Bataille à Khemri

Il y a cent ans de cela, l’armée haute elfe du Seigneur Valoriel mettait le cap sur Khemri, de l’autre côté de l’océan. Certain prétendirent qu’il convoitait les antiques trésors des tombes de ce pays, d’autres qu’il ne faisait que fuir la routine de la cour. Après avoir accosté, il marcha à travers les désolations jusqu’à une cité abandonnée en bordure du désert. Ses guides l’avaient averti, avant de déserter, que nul n’avait osé pénétrer dans les ruines de la cité depuis sa chute, mille ans auparavant. Le seigneur elfe méprisait de telles superstitions. Il avait hâte de découvrir le fabuleux trésor que recelaient selon lui les ruines. Mais cela n’allait pas s’avérer si simple. L’ancien roi de la cité était mort depuis longtemps, mais régnait toujours sur ses terres, condamné à une non mort éternelle. par la malédiction de Nagash. Son cœur desséché ne renfermait plus qu’un désir ; celui de défendre le lieu où reposaient ses ancêtres. Les guerriers s’extirpèrent de leurs tombes, et des centaines de squelettes se relevèrent pour affronter les hauts elfes, animés par la volonté du Roi des Tombes et de ses serviteurs. La bataille serait rude et sanglante…

Lorsque le seigneur Valoriel, le commandant haut elfe, scruta les collines basses au-delà des ruines, il en eut le souffle coupé. Il ne s’était pas attendu à un ennemi aussi nombreux. Sur le flanc gauche des morts vivants stationnait une brigade de guerriers squelettes, deux massives unités de lanciers derrière des rangs d’archers. Derrière eux, jouxtant des empilements de crânes, se trouvaient des catapultes, assemblées à partir des ossements de quelque béhémoth dont l’espèce était depuis longtemps éteinte. Dominant les autres troupes de sa taille gigantesque, un géant osseux hurlait d’une voix à faire trembler le sol. Des chars se trouvaient également là, ainsi que des guerriers chevauchant des montures squelettiques. Au centre se trouvait une redoutable batterie de balistes squelettes, au-dessus de laquelle tournoyaient des vautours géants, des charognards, dont les os dépassaient des ailes décharnées et qui croassaient d’un air affamé en voyant approcher les elfes. A leur gauche se tenait un dragon chevauché par une noire silhouette encapuchonnée. Des lambeaux de chair pendaient du corps du monstre et des vapeurs toxiques s’échappaient de la gueule eu décomposition de cette horrible parodie du fier dragon de Caledor qui combattait du côté des elfes. Sur le flanc droit se dressait une colossale forme rocailleuse, un horrible lion squelette revêtu d’une étrange armure. Une statue, pensa Valoriel, amenée à la bataille pour s’attirer les faveurs de leurs dieux ténébreux.

Une autre importante brigade de squelettes armés de lances et d’arcs gardait le flanc droit de l’armée des morts vivants. Pour la prendre de flanc, il faudrait passer par les dangereuses ruines de la cité. Leur ligne de front était bien établie. Le général ennemi était loin d’être stupide. Valoriel pouvait voir ce dernier dans son char d’ossements: une silhouette livide drapée de robes pourries dont les seuls indices de majesté pathétique étaient une couronne d’or et un orbe luisant serré dans une main décharnée. Les serviteurs personnels du Roi des Tombes, les Prêtres-biches, maîtres des arts noirs de la nécromancie, se tenaient à intervalles réguliers le long des lignes des morts vivants, prêts à aider leur maître à contrôler son l’armée.

Valoriel sourit. Il était serein et sûr de lui, ce pitoyable ramassis de cadavres ne ferait pas le poids contre ses braves et valeureux guerriers. Il se tenait sur son char personnel, au centre de son armée où il avait concentré ses troupes les plus puissantes, de vaillants lanciers elfes de chaque côté de lui, leurs flancs protégés par des unités d’archers. Sur sa gauche, il avait placé une colonne de Patrouilleurs, dont les flèches étaient infaillibles, et de resplendissants Heaumes d’Argent, pour protéger les balistes à répétition. Ils étaient commandés par Aereâdhe le mage, qui était en train de méditer, comme toujours avant chaque bataille. Au-delà du sorcier, une unité d’archers elfes avait pour mission de s’emparer de la forêt qui bordait l’entrée de la ville en ruines. Sur son flanc droit se trouvaient les chars qui portaient ses plus braves guerriers, dont le courage leur avait valu l’honneur de brandir la bannière de bataille magique, portée au combat depuis des siècles par la lignée de valoriel. Non loin de là se tenait l’héroïque Naranniel, seigneur du castel Starn. Le général leva les yeux vers les nuages et vit avec joie arriver les aigles géants d’Annulii le Roi des Cieux. Ainsi étaient-ils venus comme promis. Arrach, le dragon que chevauchait le prince Falunieras dans son armure étincelante, crachait des flammes vers les morts vivants en jetant un regard chargé de haine au dragon zombie. Le général haut elfe se tourna vers ses messagers.

« Allez, compagnons, hâlez-vous d’informer nos seigneurs que la bataille commence. »

Certain que cette victoire ne pouvait pas lui échapper, il hocha la tête en direction d’Iymfré, sou second, dont le cheval blanc piaffait nerveusement en sentant la puanteur provenant des rangs adverses.

 » Mon ami, Ici gloire nous attend. »

Compilé par Kragor
Source : White Dwarf n°71 - Mars 2000
Retranscrit en octobre 2007 pour Le Sanctum

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