Challenge n°17 – Texte n°4

Rendar

La montagne nous faisait face, impressionnante et moqueuse elle semblait nous défier. La neige, déposée sur la cime lointaine des conifères, semblait dessiner de son blanc aveuglant sur le vert pâle des arbres un simulacre de sourire ressemblant à s’y méprendre à un rictus narquois.

Le vent aussi paraissait se moquer de nous. Ses bourrasques charriaient un assourdissant rire rauque grondant à nos oreilles et pénétrant jusqu’à nos chairs par le plus petit espace qui n’était pas couvert par les lourds tissus que nous portions.

Le cœur serré, Alderich sentait grimper chez ses compagnons une appréhension irrationnelle venue des tréfonds de leurs souvenirs. Ils étaient, tous les cinq, devant ce lieu de légende dont le nom n’était ignoré nulle part en Amiganie : Le pic du Dragon. Depuis la nuit des temps, les contes, les chants et les légendes étaient imprégnés de ce lieu mystique.

Une rafale glacée faisant claquer sa tunique, il se retourna, plantant son regard tour à tour dans les yeux de chacun de ses amis. Son regard d’acier semblait aussi glacé que la neige qui crissait sous leurs pieds et suffisait à insuffler le courage autant que la peur dans le cœur des hommes.

« Mes frères, nous y sommes. Après tant de temps passés ensemble depuis notre plus tendre enfance, tant de chemins, tant de batailles, tant d’amitié. Nous y sommes enfin. »

Appuyé sur sa longue hache, Dragar, hochait silencieusement la tête. A côté de lui, Mikla avait jeté à terre son lourd bouclier et avait les yeux fixés sur l’entrée béante d’une grotte visible sur le flanc de la montagne, une lueur de défi dans le regard. Ogmod ne disait rien. Comme d’habitude, son imposant ami cherchait à manger, ne prêtant qu’une oreille discrète à son allocution. Et Millia… Alderich soupira en posant ses yeux sur les traits délicats de la seule femme du petit groupe. Millia souriait timidement caressant machinalement le bois précieux de son arc.

« Nul ne sait ce qui nous attends au cœur de ce lieu légendaire. Tout ce que nous savons c’est que nous devons y entrer. C’est ce que nous attendons depuis notre naissance, c’est à ça que nous sommes entraînés, c’est pour ça que nous avons traversés ce monde d’un bout à l’autre. Nous avons bravés de grands dangers, affrontés des créatures dont nous ignorions jusqu’à l’existence, étés confrontés à des sortilèges dépassant l’entendement. Mais nous sommes là. »

D’un geste souple, il dégaina son épée, pointant du bout acéré de sa lame l’entrée sombre de la caverne.

« En avant mes frères, ne faisons pas attendre notre destinée. »

Dans le crépuscule naissant d’une nouvelle nuit, cinq silhouettes s’élancèrent vers l’inconnu. Pour la gloire ? L’honneur ? Le pouvoir ?

Pour bien plus que ça… Mais ils l’ignorent encore…

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