Challenge n°15 – Texte n°2

Atorgael

L’immense salle du Conseil retomba dans le noir avant que les globes ne se rallument doucement.
Les cinq personnages attablés détendirent leurs muscles après ce troisième visionnage du data-pix. Invariablement l’image de fin venait confirmer leur première analyse, des Space Marine de Sa Glorieuse Puissance pouvaient trahir leur maitre. Sinon pourquoi le sergent Macit aurait-il détruit le servo-enregistreur.
Les débats reprirent, houleux et animé, l’inquisiteur Hergot, sûr de lui et implacable demandait des sanctions.

« Il est intolérable de laisser faire cela messeigneurs. Je vous avais prévenu, ce chapitre était trop jeune, trop inexpérimenté. Qu’ont-ils bien pu affronter face aux Night Lords, quel démon a pu pervertir leur esprit à ce point et si vite. La réponse est aucun, ils étaient défaillants dès le début et jamais vous n’auriez du les laisser débarquer.

– Nous connaissons vos réticences, inquisiteur Hergot, lui répondit le haut commandant Berak, mais nous n’avons pas encore la certitude qu’il y ait eu trahison. Le nettoyage de la planète Sfétile n’est pas terminée et nous avons perdu tout contact avec le sol depuis près de cinq heures.

– Depuis que le servo-enregistreur a été délibérément détruit, oui en effet.

– Vous exagérez Inquisiteur. Tonna la voix grave du sénéchal Tembris. Mes hommes n’ont pas trahi l’Empereur, toutes leurs actions sont honorables et je ne vois toujours pas la raison de ce conseil.

– Je vous rappelle que vous n’êtes ici que comme témoin, sénéchal, enchaina Hergot. La raison est claire pourtant, nous devons savoir à quoi nous en tenir sur Sfétile, les renforts seront sur zone dans douze heures maintenant, qui devront-ils combattre, les Night Lords ou vos hommes. »

Le sénéchal se crispa à ces mots. La tension monta dans la grande salle. Presque tangible, l’animosité entre les deux hommes avait rendu muets les autres participants au conseil.

« Souhaitez-vous marquer une pause ? Nous pouvons reprendre dans quelques minutes si vous le désirez. », Hasarda le l’archidiacre Kaméran.

Il se leva sur ses paroles suivi par l’inquisiteur avec lequel il entama une discussion en aparté. Le procurateur Kav Prix rejoignit le haut commandant Berak de son coté. Seul le sénéchal resta attablé à ruminer sa colère.
Regardant un groupe puis l’autre, il ne demandait qu’une chose, pouvoir rejoindre ses troupes et combattre l’ennemi. Il n’était pas digne de son rang de rester là à attendre une décision de bureaucrates. Il reconnaissait cependant qu’il était le seul à pouvoir défendre ses soldats contre les accusations de l’inquisiteur. Au nom de quoi ce dernier pouvait-il bien soupçonner des soldats de l’Empereur de se détourner de Sa Lumière. Non vraiment, tout ceci était ridicule et sans fondement. Il fallait que cela cesse.

Les serviteurs qui avaient servi quelques rafraichissements se retirèrent enfin et les membres du conseil de guerre se rassirent à leur place.

Alors que les membres du conseil reprenaient leurs places, les écrans com crépitèrent frénétiquement, des informations arrivaient en masse. Le sénéchal se sentit encore plus frustré et humilié de ne pas avoir accès à ces informations, toutes communications avec l’extérieure lui avait été déniées par l’inquisiteur. Le Procurateur prit enfin la parole.

« Consentiriez-vous à passer ces informations sur le lecteur murale. »

Ni l’inquisiteur, ni l’archidiacre n’acquiescèrent, le haut commandant ayant donné son accord, les données apparurent.
Les données images montraient les combats au sol de Sfétile, ils se poursuivaient, acharnées et meurtriers. Nul ne pouvait encore dire qui allait remporter cette bataille. On arrivait à suivre le déroulement des évènements par une dizaine de vues différentes, les images sautaient parfois, mais c’était tout dont il pouvait bénéficier pour se faire une idée de la situation.

Les Night Lord avaient apparemment réussi une contre-attaque prenant l’armée impériale à revers. Des hommes du sénéchal Tembris il n’y avait pas de trace, les combats n’opposaient que des gardes impériaux face aux marines pervertis.

« Ces images confirment nos craintes les plus terribles, commença Hergot, vos hommes ne combattent pas aux cotés des soldats impériaux, ils doivent être en train de fêter leur toute nouvelle allégeance sénéchal !

