Challenge n°18 – Texte n°5

MFT

– Enomotiaï, en avant ! Pour Athènes et pour nos pères ! Pesamment, la lourde phalange s’élança en direction du rivage. Tous les hoplites que la cité avait put mobiliser dévalaient avec le renfort de quelques centaines de Platéens vers la masse des guerriers du Grand Roi, qui débarquaient sur la plage de Marathon. Un entre quarante, Thrasymaque courait, peinant quelque peu sous le poids de sa lourde panoplie.

Athéniens ! Ce matin une rude tâche nous attend ! Ce matin, nous allons devoir inscrire nos noms dans l’Histoire ! Ce matin, la gloire se trouve au bout de nos lances !

Athéniens ! Je sais que parmi vous beaucoup sont effrayés par ce que l’on dit de l’armée des Perses. Moi-même qui vous commande, élu par vous Stratège, moi Miltiade j’ai pût voir il y a longtemps une telle armée à l’œuvre. Eh bien pas un de ces Mèdes ne vaut un Athénien !

Nous ne devons pas faire erreur. Nous ne combattons pas contre les Spartiates ou les Thébains comme à l’accoutumée, pour la possession de territoires qui nous reviennent de droit. Non nous combattrons ce matin pour la survie de notre cité, pour la survie de notre isonomie, pour la survie de notre race !

Thrasymaque tout en chargeant se remémorait le discours que leur avait tenu leur général. Autour de lui, de milliers de cœur, le péan s’éleva. Ce chant guerrier raisonnait dans la clarté du matin comme le son cristallin de l’eau sur les parois de la petite grotte où il aimait venir avec Nikè.

Nos pères nous ont transmis le meilleur des régimes dans la meilleure des cités. L’isonomie que Clisthène installa parmi eux il y a presque trente ans à présent nous a été léguée par eux telle que nous la connaissons aujourd’hui. Eux avaient sût la défendre des Spartiates, ces oligarques qui préfèrent donner le pouvoir à quelques uns plutôt que de laisser participer chacun dans un esprit de plus grande justice. A présent c’est à notre tour de défendre notre constitution face à l’ennemi. Et quel ennemi ! Pourriez-vous concevoir de vivre comme un troupeau perdu dans le champ du Grand Roi ? Pourriez-vous le laisser vous priver de libertés comme l’on fait ceux qui habitent les îles ?

Car assurément les perses vivent ainsi ! Ils ne sont qu’un vaste bétail qui paissent et s’accroissent dans le domaine de Darius. Ils ne sont que des esclaves, juste bons à travailler sans ménager leurs peines pour un homme qu’ils ne connaissent pas. Allez-vous renier le bel héritage de vos pères contre cela ? Allez-vous transmettre cela à vos fils ? Athéniens ! C’est à présent qu’il est venu le temps de décider ! C’est à présent que vous allez devoir choisir si vous serez maîtres ou esclaves ! C’est maintenant, au cœur de la bataille, quand votre lance percera l’ennemi et que votre bouclier effrayant fera fuir sont voisin ! C’est tout de suite, en vous sentant convaincu et pénétré par mes paroles !

Nous sommes des Hommes, nous ne sommes pas des Bêtes ! Ceux qui se tiennent face à vous, peut-on réellement leur donner le nom d’Hommes ? Peut on réellement leur donner le titre d’Hommes ? Non assurément, l’Homme qui se détache de la Bête ne peut pas vivre dans de pareilles conditions, de pareilles façons ! Nous formons un peuple, une cité, qui prospère et qui est civilisée. Nous sommes structurées par des lois que, avec la bénédiction des Dieux, nous-mêmes avons choisi. Est-ce le cas pour les peuples de l’Asie ? Non, certes pas ! Voilà pourquoi nous devons combattre et triompher de l’ennemi ce matin : pour ne pas retomber de notre condition d’Hommes à celle de Bêtes !

– Lances en position haute ! Le commandement de son officier éclata dans l’air avec une telle force qu’il couvrit le chant. Prestement il souleva sa lance et vint la placée par-dessus son bouclier, le bras repliée en un angle très fermé. A présent, moins d’une cinquantaine de pas séparait les deux premières lignes de combattants.

Hommes d’Athènes ! Pensez à ce qu’il se passera, si ici nous venions à faillir ! Nos champs seront ravagés par l’ennemi, notre bétail massacré, la terre que nous tenons de nos pères souillée ! Mais songez aussi à vos pères et vos mères, qui seront assassinés par les Perses ! Songez à vos fils emmenés en esclavage dans les immenses profondeurs de l’Asie par les Mèdes ! Songez à vos épouses, à vos amantes, à vos filles, violées par ces soudards ! Permettriez-vous, Athéniens, qu’une telle chose arrive ? Pour ma part je ne m’y résous pas, pas plus que vous je crois car je ne vois ici qu’une Assemblée d’hommes déterminés à ce que cela ne soit pas ! Si vous êtes venus ici, si vous avez choisit de me suivre, c’est que vous savez au fond de vous-mêmes, que vous ne laisserez pas débarquer sur cette plage les ennemis.

Songez à ce qui est arrivé à Milet à Phocée, durement frappées par cet envahisseur, et dont les malheurs sont plus accablants pour nous que le joug des Perses pour eux. Songez à ce qui vient d’arrivé à Erétrie, dont sa campagne a été mis à feu et à sang, ses sanctuaires pillés, sa ville mis à sac, ses habitants vendus comme esclaves ! Erétrie qui il y a deux ans encore se battait avec nous contre ces mêmes adversaires, qui avec nous prit Sardes, qui avec nous fit campagne victorieusement ! Mes paroles ne visent pas à vous décourager, mais bien plutôt à vous soutenir le moral, car ne devons-nous pas non plus venger nos anciens compagnons d’armes ?

Athéniens ! Les auspices sont favorables à la bataille, gloire aux Dieux ! Zeus qui tonne sur la montagne nous accompagnera de sa foudre et frappera de terreur les ennemis ! Athéna nous accompagnera au combat en nous donnant la force morale, l’intelligence et la vigueur d’esprit qui nous fera prendre le pas sur l’adversaire.

Athéniens ! Nos pères ont défendus notre cité contre l’envahisseur, qu’il ait été Spartiate, Thébain, Eginétique ou Mégarien. A présent c’est à nous de prouver notre valeur contre un ennemi maintes fois supérieur en nombre à ceux-là. A présent c’est à nous d’acquérir la gloire, une gloire qui dépassera celle de nos ancêtres par les faits d’armes que chacun de vous accomplira dans le combat ! La phalange tout entière accéléra sur les quelques dernières foulées qui restait à parcourir. La tête solidement protégée par son casque de bronze, Thasymaque jeta son regard brûlant de rage dans celui d’un ennemi. Il pouvait en distinguer le blanc des yeux derrière l’ample vêtement que ce dernier portait.

Athéniens ! Il n’y a pas de honte à avoir peur mais il y en a vous laisser dominer par elle ! Athéniens ! Achille lorsqu’il combattait les Troyens fit un tel carnage dans les rangs des Asiatiques que sa renommée a traversé les temps pour parvenir à nous. Athéniens ! Il y a ici un si grand nombre d’Asiatiques que chacun de vous peut espérer en acquérir une supérieure à la sienne ! Combattez avec sa vertu et comme les fils d’Héraclès, et sa gloire sera la vôtre !

Enomotiaï, en avant ! Pour Athènes et pour nos Pères !

Dans un cri effroyable, la phalange grecque défonça la ligne perse…

Les commentaires sont clos.