Challenge n°16 – Texte n°8

Son of Khaine

« Les étoiles. J’ai toujours été fascinée par ces petites étincelles dans le ciel. Elles sont éternelles, immuables, apportant la lumière dans la nuit et surveillant la race humaine aux heures les plus sombres. Comme nous. Je me lève du pré où je m’étais allongée pour me reposer, rejetant ma longue chevelure de jais en arrière d’un geste impudique, faisant saillir ma poitrine et découvrant ma gorge d’albâtre. De mes yeux en amande d’un vert profond, j’inspecte ma robe bleutée brodée de fils d’argent et enlève délicatement les quelques brins d’herbe qui s’y étaient collés. Je ramène sur mes poignets délicats mes deux bracelets, le premier en ivoire, le second en obsidienne; et caresse mon petit pendentif pourpre représentant la rune de l’Inquisition, avant de le cacher à nouveau sous mon décolleté. Il est temps de rassembler mes hommes, et de m’équiper convenablement.

Cidius et Irada, deux de mes acolytes, m’équipent des différentes parties de mon armure énergétique argentée, tandis qu’Adriana me présente ma paire de lames énergétiques légèrement recourbées, parfaitement équilibrées et totalement mortelles. Avant de sortir, j’active mon servo-crâne, place discrètement mon arme digitale sur mon index gauche, et emporte aussi le Liber Heresius, détaillant tous les stratagèmes utilisées par les sectes hérétiques et les façons de les contrer. Je sors de ma villa : les douze hommes de l’Adeptus Arbites; les brigades de maintien de l’ordre d’élite, que j’avais demandés m’attendent dans la cour, à côté de des trois vétérans équipés de mortels lances-flammes qui me servent de gardes du corps : Raccan, Kalortid et Charon. Je distribue un Brasero de Feu Béni, servant à incinérer l’ennemi, aux deux vétérans de l’Arbites et à mes trois acolytes. Le duo de Cultistes de Parque, meurtriers fanatiquement dévoués à l’empereur, et l’Assassin Callidus, capable de changer de forme à volonté grâce à la polymorphine et spécialiste de l’infiltration, doivent déjà être sur terrain. Je me dirige vers le l’endroit où aura lieu l’embusquade, suivie de mes dix-huit soldats et enveloppée de la légère fraîcheur de cette nuit de début d’été.

Nous étions presque arrivés quand soudain, je vois une silhouette sortir des sous-bois. Tous mes hommes la mettent en joue, mais elle ne s’en soucie pas. Elle se contente de chuchoter : « Ne tirez pas. Agent Officio Assasinorum Callidus n°5642. ». J’ordonne à mes hommes de ne pas faire feu, mais de garder leurs armes prêtes. Je la vois s’avancer, revêtue d’une combinaison noire comme la nuit, d’une lame luisante et d’un neuro-disrupteur, capable de tuer un homme instantanément en dévastant son système nerveux. C’est bien elle.
« Que se passe t-il, agent 5642 ?
– Quelqu’un a réussi à entrevoir vos plans, Dame-Inquisitrice, répond t-elle.»

Je ferme les yeux, me laissant envahir par la gravité de la situation et attendant la suite, qui ne tarda pas à arriver : « Ils ont dépassé le site de l’embusquade, continue t-elle, et se dirigent vers ce qu’ils nomment la Vallée Interdite, abritant cinq temples en ruines dédiés à Slaanesh, pour y invoquer un Gardien des Secrets à l’aube. Vous vous doutez bien que l’informateur est mort dans d’atroces souffrances, ajouta t-elle avec un petit rire.
– Merci de l’information. Vous feriez bien de reprendre votre place parmi les hérétiques.»

Sans un mot, elle repart dans la nuit. Il était temps, non pas de préparer une seconde embusquade, mais de les prendre de vitesse, car ils devaient être sur leurs gardes et avoir placé des patrouilles en bordure de la route.

Je connaissais l’emplacement de cette Vallée Interdite grâce au Liber Heresius : elle correspondait aux deux rives d’une rivière, entourée de collines, de petits bois et de zones marécageuses à cause de l’humidité. En courant, nous réussissons à y arriver avant eux. Je suis obligée de séparer mes troupes, bien que cela ne me plaise guère : une escouade de l’Arbites au sud-ouest, près du temple dont il ne restait qu’une vielle tour au sommet d’une colline, la seconde au nord-ouest, à proximité des murs écroulés du sanctuaire au milieu d’un marais, et moi et mes hommes à côté de trois piliers, derniers vestiges du lieu de culte se trouvant juste à côté de la rivière qui sépare la vallée en deux. Je ne sais pas où est la Callidus et les Cultistes de Parque, mais ils sont au moins aussi doués que moi pour savoir quelle est leur position idéale. Tout est en place. Au lever du jour, soit nous serions tous morts, soit le culte serait éradiqué. Cette pensée me fit sourire, on aurait dit un officier de la garde impériale parlant à ses troupes. Au lever du jour, soit notre Foi en l’Empereur aura triomphé, soit l’ignoble Prince des Plaisirs entraînera ce monde dans une éternité d’hérésie et de débauche. Cette pensée me fit frissonner de dégoût.

