Challenge n°13 – Texte n°6

Weerk

« Je ne comprends pas ; il était là devant moi et soudain il se retourna. Sur ma gauche l’engagement faisait rage. Les détonations furieuses d’un canon d’assaut furent relayées par les écouteurs de mon casque. Tout autour de la ruine où nous nous trouvions ce n’étaient que hurlements, explosions, acier, feu, chaos. La confiance que je portais envers mes Frères était totale. Pour l’honneur et la gloire de l’Empereur je savais qu’ils ne pouvaient qu’être vainqueurs. Ma présence ne leur était pas nécessaire et de toutes manières ma mission était tout autre. Elle se trouvait à une dizaine de mètres et me faisait maintenant face.

A la voix je sélectionnai donc la fréquence réservée du Capitaine de la Deathwing pour lui rendre compte des évènements et sa réponse fut sans équivoque. Je me mis donc à avancer, me demandant ce qui avait bien pu trahir ma présence. Même si les bottes blindées de mon armure faisaient craquer les débris de béton de ce qui avait été un entrepôt, ce ne pouvait pas être un bruit. Il aurait été couvert par ceux, furieux de la bataille.

Il leva alors la main et me fit signe de m’arrêter. Je dois bien vous avouer que c’est ce que je fis. Je ne pense pas que ce fut une hésitation coupable. Je la qualifierais plutôt de naturelle. Face à son armure verte, je pensais tout simplement qu’il avait été l’un des nôtres. Je compris aussi pourquoi il me fallait le capturer vivant : il méritait de trouver la rédemption dans le repentir et l’aveu de son hérésie. Certes il avait trahi mais il devait être l’objet de toute notre attention. On ne traite pas un ancien Frère comme un sans âme de xéno. Non ! Nous devons les sauver, même malgré eux.

Voilà qu’elles étaient mes pensées lorsqu’il me parla. Sa voix était à peine déformée par les membranes vocales de son casque. Il me dit d’attendre. Il me dit que nous étions frères. Il osa même me dire que j’étais dans l’erreur et que si je consentais à l’écouter, il me le prouverait ! »

Frère Silimandas fit alors une pose dans son récit. De sa main il toucha les clous d’ancienneté sertis sur son front puis balaya l’assemblée d’un regard de glace. Elle était exclusivement composée de membres du premier cercle. Il reprit alors son discours :

« -J’avais été mis en garde contre les tentatives de perversion des déchus, ainsi que contre leur démagogie persuasive. Aussi, refusant le dialogue, j’éteignis la cellule énergétique de mon gantelet et le chargeai sans autre forme de procès. Il m’esquiva aisément et s’en suivi un violent corps à corps. Il n’y avait plus dans l’ensemble des segments que lui et moi. Il était rapide. Il était fort. Il était agile. Que ce soit à coups de gantelet, de poings, de pieds, de genoux et même de tête, il détourna chacune de mes attaques, bloquant de ses mains gantées les plus dangereuses ; évitant les plus grossières d’un pas de côté ou encore d’un retrait du buste.

Jamais il ne me frappa. Jamais il ne se servit de sa masse qu’il n’activa même pas. Il se contenta de continuer à parler, calmement, voulant me convertir à sa cause. J’étais en sueur et dus ajuster la température interne de mon armure. Je ne sais pas depuis combien de temps durait ce combat atypique avant qu’enfin il ne passe à l’offensive. D’une prise il m’envoya m’écraser, cul par-dessus tête sur les restes d’un mur qui s’écroula sur moi. Le temps que je m’extirpe des décombres, il était trop tard. »

Frère Silimandas s’interrompit une nouvelle foi. Un rictus qui aurait pu être un sourire se dessina sur son visage couturé de cicatrices. Il prit une profonde inspiration avant de continuer :

« – Il était déjà sur moi, me maintenant plaqué au sol une pied sur le plastron de mon armure. Les détails étaient flous car mes lentilles n’avaient pas eu le temps de s’accommoder à la poussière soulevée par l’effondrement du mur. Je vis néanmoins que des éclairs argentés parcouraient sa masse d’arme et qu’il avait retiré son casque.

-Bienvenue parmi nous, Frère. Ton initiation est terminée.

Telle furent ses paroles. Je ne réalisai pas immédiatement et mis quelques instants avant de comprendre qui se cachait réellement sous cette armure verte. Je lui répondis alors :

-Bien Chapelain Investigateur. »

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