Challenge n°12 – Texte n°2

– par M. Nicéphores –

Nine Lives: La Mort de Nine Lives ou L’Inquisiteur

Cela faisait une semaine qu’il était là dedans, une semaine que sa proie se terrait dans les appartements du gouverneur, une semaine que ce maudit inquisiteur avait réquisitionné ces foutus appartements…
Une semaine à attendre qu’il veuille bien sortir de son trou…
Ce maudit monde jungle allait entendre parler d’elle, elle se le promit intérieurement : ils allaient sentir l’ombre de la mort passer sur l’un des plus terribles et des plus redoutés serviteurs du faux Empereur… Le crime tardait à venir. Mais cela allait venir, l’Homme au Grand Chapeau ne lui faisait pas confiance pour rien : elle était la meilleure.
Depuis la fenêtre qu’elle occupait en tant que poste de tir, Nine Lives leva ses yeux du réticule de visé du fusil sniper. Dans le ciel nocturne de Thrantor brillait son unique lune, elle était pleine et belle, irradiant de sa lumière le paysage nocturne de la ville endormie…

Soudain, un mouvement, Nine Lives ajusta la lunette de visée de son sniper, là, il était là, à portée de tir. Il sortait par l’entré principale, accompagné de quelques gardes impériaux.
Ce minable inquisiteur de l’ordo Héréticus ne l’avait pas repéré, sinon, il ne serait point sorti. Elle s’était inquiétée pour rien, après tout elle n’était pas la meilleure des assassins sans raison…
Elle s’apprêtait à tirer lorsque le notable de l’Inquisition fut masqué, l’espace d’un moment, par la silhouette de son acolyte. Nine Lives ragea intérieurement, alors que sa cible entrait dans une chimère. Elle jeta le fusil de côté, l’abandonnant dans sa course, puis, s’agrippant sur le bord de la fenêtre, elle bondit de toit en toit, sa silhouette se découpant sur le clair de lune.
Elle avançait discrètement, restant dans l’ombre pour ne pas être repérée, mais progressant diligemment, bondissant d’ombre en ombre, le bruit de ses pas précipités était à peine audible, mais être repérée par un passant inoffensif était à se moment, le cadet de ses soucis. Seul comptait de rattraper son objectif : la chimère impérial, qui stationnait en attendant un dernier occupant qui tardait à monter : l’insignifiant acolyte en robe de bure noire qui lui avait fait rater une occasion inespérée de mettre un terme à la vie de ce tyran impérial.
Il scrutait l’ombre de son regard sinistre et encapuchonné. L’avait-il repérée ? Non, cela n’était pas possible. Même son maître ne l’avait pas remarquée.
Finalement, le suppôt de l’Inquisition gravit les marches du véhicule et s’installa à l’intérieur, Nine Lives n’avait pas été trahi par sa discrétion, en fin de compte. Elle s’agrippa sous le véhicule et s’attacha à des tuyaux avec ses mousquetons.

L’attente dura un long moment qui parut des heures à l’assassin. Mais finalement, la chimère s’arrêta en plein milieu de la forêt, sur une route déserte. Nine Lives aperçu un rai de lumière balayé le secteur.

