Allan Carrasco et Jérémie Bonamant Teboul

Allan & Jérémie – Partie I2

Techniques et travail

Quelle est la dernière technique acquise ?

Jérémie – j’ai appris qu’il fallait peindre comme on range sa chambre.
(Grand moment de réflexion puis rire d’Allan)
Dans le sens où il ne faut pas s’imposer trop de contraintes. En fait chacun range sa chambre comme il l’entend, bien, pas bien, les trucs où il veut. Peindre comme on range sa chambre ça veut dire que c’est pas nécessairement bon d’appliquer les techniques d’autres même s’ils ont des résultats qu’on préfère, mais il faut essayer de sentir ce qu’on a envie de travailler et réfléchir sur ses gouts plutôt qu’appliquer les techniques des autres.

Allan – Donc si on laisse des moutons sous son lit ce n’est pas grave.

Jérémie – Voila

Allan – Moi c’est sculpter comme on nettoie les chiottes.

Allan, je te voyais sculpter un crapaud pour Alkemy, à partir de quel moment tu sais qu’une figurine est finie, autant en sculpture qu’en peinture ?

Jérémie – Quand le commanditaire lui dit « t’es à la bourre faut que tu me l’envoie ».

Allan – Non ça c’est toi ! Je ne suis jamais à la bourre.

C’est quand j’en ai marre et qu’il y a assez de chose dessus, des pieds, des mains une tête et des tentacules ; même si on les voit pas ; ou quand je me dis que j’ai passé trop de temps. Mais ça c’est pour une pièce perso. Au bout d’un moment, la pièce perso c’est bon ou alors parce que le lendemain c’est le concours. Par la suite je n’ai pas spécialement envie de la reprendre.
Quand c’est pour des boites, des pièces professionnelles, c’est quand je suis en adéquation avec le concept défini, là c’est bon, c’est terminé.

Baal-Moloch aimerait savoir s’il existe une peur de la page blanche chez le peintre ou le sculpteur de figurine telle qu’on la définit chez l’écrivain ?

Allan – Non, pas au niveau de l’inspiration. Dans la technique par contre, on peut rester à gamberger sur des trucs ; comment je vais faire ci ou ça, pour être proche du concept en sachant que ça doit être moulé. Et des fois je peux rester plusieurs minutes à penser, à imaginer des choses. Un tiers du travail c’est de penser, imaginer comment on va faire les trucs.

Est-ce que ça vous est déjà arrivé de planter un truc ; une figurine bien partie et dont on finit par se dire que c’est de la daube ?

Allan – C’est jamais aussi fort, il y a toujours un sentiment d’insatisfaction car la représentation mentale du truc ne sera jamais comme le résultat final. Mais il y a toujours ce petit truc qui te dit que ce n’est pas exactement ce que tu avais en tête.

Sur une commande, quel degré de liberté vous avez ?

Allan – De tout à rien
Il y en a qui veulent juste un truc de toi ; « tu me proposes et c’est bon ». Et puis il y en a d’autre, par exemple pour une BD, où le gars va te faire refaire sept fois la tête parce que c’est son personnage principal, et on peut comprendre qu’il la veuille comme ça et pas autrement.

Entre le travail et le plaisir, comment ça s’articule entre vos envies et la nécessité ? Une question murement réfléchie celle là !

Jérémie – Pas mal !
Il y a beaucoup de personnes qui ont peur de vivre de leur passion, on le voit dans la BD, dans tous les métiers de passionnés… bah nous c’est exactement la même chose.
En fait je fais tout en même temps tout le temps. Je fais des pièces pour d’autre et pendant qu’elle sèche je passe sur un projet personnel. Il peut m’arriver de faire des pièces pour quelqu’un qui me restent sur les bras, ou le contraire, des pièces pour moi que je donne à d’autre …
En ce moment je travaille pour Kraken-Editions qui est notre entreprise, on l’a fait par passion mais c’est notre travail et ça nous motive encore plus parce qu’on est à la base du projet.

Allan – Avec Kraken tout prend plus d’ampleur, donc la motivation est plus importante, mais les trucs chiants et la pression sont aussi plus importants. Donc ça dépend du moment : c’est mieux et c’est pire qu’avant.

Jérémie – C’est pire parce qu’on n’est pas tout seul, on est toute une équipe et donc on a une certaine responsabilité à partir du moment où on a pris en charge une partie importante du projet. Un retard à la sculpture, ça veut dire retard pour les photos, à la bourre pour les tests, pour le projet…

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