Challenge n°14 – Texte n°4

Whitosk

Là logiquement, ça devrait marcher, les fils étaient posés, les charges amorcées et les gangers n’étaient pas très loin… Ils ne devraient pas tarder maintenant.

Dans un bruissement subtil il dégagea un fil invisible qui disparut dans l’air lourd et putride de la décharge. Bandant et relâchant ses muscles il se tenait prêt.
Bien à l’abri dans sa planque, le jeune Jarnis priait l’Empereur pour que réussisse son entreprise. Il enchaîna sur le Psaume XVII…Que le Père de l’humanité nous aide en…Père…père…Mon père…


“Non! C’est non! Catégorique et irrévocable! Tu es devenu fou mon fils, tu ne peux faire cela. Ce serait la fin de notre gang, cela porterait le discrédit sur la Maison VanSaar tout entière! Ce serait une catastrophe, je ne puis l’imaginer!!”

“Mais père, tu n’essaie pas de me comprendre!! Tu restes obtus et enfermé dans un carcan social et moral faussement dicté par de sombres idiots!! Tu ne veux pas m’entendre, ni moi ni ton cœur!!”

“Non fils, je ne te comprends que trop, ton attitude te mènera à ta perte et à celle de notre gang entier. Notre honneur en pâtira, nous goûterons le goût infect du bannissement dans les tréfonds de la ruche. Tu en seras responsable mais tu n’en as cure!! Renonces à tes plans je t’en conjure, abandonnes avant qu’il ne soit trop tard pour toi et pour nous!!

“Père, je ne voulais que ton consentement, pas ton avis et encore moins un sermon. Je le ferai quoiqu’il m’en coûte. J’assumerai toutes les retombées et porterai aux nues l’essence même de ma foi nouvelle. Père, ne t’interpose pas.”


Les réminiscences de son père alors qu’il s’était ouvert à lui, revenait le tarauder. Cette scène l’avait bouleversé mais il en était sortit résolu. Farouchement déterminé à aller jusqu’au bout.

Il secoua la tête vivement et se concentra sur le défilé où progressait maintenant un gang. Sveltes, les cheveux longs, un armement léger, couteaux, grenades et deux bolters… Des Eschers…

Tout se passe comme prévu, pensa -t il.

Des grenades soniques et photoniques éclatèrent près du gang qui fut complètement désarçonné et perdu. La plupart tombèrent à terre, sonnées alors que d’autres essayaient de se maintenir.
Aucune d’elles ne pourrait résister à l’assaut tout proche, elles le savaient. Elles étaient perdues.

Jarnis bondit de sa cachette, Il se précipita sur le gang, seul.

Tirant quelques rafales au passage afin de finir de perturber ses adversaires encore éblouies et choquées, il fonça sur elles.
Tout en évitant obstacles et débris divers il sortit un autre pistolet et fit feu.
Quatres Eschers tombèrent nettes sous ses tirs précis, endormies.
La dernière restait, agenouillée derrière un bidon rouillé.
Jarnis s’en approcha doucement et s’agenouilla auprès d’elle.

« Il est temps. » dit il.
« Oui, allons-y !! N’en perdons pas plus. » lui répondit elle, un sourire radieux illuminant son visage.

Quelques jours plus tard, après avoir utilisé les multiples caches et planques de leurs gangs respectifs, ils s’arrêtèrent près de l’enceinte Sud de la ruche.
Ils avaient été souvent attaqués, traqués par des groupes de tout gangs. Ils étaient recherchés par tout la Ruche. Jarnis boitait légèrement, une balle lui avait percé la cuisse deux jourts auparavant. Une récompense était offerte pour la tête des deux traîtres. Orlocks, Goliaths, Delaques, chasseurs de primes, Vansaar et Eschers bien sur étaient de la partie.

Kayali et Jarnis se reposaient, goûtant un peu du répit accordé, l’un dans les bras de l’autre. Une Escher aimant un Vansaar… Le fait n’était pas toléré. Pourtant ils avaient passé outre les codes et les devoirs de chacun de leur Gang pour aller l’un vers l’autre.
Ils avaient des rêves de paix et d’amour…

Mais dans la Ruche comme dans l’univers, il n’y a que la guerre.

Un rayon laser perça une citerne et une rafale cribla leur refuge provisoire.
Un bolter lourd s’était mis en action ainsi que de nombreux pistolets.
Le couple bondit hors de la cachette dégainant armes et grenades, prêts à livrer bataille à nouveau pour protéger leurs vies et leurs sentiments.

Mais ils étaient trop nombreux cette fois-ci.
Alors qu’il visait un des agresseurs il zooma sur l’un d’eux et vit nul autre que son père le visage crispé par la douleur et la résolution.
Jarnis prit une balle dans l’épaule en plein poumon, son armure n’en avait que trop enduré jusqu’ici. Il cracha du sang.
Derrière une énorme plaque de plasbéton ils se mirent à l’abri pendant quelques instants mais la fin approchait et ils le savaient.
Kayali soutenait son amour qui se vidait de son sang.
Ils levèrent les yeux et virent l’issue.
Leurs regards se croisèrent. Un pur amour se lut dans leurs yeux.
Ils se jetèrent en avant sur le sas de sortie, des balles fusèrent, des éclats volèrent dans tous les sens. L’ouverture d’un second sas se fit entendre et une lumière rouge s’alluma.
Alors le calme se fit, un silence de mort s’abattit.
Les armes ne grondaient plus et un visage s’approcha du hublot.
On ne pouvait distinguer guère plus que deux corps tendrement enlacés en train de se consumer sur la surface d’une planète hostile.
Le père de Jarnis les poings serrés, soutint la scène quelques secondes et repartit.

L’amour était vain mais son fils l’avait trouvé et vécu. Pour cela il ne l’oublierait pas.

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