Enfin, ils arrivent. J’entends des bruits de frottement et quelques grognements inarticulés. Scrutant la pénombre, je ne vois absolument rien. Puis vient un cri, inhabituellement fort : «Fuyez ! Quatre escouades de l’Arbites arrivent ! », suivi de hurlements de douleur, puis un rire féminin déchire la nuit. Cette Callidus est réellement épatante… Le son d’une rafale de fusils lasers et d’un bolter mettent définitivement fin au silence relatif de la vallée. Je fais quelques pas, me permettant d’approcher de la lisière des sous-bois, et je vois des renégats Slaaneshi dirigés par un Emperor Children en train de faire feu vers les Arbites. L’interpellant en utilisant mes facultés psychiques, je m’écrie :

« Fils de l’Empereur ! Que t’as apporté ta trahison ?
– Le Prince du Chaos m’offrira la puissance et la gloire… pour l’éternité !, répondit-il en hésitant.
– Vraiment ? Vois où tes errements t’ont conduits : tu es seul, menant un masse grouillante de vermine et exclu à jamais de ta Légion maudite. Même si tu réussissais à triompher de nous, tu finirais ta misérable vie sous les ordres de le vile entité inhumaine que tu t’apprêtes à invoquer. Est-ce cela que tu veux ?, insistais-je.

Sois maudite à jamais ! Slaanesh me protège et me guide !, hurle t-il, ravagé par la peur.

Parfait. Son esprit malade est à présent bien près de sombrer dans la folie… Un faible sourire naît sur mon visage, que la lueur rougeoyante et les cris d’agonie provoqués par les trois lances-flammes des Arbites font s’étendre très largement sur mon visage, alors que les quelques cris pitoyables des survivants s’estompent après quelques coups de fusils. Des hurlements sauvages me font tourner la tête : trois grandes silhouettes se meuvent rapidement vers nous. Il s’agit de décadentes créations de Slaanesh, aux formes musculeuses à vif sous leur peau transparente, possédant de grandes griffes d’énormes crocs et quelques tentacules épineux. Je blesse la première à la gorge d’une pression sur mon index, libérant la fléchette empoisonnée qui vient se ficher dans la gorge de la créature, mais en la tailladant par deux fois je me rends compte qu’elle ne ressent pas la douleur. Alors que mes acolytes la retiennent à l’aide de pinces et que les trois vétérans réussissent tant bien que mal à l’achever, la seconde les envoie voler en tous sens, encore plus enragée que la première.

A ce moment, le Space Marine du Chaos, accompagné de son escouade nous attaquent. Alors que mon servo-crâne se brise sous les coups des renégats, l’Emperor Children est entravé par Irada. Plongeant ma lame dans son coeur, et mon regard dans le sien, je découvre son repentir à travers la mort : son âme est sauvée. Alors que nous continuons à nous battre, de nouvelles rafales se font entendre au nord-est : des tirs de fusils laser et les cris de triomphe blasphématoires d’un Marine du Chaos résonnent dans la nuit. Les acolytes maîtrisent une des créatures, mais la dernière arrache la tête Adriana, dont le corps tombe à terre dans un flot de sang. Je tranche le bras d’un hérétique avant de lui ouvrir le ventre, mais ses huit confrères maudits m’assaillent de toutes parts et l’un d’entre eux me déchire le joue gauche d’un coup de couteau. A nouveau, les trois vétérans se jettent sur les terribles Enfants du Chaos et blessent l’un d’entre eux, mais en se démenant il transperce Kalortid de ses énormes griffes. Nous ne cédons toujours pas un pouce de terrain, et en priant l’Empereur je plante une de mes armes dans le coeur de l’abomination déchaînée, la tuant sur le coup, avant de parer les attaques des trois rebelles qui m’assaillent et d’en décapiter un. M’éloignant un peu, le temps de récupérer ma seconde arme, je laisse mes hommes face aux quatre hérétiques, qui se jettent sur Charon. Un tir de laser à bout portant le touche à l’épaule, puis un coup de baïonnette le transperce et il s’écroule, mort. Furieux, nous nous jetons sur le dernier enfant du Chaos, lui tranchant un tentacule dont le moignon se met à saigner abondement. Les derniers hérétiques hésitent puis fuient alors que nous achevons la dernière monstruosité. Alors qu’ils s’éparpillent dans la nuit, je les maudis à jamais : «Vous pouvez toujours fuir, renégats. Votre Seigneur Noir ne vous protégera pas de la Divine Fureur de l’Empereur !». Ils ne revirent pas. Une heure après le lever du jour, les derniers égarés étaient chassés de la zone et seuls deux Arbites avaient perdu la vie, mais les corps des Cultistes de Parque ne furent pas retrouvés, sans compter qu’au crépuscule je dus assister aux enterrements de Kalortid, de Charon et d’Adriana. Mais notre foi en l’Empereur a triomphé, et c’est la seule chose qui compte.

Nous sommes les Inquisiteurs de l’Ordo Hereticus, éternels, immuables, apportant la lumière dans la nuit et surveillant la race humaine aux heures les plus sombres, à la façon des étoiles. J’ai toujours été fascinée par ces petites étincelles dans le ciel… »

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