Un des gardes émergeait de la chimère. La lumière provenait de ça lampe torche. Une fois que le garde fût éloigné d’une dizaine de mètre, il s’approcha d’un buisson qui le masquait aux occupants de la chimère pour se vider bruyamment la vessie. Elle sortit discrètement de son « abris », et partit lentement en direction d’un couvert. Elle guetta le garde de derrière son buisson, puis, alors que celui-ci terminait, elle bondit sur lui et l’éventra, ses tripes se mélangeaient au sol boueux et à son urine.
Probablement désireux de savoir si le garde n’avait pas pris la tangente par peur de l’inquisiteur, celui-ci demanda au sergent de le faire quérir.
Aussi, il ordonna à un de ses hommes d’aller voir si le gars partit se soulager n’avait pas « chié ses tripes ». Nine Lives gloussa dans son for intérieur, en pensant que le garde n’était pas très loin de la vérité !
Quand le garde se mit à entrer dans les buissons il fût promptement égorgé par l’ombre furtive et son corps, traîné à l’abri des regards. Plus que cinq, l’inquisiteur, et cet acolyte macabre encapuchonné et emmitouflé dans sa robe noire.
Ils envoyèrent un autre en reconnaissance, mais cette fois, le pioupiou était sur ses gardes, qu’importe, une cible facile pour elle.
Une fois le garde abattus, dans un soupir de douleur, ils se mirent en branle, les quatre gardes survivants coururent partout cherchant l’ombre furtive qui les traquaient, ils auraient bien déguerpi mais l’inquisiteur, qui devait pensé avoir trouvé quelque xeno en chasse, refusait de partir. Cette erreur allait leur coûter cher, Nine Lives s’était promise de tous les tuer !
Deux d’entre eux avançait vers elle, dos à dos. Ils étaient précautionneux. Mais cela ne les sauverait pas. Rapidement elle sortie de son couvert et abattit son sabre. Son sabre empala le premier garde, éventrant du même coup le second, qui tomba au sol avec un cri de douleur. Nine Lives retira son katana d’un coup sec, tout en écartant ses jambes, puis elle frappa de nouveau d’un coup vertical relevant son sabre, elle fendit la tête du malheureux en deux morceaux qui s’écrasèrent au sol dans un bruit immonde.
La fontaine de sang salissait les chausses de la femme assassine dont le visage masqué se déforma sous l’effet d’un rictus féroce, tandis qu’elle bondissait derrière un autre buisson.
Encore deux et l’inquisiteur : le véritable problème, le gêneur qu’on lui avait gentiment demandé d’éliminer à grand renforts de monnaie, mais maintenant, énervée comme elle l’était, elle l’aurait fait gratuitement, sa haine lui aurait permis de mettre à bas l’Empereur lui-même, le jetant de son trône avec la puissance inégalable des dieux, elle en était certaine.

Soudain, une présence. Elle sauta dans un arbre, s’agrippant à une grosse branche, elle exécuta une figure aérienne qui l’amena sur la branche, dans un petit bruit sec et léger. Se dissimulant dans les feuillages, elle vit le sergent et son épée tronçonneuse qui produisait un son mécanique, mais sadique, il la cherchait de son œil cybernétique, mais il ne regardait pas au bon endroit et quand il fût assez proche, l’assassin lui tomba dessus !
Elle lui planta son sabre dans le dos, et tandis qu’il agonisait, le vétéran des mondes hostile eut le temps de prononcer quelques paroles dans un râle d’agonie qui ébranlèrent Nine Lives : « Je meurs aujourd’hui, les puissances noires… je peut tout de même tenter une ultime fois de les venger de l’affront subis… ce damné Maître-Inquisiteur doit mourir… » Il eut le temps d’appuyer sur un bouton de son épée tronçonneuse, un bouton rouge inhabituel. Puis il fut secoué d’un frisson qui le laissa sans vie. Au même moment, la chimère impériale explosait dans une détonation impressionnante, sans doute dut à ce petit bouton qui s’était avéré être un détonateur !
L’Inquisiteur était sans doute mort maintenant, tué par les gardes, mais quels gardes ! Des gardes renégats ! Elle avait tué des renégats ! Et elle avait perdu sa prime à cause de gardes impériaux, mais elle avait tué ces malheureux ! Nine Lives poussa un gémissement. Puis, tout à coup, un cri sec, un cri de mort, elle releva la tête et pût ainsi voir le dernier garde se faire abattre par l’inquisiteur. Il n’avait pas péri dans l’explosion.
Trompé ? Oui… elle avait été trompée ! Elle gémit devant l’atrocité de l’acte qu’elle avait commis. Comment avait elle put se laisser duper ?
Pourquoi ce fourbe d’inquisiteur avait il fais ça ? Elle leva son regard haineux vers son désormais ennemi juré, Sa cible prioritaire, Sa proie, elle le tuerait et mangerais son cœur, pour les gardes renégats, ces hommes qui partagaient sa cause, qu’elle avait tuée à cause des manipulations de ce fourbe…
Oui, c’était lui, sans aucun doute, la cause de tout ça, la faute à des gens comme lui si sa vie était un calvaire, si dangereux et hasardeux… L’Inquisiteur était vêtu de noir, il portait un grand manteau noir à revers rouge sang, ainsi qu’un grand chapeau noir portant l’emblème de l’Inquisition, un I stylisé d’or. A son côté était une épée de force, somptueusement travaillé et un pistolet inferno. Il était visiblement un membre prestigieux de l’organisation perfide de l’Inquisition, et donc une proie digne d’être détruite et maculée pour la vengeance des dieux noirs !
Le fanatique lui fît un signe courtois de la main, l’invitant à débuter l’assaut.
« Vois venir l’hallali, inquisiteur du faux Empereur ! » Dit-elle en se préparant à charger sa cible. Mais au moment où elle s’élançait, elle se sentit comme paralysée.
Elle ne pouvait plus bouger.