– Vous connaissez parfaitement notre mission, inquisiteur, c’est vous-même qui nous l’avez fixée, nous devons trouver le quartier général. Si vous ne voyez pas mes hommes c’est qu’ils y sont certainement.

– Alors pourquoi ne recevons-nous pas d’images de mes propres servo-transmetteurs ? Ne vous fatiguez pas, j’ai la réponse, vos hommes les ont détruits pour pouvoir faire leurs basses œuvres en toute quiétude. Je ne vous blâme pas sénéchal, mais admettez la vérité tellement elle est évidente.

– Méfiez-vous des évidences, les combats sur le terrain balaient rapidement toute évidence, il n’y a que l’action qui dicte sa vérité. »

Alors que l’inquisiteur allait répondre, un vacarme se fit entendre à la porte ouest de la salle. Un garde entra, tremblant de devoir déranger de ci éminents personnages.

« Qui nous dérange ? Personne ne doit entrer tant que les portes sont fermées ! », tonna l’archidiacre.

« Avec toutes mes excuses messeigneurs, mais un messager vient de nous faire parvenir ceci à remettre au sénéchal Tembris avec la plus extrême célérité. »

S’emparant d’un geste rageur de la mallette, l’archidiacre constata le code rouge aux armes du sénéchal.

« Qu’est-ce que ceci sénéchal, vous aviez l’interdiction de communiquer, avec l’extérieur tant que le conseil n’aurait pas statué.

– Sans doute avez-vous oubliez d’en informer mes hommes, répondit l’intéressé ironiquement.

– Que contient donc cet objet ? , demanda le procurateur.

– Si j’ai votre… permission de l’ouvrir, vous en saurez autant que moi.

– Non, intervint l’inquisiteur, je vous l’interdit, qui nous dit qu’il ne s’agit pas d’un piège.

– Voyons inquisiteur, tenta le haut commandant, que peut bien contenir une si petite mallette de si dangereux, ouvrez sénéchal. »

S’emparant de la mallette, le sénéchal entra son code et ouvrit, laissant voir le contenu avant de s’en emparer. Un fichier pix encodé et prêt à être diffusé.

« Si j’ai toujours votre permission, je vous demande de passer ceci sur le mural.

– Pas d’objection, dirent le procurateur et le haut commandant.

– Pourquoi pas, avança l’archidiacre. »

L’inquisiteur ne disant mot, tous se tournèrent vers lui. Hergot était crispé, il avait perdu un peu de son air arrogant et sûr de lui qu’il avait affiché tout au long du conseil.
Les données furent transférées et la scène fut projetée.

Le sergent Macit apparut de dos sur l’image, il venait d’entrer dans un bunker de commandement des Night Lords, les combats avaient été rapidement expédiés. Les scanners de la caméra affichèrent des informations étranges, un émetteur était entré en action et relayait des données confidentielles à une source non définie. L’émetteur fut rapidement identifié comme étant le servo-enregistreur affecté à l’escouade. Informé de ceci, le sergent Macit ouvrit le feu et détruisit l’engin.

Alors que la scène se poursuivait, les regards se tournèrent vers l’inquisiteur. Avant qu’il ne puisse intervenir, le sénéchal se précipita sur lui, bloquant son bras et sa main qui tentait de sortir une arme.

« Ne me donnez pas l’occasion de passer ma colère, gronda Tembris. »

Hergot compris le message et se laissa faire. Les gardes appelés l’emmenèrent hors de la salle.

« Donnez-moi une ligne de com avec les hommes, maintenant ! »

Le sénéchal avait repris ses droits rapidement, et personne ne les lui contesta.

« Tembris de Khovar, au rapport !

– Content de vous joindre enfin sénéchal !

– Et moi donc. Qu’elle est la situation ?

– Sfétile est libérée sénéchal, mission accomplie.

– Tembris terminé, merci frère, on se retrouve à la barge de combat. »

Les écrans basculèrent sur les combats qui avaient effectivement changé de physionomie, partout les gardes regagnaient le terrain perdu, au centre, une immense explosion avait balayé le centre névralgique des Night Lords et les Space marine de Tembris étaient partout visible au plus fort des derniers combats.

« Voila messeigneurs ce dont sont capable les Chevaliers de Khovar, ne mettez plus nos actes en doute, occupez-vous plutôt des traitres parmi vos rangs. Je retourne auprès de mes hommes. »

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