Dans quel donjon vais-je errer?

point de départ

Vous le savez sans doute si vous suivez l’actualité de D&D, D&D5 est sorti en vo mi  2014, suivi de sa floppée de suppléments, campagnes et scénarios. Mais en vf, rien avant 2016 et l’annonce de la mise à disposition du SRD. Enfin rien est un bien grand mot car le site AideDD.org a servi de relai aux joueurs français en proposant les traductions dudit SRD depuis un moment.

Début 2016 donc, le SRD est mis à disposition pour être utilisé dans des productions localisées et deux éditeurs se lancent en même temps dans un financement participatif afin de sortir leur version de D&D5 à partir du SRD et augmentée de leurs créations.

D’un côté, Black Book Editions, pilier incontournable du paysage du JdR en France avec notamment Casus Belli et les multiples financements participatifs sur sa plateforme.

De l’autre côté, Studio Agate avec ses productions comme Esteren et quelques financements participatifs sur la plateforme Ulule.

Le but de ces deux éditeurs était de sortir leur version adaptée de D&D5, il y eu d’ailleurs quelques tensions en coulisses et sur les forums de discussion durant les campagnes pour savoir qui avait le plus de légitimité, qui allait tenir ses délais, qui avait la plus grosse…

Choisir son donjon

Deux ans plus tard (les financements participatifs de tels projets sont souvent très longs à sortir), les choses pourraient être simples mais pas forcément car entretemps, BBE a obtenu le droit de sortir la vf de D&D5. Ce qui fait qu’on va se retrouver avec : D&D5 en vf, H&D de BBE et Dragons de Studio Agate. Que faire devant tant de choix ?

Je serai tenté de dire peu importe en fait. Tout est potentiellement compatible car tout part du SRD de D&D5.

Pour faire court on pourrait dire qu’on choisira D&D5 ou un des deux autres projets car si on a pas participé à une des campagne autant prendre l’original qu’est D&D5 et si on a participé à une des campagnes il n’est pas nécessaire de prendre D&D5 vf.

Maintenant, chaque produit a ses spécificités propres et heureusement.

D&D5 c’est l’original, pour les « puristes » il n’y a que lui qui aura grâce à leurs yeux. pourquoi pas, c’est une opinion que j’aurai partagé il y a quelques temps si je n’avais pas participé à une des campagnes.

H&D et Dragons ne seraient donc que des ersatz de D&D ! Ce serait aller vite à conclure.

H&D va bénéficier de la grosse machine BBE/Casus pour se développer avec des univers bien connus comme Laelith.

Dragons de son côté part avec un univers intégré aux règles qui ne demande qu’à être utilisé par les PJ et développé par Studio Agate.

De plus, Dragons et H&D pourraient tout à fait utiliser ce qui est disponible pour D&D5 et tout ce qui le sera dans les mois et années à venir. Dans un monde idéal, tout va bien et chacun trouvera donc son bonheur.

Mais ça c’est dans un monde idéal…

Coup de gueule

En participant à la campagne de Dragons, j’ai accordé une énorme confiance à Studio Agate et à leur capacité de nous sortir les plus beaux livres de règles possible. Ce que je lisais de leurs interventions et objectifs me paraissait tenir la route malgré les doutes de certains, les hurlements de beaucoup et les rires goguenards des autres.

Et ça s’était avant de m’impliquer un peu plus dans ce processus et de rencontrer certains membres de l’équipe.

Aujourd’hui je suis très heureux de leur avoir fait confiance car le résultat sur le premier livre est au-delà de mes attentes de l’époque : le livre est magnifique dans la mise en forme de la maquette, des illustrations à toutes les pages et du contenu.

J’ai pu le découvrir en m’impliquant dans la relecture de la maquette avant qu’elle ne soit disponible à tous les souscripteurs. Ce fut une expérience très prenante et stressante dans le sens où il ne fallait rien manquer. Mais quel plaisir de découvrir les chapitres du livre morceaux par morceaux au fil de lectures et relectures.

Ensuite, pour avoir eu la chance de rencontrer l’auteure, j’ai pu constater que sa « vision » de D&D, si elle était différente de celle que je pouvais avoir, était parfaitement intégrée à l’ambiance des livres et que tout ceci restait compatible avec ma vision qui s’en trouva améliorée au passage.

C’est pour ça que je suis un peu agacé vis-à-vis des critiques que je peux lire ou voir ici ou là concernant le premier livre de Dragons.

Le principal reproche repris en boucle est de ne pas trouver les règles de magie dans ce premier livre destiné aux joueurs alors qu’elles sont présentes dans H&D et D&D5. C’est vrai, c’est agaçant et ça peut manquer à qui veut commencer à jouer tout de suite. Mais alors ceux-là devraient également faire remarquer qu’on ne trouve pas le bestiaire ni les objets magiques dans le livre !

Un autre reproche demande plus de détails sur Eana et l’univers de Dragons en général. Je suis d’accord, les petites immersions dans l’univers par les encarts parcheminés sont une terrible tentation et il est frustrant de ne pas tout savoir.

Une seule réponse : tout se trouvera dans les prochains livres. Pour rappel, Agate n’a pas eut le droit de sortir son jeu sous la forme de 3 livres pour ne pas ressembler à D&D. Le choix a été de séparer les règles dans 4 livres. Et pour que ces livres ne soient pas creux et vides il a bien fallu les remplir, d’où le choix de mettre la magie dans un livre à part aux côtés du livre des joueur, du bestiaire et d’un livre dédié aux ambiances et manifestations magiques du monde.

Aurait-il fallu attendre que tout soit prêt pour tout sortir d’un seul coup ? Peut-être mais sortir ce premier livre était aussi une façon de montrer de quoi Studio Agate était capable. Et quelles n’auraient pas été les critiques si H&D avait tout sorti avant la moindre page d’Agate !

Bref, j’ai vraiment l’impression que certains ont des comptes à régler ou font juste preuve d’une mauvaise foi à toute épreuve quand il ne s’agit pas de la méconnaissance du contexte de la naissance de ce projet.

Il me serait tout aussi facile de critiquer H&D mais je ne le ferai pas ici, ça n’a aucun intérêt. Ce que je peux faire c’est donner mes raisons de ne pas avoir choisi H&D lors de sa campagne de financement.

Pour moi, H&D par BBE avaient trop de connections avec Casus Belli et la façon de jouer à D&D de l’époque, la grande époque, celle des années 80-90. Trop de références à ce qui fit les grandes heures de D&D et j’avais envie de découvrir autre chose que je qualifierai de plus subtil (oui je sais la subtilité dans D&D faut la chercher un moment !), subtilité et façon d’aborder D&D différemment que j’ai vu dans Dragons.

Autre point, le prix plus élevé de la gamme complète m’a un peu dissuadé de prendre H&D,et si ce ne fut que secondaire, la différence est néanmoins notable.

Pour finir

Tout ça pour dire quoi ? Que vous jouerez au jeu qui vous plaira pour en faire ce que vous voudrez car c’est bien l’avantage des jeux de rôles, on peut en faire ce qu’on veut tant que tous les joueurs adhèrent.

Si le MJ écrit la partition et donne le ton de la partie, ce sont les joueurs qui la jouent. Une fois que tout le monde est en accord, jouer est un plaisir partagé.

Et à lire les demandes de campagnes ou de scénarios, les récriminations sur les manque d’univers, j’ai bien l’impression qu’un point essentiel  a été oublié et qu’il devenu difficile de se dire « Et si j’inventais une histoire pour mes joueurs ».

Et c’est bien dommage !

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