.

Nous sommes sortis des marais au bout de quatre jours. Le repaire du tyran était devant nous. En faisant le tour avec précaution de son terrier, nous pûmes trouvés un grotte qui servait certainement à pouvoir s’enfuir lors des sièges.

La grotte nous mena à des escaliers étroits qui grimpaient dans l’obscurité. En haut des marches, un couloir sombre nous attendaient et nous pénétrâmes de cette manière dans la forteresse du lâche.

A l’intérieur, nous pouvions nous mouvoir avec facilité. Les salles et les couloirs que nous arpentions étaient peu ou pas éclairés. Les ombres nous masquaient et nous atteignîmes son antre facilement.

Assis sur son trône, deux gardes flanqués de chaque côté de leur souverain, il assistait à la procession des prisonniers, des soldats de mon armée. Mon père en faisait partie. Il semblait épuisé et son corps trahissait les mauvais traitements qu’il avait alors reçu. Tous deviendraient des esclaves pour travailler à bâtir des monuments à l’effigie de ce roi sans couronne, et tous mourraient sous les fouets de leurs geôliers.

Je ne pouvais contenir ma rage et je pénétrais dans la salle du trône en criant un chant de guerre. De nombreux gardes affluèrent et dos à dos nous combattîmes l’ennemi, fit-il avec ferveur. Les lames s’entrechoquaient. Nos attaques précises et brutales coupaient les chairs et broyaient les os.

Mais je sentis Erich s’effondrer. Je me retournais alors que Borogrim retirait son épée du corps sans vie de mon fidèle soldat. Je poussais un cri féroce et me jetais dans le combat comme un ours.

Borogrim était un adversaire de taille, je parais ses attaques comme il paraît les miennes. Néanmoins, je parvins à trouver une faille et je fis voler son arme au loin. Je levais ma hache bien haut pour l’abattre sur le crâne de mon ennemi lorsque… je perdis la vue.

Je retrouvais la vision quelques secondes plus tard, assis dans un fauteuil. Borogrim et son château n’était plus. Je me levais. Une femme, une sorcière devrais-je dire, me criait dessus. Je ne reconnaissais pas les lieux, mon accoutrement était différent et ma main ne tenait plus ma hache. Je sentais la panique monter en moi.

La sorcière hurlait ses incantations maudites et les quelques bribes dont je me souvienne étaient “manger”, “table” et “jouer”. Je ne comprenais pas ce qu’elle proférait. Je sais seulement qu’elle m’avait emprisonné dans son univers grâce à ses sortilèges. Qu’allait donc devenir mon royaume sans protection aux mains de ce souriceau de Borogrim ?

Ma colère éclata et je pris la sorcière par les cheveux. Je la rouais de coups. Elle n’eut pas le temps de lancer son sort de protection que je la tuais de mes propres poings.”

Le jeune homme se rassit et le sage le remercia pour son intervention.

Aujourd’hui

“Levez-vous, demanda le sage.”

Le jeune homme se dressa fièrement, leva le menton en soutenant le regard de l’assemblée qui le dévisageait.

“Pour le meurtre de Elsa Masson née Pascal… votre mère… la cour vous condamne à la réclusion à perpétuité, prononça le sage d’un ton autoritaire.”

Un soupir de soulagement s’échappa du public.

“La séance est levée.”

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