2/4 – Technique d’écriture

Ecrire c’est poser une caméra quelque part et laisser la plume imprimer les mots sur le papier plutôt que d’impressionner un film.
A la différence du film, la plume va pouvoir nous donner plus détails, mais tout dépendra de l’endroit exact où sera placée la caméra de l’auteur.

I – Caméra extérieure ou caméra aérienne

C’est une vue panoramique des choses, on est trop loin pour entendre les dialogues des personnages, la description des objets est vague et au mieux technique pour des éléments de grandes tailles comme des bâtiments.
Les personnages sont très loin noyés dans les évènements ou l’environnement et n’ont pas d’importance à ce niveau. Il s ne sont que des éléments du décors à peine plus importants qu’un objet même si leurs actions influent sur les évènements ou environnement.

II – Zoom avant sur la scène

Là, on se rapproche un peu. On va se focaliser sur un endroit précis, un groupe de personnages (voire un seul), à un moment particulier.
Une action est encours, on n’en connait pas forcément tous les tenants mais il se passe quelque chose, les personnages agissent au sein de leur environnement immédiat.
On peut suivre un dialogue mais on ne peut connaitre que les paroles exprimés à haute voix. Les apartés sont à peine accessibles et non audibles.

III – Face caméra

La caméra s’intéresse aux personnage plus qu’à leur environnement. Les dialogues sont parfaitement audibles, les sous-entendus se devinent, les expressions faciales et corporelles donnent des indications supplémentaires sur les tensions et sentiments. mais nous ne savons rien de ce que les personnages pensent réellement, de leurs motivations profondes.

IV – Caméra à l’épaule ou caméra embarquée

Un des personnage porte une caméra sur son épaule et nous vivons la scène comme lui la voit. C’est lui qui nous raconte l’histoire et il peut donner des indications supplémentaires par rapport à ce qu’il sait des autres ou ce qu’il peut en deviner, imaginer. Nous n’avons cependant aucune garanti que cela soit la vérité ou la réalité des choses.
Le lecteur dépend de ce personnage et doit lui faire confiance. Il s’identifiera facilement à ce personnage, attention donc à ne pas trahir la confiance qu’il va lui porter, il acceptera une ou deux petites cachoteries mais pas une grosse entourloupe.

V – Caméra intérieure

La caméra est placée au plus près de notre personnage, dans son cerveau. De même que précédemment, nous savons tout ce qui se passe dans l’environnement immédiat du personnage, ce qu’il ressent fasse à la scène, il ne peut rien nous cacher.
Nous en savons même plus que lui sur ses propres émotions et réactions.

VI – Conclusion

Raconter une histoire c’est donc placer ses caméras à divers endroits à différents moments de l’histoire en fonction de la manière dont on veut faire découvrir l’action au lecteur.
Il y a quelques petites choses à éviter tout de même afin de ne pas gâcher le récit :

• La caméra intérieure dans un détective chargé de résoudre l’affaire. Le suspens ne tiendrait pas longtemps. On préfèrera la caméra embarquée que son fidèle serviteur qui ne pourra que se perdre en conjectures et en déductions erronées ou incomplètes.
• La succession de caméras embarquées (et à fortiori intérieures) sur des personnages au cours d’une même scène. Le récit en sera alourdit.
• L’alternance trop rapide et trop fréquente de face caméra et de caméra extérieure. On risque de se perdre en essayant de  savoir ce qui a de l’importance dans la cène, l’environnement ou les personnages ?

En règle générale, posez votre caméra et écrivez un chapitre. Si vous changez la caméra de place, démarrez un nouveau paragraphe voire un nouveau chapitre en cas de changement de personnage.