Challenge n°13 – Texte n°4

MFT

Je ne comprends pas, il était là devant moi et soudain pfuit, envolé !
-Qu’est-ce que c’était ?
-Je n’en sais fichtrement rien.

Une voix grave et bourrue interrompit les deux gardes.

-Allons, quelque éboulement dans ces ruines. Continuons nos recherches. Allons pressons !

L’Inquisiteur Ratchek promena tout de même par acquis de conscience le faisceau de sa lampe torche dans la direction que pointait son subordonné de son fusil laser. Comme il s’y attendait, il ne vit rien. Toutefois, il jugea qu’il fallait rester sur sa garde, et félicita le soldat.

L’exploration repris. Ratchek et son assistant balayèrent de leurs torches les décombres. Ils avaient étés dépêchés par l’Ordo Xénos sur ce site sitôt qu’il avait été mis à jour. Incontestablement, Procuste Prime avait été occupée avant l’arrivée des humains, car les ouvriers d’un chantier en cours sur la planète avaient excavé un magnifique escalier. Ils avaient aussitôt fait référence de la chose à l’Ordo Xénos qui envoya ainsi une équipe pour explorer le site.

Les cinq hommes avaient tout d’abord descendu le majestueux escalier, mais si les degrés semblaient bien conservés, il ne paraissait pas encore être possible d’établir qui les avaient bâti. Aussi Racthek avait-il continué sa descente, et passé une porte à moitié démolie. Il n’en restait que l’encadrement, et encore les dommages qu’il avait subis étaient importants. Cependant, la grâce de ces ruines n’était pas sans rappeler les constructions eldars.

A présent, les équipiers se tenaient dans un large et profond espace, d’une forme qui semblait ovale. Les torches révélaient à la ronde à main gauche des gradins à la découpe harmonieuse et ce, malgré les éboulis qui en recouvraient une bonne partie. A main droite par contre, une longue plate forme semblait s’étirer le long d’un mur. Deux statues gisaient à chaque bout de ce qui était sans doute la scène d’un théâtre très ancien. Et précisément ces statues étaient humanoïdes, mais les personnages représentés étaient élancés, présentaient un visage long mais fin, délicatement ciselé, et des oreilles en pointes. Le doute n’était plus possible sur la race qui avait érigé cet ensemble.

Pour Siktik, l’assistant de l’Inquisiteur Ratchek, le principal sujet d’étonnement était l’état de conservation du monument. Hormis les gradins qui étaient en bonne partie ensevelis, la voûte de l’édifice semblait avoir tenu le coup et préservé la scène et le chœur. Il descendit précautionneusement les escaliers qui y menaient, pour rejoindre son mentor. Il s’étonna à nouveau, mais cette fois, ce fut devant l’attitude songeuse de son maître.

-Quelque chose ne va pas, Seigneur ?
– Je sens une présence hostile, Youri, très hostile. Par l’Empereur, je sens son désir de tuer. Il monte en puissance de façon phénoménale, il faut que…
-AAAAAARGH !!!

Un cri horrible résonna à travers l’édifice. Celui-ci malgré les gravats semblait avoir conservé une grande faculté acoustique, mais cet aspect ne préoccupa nullement les deux hommes alors qu’ils remontaient en courant l’escalier qui menait au chœur.

-Qui a crié ?
-Ca ressemblait à la voix de Nicholas, Seigneur !
-Cherchez-le bande de moules, qu’est-ce que vous attendez ?

Les faisceaux lumineux déchirèrent de façon éphémère l’obscurité à mesure que les chercheurs balayaient le théâtre. L’un d’eux se fixa sur une forme humaine, sur le cinquième rang de gradins.

-Qu’est-ce que cet imbécile est allé faire là haut ? Youri, va me le récupérer.

Escaladant les gravats, Youri Siktik s’approcha de l’homme. Tout du moins, de son cadavre… Youri eu la nausée en voyant ce qu’il lui était arrivé… quelque chose avait perforé son thorax, et ses entrailles pendaient à terre. Enfin, la pulpe immonde qui en tenait désormais lieu. Le visage du garde exprimait une terreur qui s’était figée par delà la mort.

– Il est mort, cria l’assistant en se retournant, et…ATTENTION !!

Une forme indistincte sauta du bloc où elle se tenait perchée et rebondit sur le dallage du chœur puis s’éleva à nouveau dans les airs en un magnifique salto aussi rapide qu’élégant.

– FEU ! hurla l’Inquisiteur.

Quelques tirs de fusils lasers trouèrent les ombres mais il était trop tard, la chose avait déjà disparue dans un recoin. Apeurés, les deux gardes survivants s’étaient collés dos à dos, et scrutaient les ténèbres avec les torches adaptées à leurs fusils lasers. Un curieux déclic métallique suivit de deux râles d’agonie s’éleva dans les dix secondes qui suivirent… les deux faisceaux de lumière décrivirent une courbe aussi soudaine qu’imprévue puis retombèrent à terre, au côté des deux gardes…morts.

Ratchek fut sur place en trois bonds, tandis que Siktik se collait à une grosse pierre dans un coin, couvrant de son propre bolter son maître. Ce dernier plongea son doigt dans une des gorges puis le retira, ensanglanté, et suivit une trace pointillée et écarlate sur le sol jusqu’au mur opposé. Il y retira un curieux disque d’un métal scintillant…

« Shuriken » pensa-t-il immédiatement.

Une série de détonation assourdissante lui fit tourner la tête aussitôt. Dans le noir du monument en ruine, des éclairs trouèrent la nuit tandis une forme semblait se jouer des bolts traçants qui fusaient dans tous les sens. Cette chose rebondissait sur tous les murs, exécutant force figures acrobatiques avec un talent et une grâce qu’aucun humain ne pourrait jamais atteindre. Elle laissait une sorte d’ombre dans son sillage, de sorte qu’il semblait impossible de localiser dans cette brume le Xénos lui même.

Ratchek courut au secours de son assistant, mais le Xénos était déjà sur lui. D’un revers, le bolter sauta des mains du malheureux tandis que celui-ci poussait un cri d’effroi, un cri à glacer le sang. D’un bond, le Xénos bascula tête la première par-dessus les épaules de Siktik et tout en tournoyant, lança son poignet en avant. Le fil monomoléculaire du Baiser d’Arlequin passa à travers l’armure énergétique de l’humain avec une facilité déconcertante alors que son visage se distordait de douleur. Aucun son ne passa plus ses lèvres, l’horreur et la douleur étaient absolument indicibles. Il tomba à genou, l’Arlequin le retenant par les cheveux. Ses yeux étaient d’un blanc laiteux. Une fine lame brilla le temps d’un éclair et le sang gicla à gros bouillon de la gorge tranchée de Youri Siktik.

-CREVE, PAR L’EMPEREUR, CREVE, ABOMINATION !!! hurla Ratchek, son épée énergétique levée par-dessus sa tête, son pistolet bolter crachant la mort.

Un nouveau saut, une pirouette et l’Arlequin se releva en tournoyant devant l’Inquisiteur avant même que ce dernier n’ai put l’ajuster. La dernière chose qu’il vit avant que ses intestins ne fussent transformés en bouillie dégoulinante fut un masque grimaçant d’un sourire horrible. Le masque de la mort. Le masque de sa mort.

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