« T’approcher m’est impossible.
Je dois loin de toi
Passer ma vie,
Pourtant mon cœur voudrait S’attacher à toi comme ton ombre».
Entendit-elle. Où plutôt, crut-elle entendre. Car en réalité, ces paroles résonnaient dans son esprit.

L’homme qui avait parlé passât devant elle, il avait de grands yeux noir et de beaux cheveux châtains qui lui tombaient délicatement sur les épaules, en de gracieuse boucles. Il était très beau. Tout en lui semblait évoquer le côté sublime de l’être humain, son regard serein autant que ses mouvements gracieux. Ses vêtements étaient les mêmes que ceux de l’Inquisiteur, et il tenait sous son bras gauche, une robe de bure noire… C’était lui qui la tenait. « Ah ! Et dire que ce poème est anonyme… dit il dans un soupir. Tu as bien joué ton rôle, Defay mon cher, je te ferais promouvoir interrogateur en chef, je suis fière de toi, dit-il à l’homme qui se tenait derrière lui, habillé comme lui, équipé comme lui, qui jouait son rôle ! »
L’acolyte salua respectueusement son maître de la tête, sans rien dire.
« Tu as joué ton rôle, Nine Lives, poursuivit l’Inquisiteur en se retournant vers Nine Lives, ta neuvième vie est maintenant consumée, tu es rejetée par la cour des miracles. Lui dit-il sur un ton sec. Tu vas subir le jugement de Sa Très Sainte Inquisition, dit encore le psyker, dont la voix résonnait dans l’esprit désorienté de Nine Lives.»
Cela n’était pas normal, elle ne pouvait plus bougé, elle était terrifiée, prise au piège. Non, décidément ce ne pouvait être qu’un cauchemar, mais quel cauchemar ?! Si réaliste, si terrifiant et aucun moyen de s’en sortir !
Il la tenait. Elle était prise au piège, et cela de façon déconcertante !
Puis, une chose inattendue se déroula… Etait ce un rêve ? Ou l’étrange réalité ? Mais dans ce cas, qu’avait-il à y gagner, pourquoi faire cela ?
Toujours est-il que Nine Lives vit l’homme aux cheveux châtains l’enlacer délicatement. Ses yeux noirs pétillaient d’intelligence. Puis il l’embrassa.
Un baisé ni long, ni court mais passionné durant lequel se mêla la passion de l’amour, vivace et fugace, la haine, puissante, celle qui ronge le corps et l’esprit, le regret, celui qui perturbe chaque instants de ces mouches noires, et le moment présent, qu’elle vécue dans sa pleine intensité : le dernier instant.

Le Maître-Inquisiteur retira son épée de force d’un coup sec, aucune tache de sang sur cette épée d’une grande pureté… Eternum Inquisitum.
Il déposa Nine Lives au sol avec douceur, puis il fit demi-tour faisant virevolter son grand manteau noir.
Avant de mourir ; consumer par la passion se mêlant au regret, regret de laisser la vie pour embrasser la mort, regret d’avoir laisser la cause impériale pour embrasser les puissances des ténèbres, regret de ne pas l’avoir fait plutôt, mille et un regrets contradictoire qui se bouleversaient dans sa tête prête à exploser, Nine Lives pût entendre Defay, le kagemusha, marmonner : « Alors c’est ça, le baiser empoisonner de Lord Codina… »

« Defay, appela le Maître-Inquisiteur, fais dire à l’Homme au Grand Chapeau que le problème est réglé.
– Oui, mon maître. »

L’inquisiteur : Une âme sans protection ne peut davantage affronter les tempêtes du Warp, qu’un hérétique n’est capable de supporter les foudres de l’Inquisition.

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