Challenge n°19 – Texte n°6

Akhanor

Une guerre prit fin et, au pied des montagnes noires, il pleuvait des clous. Une jeune elfe se trouva prisonnière de la cru de la rivière lorsqu’elle s’abrita dans une grotte. L’archère finit par se trouver nez à nez avec un nain, un homme et un orc des légions de Gorgoroth.. La manne providentielle avait joué un drôle de tour à ces créatures, de les faire ainsi se rencontrer. Dans la grotte tout était tiré : les armes aussi bien que les traits. Mais personne n’osa attaquer le premier car nul ne savait comment la roue de la chance allait tourner. Il faudrait croire que les forces furent égales où qu’en fin stratège chacun y trouva son compte. Ainsi quelque soit le compte, tous seraient morts dans quelques secondes : la haine viscérale entre les elfes et les orcs qui ferait fuser flèches et couteaux sans possibilité de se mettre à couvert, la cupidité du nain qui ferait s’écrouler les parois plutôt que de laisser le secret de ses trésors à découverts et l’inconséquence de l’homme tellement imprévisible que sur lui tout les paris restent ouverts.

A la nuit tombante, l’homme s’avança avec défiance au milieu de l’assemblée et jeta avec prudence les prémices d’un brasier. Le feu faisait danser les ombres sur les parois, mais en réalité on ne respirait presque pas. Il suffirait d’un geste maladroit pour que toute la haine se déchaîne. L’homme pris place près du feu et invita le nain à en faire autant non sans contre partie : des pièces d’or sonnantes et trébuchantes. La cupidité du nain l’emporta, il s’assit à son tour en prenant le précieux métal, mais c’est le connaître mal que de croire qu’une paie de soldat puisse faire l’affaire. Il n’en demeure que les deux ennemis jurés, elfe et orc, purent se viser à loisir sans rien intenter.

L’orc perdant patience se mit à l’art des invectives, et n’y tenant plus y mit une volonté vindicative. Il se proclamait maître de tout, parce que ça race était là avant tous. Mais il fallut que des êtres répugnants apparaissent avec les rayons de la lune, que d’autres se mettent à fouiller les entrailles de la terre pour troubler leur sommeil et que les derniers pullulent comme des maladies un peu partout, s’attribuant terres, rivières et il s’en est fallu de peu pour qu’elle s’approprie les cieux.

Piqué par ces propos, le nain débita un chapelet d’injures qui firent sourire l’humain occupé à raviver le feu de quelques brindilles. Personne ne dépouillera les nains de ce qu’ils ont trouvé après avoir si longtemps chercher, dit-il. Des guerres et des batailles ils n’en avaient cure pourvu qu’on les laisse continuer de chercher les métaux purs. Sans quoi ils rempliront les tunnels avec les cadavres de leurs ennemis quelque soit la race.

L’elfe répliqua non sans retenue, que tant que des monstres comme eux existeraient, le monde continuerait de basculer dans le sang et dans la haine et que, parole d’archère, les orcs seront extirpés avec autant de guerres que nécessaire. Pour que tous les êtres puissent vivre en paix c’est ce qu’il aurait fallu. Mais à présent qu’ils se retirent, ils laissent ce lourd fardeau aux hommes, mais le feront-ils ?

L’homme répondit que chacun avait raison, que les guerres ne cesseront jamais et que la meilleure manière de s’y préparer était de rester en vie le cas présent, pour qu’on puisse tuer plus que quatre malheureux.

Le jour se lève et la rivière a regagné son lit. D’un pas enjoué l’homme rejoignit la sortie, sans prêter davantage attention aux compagnons de la nuit. Déconcerté, chacun repris le chemin par lequel il était arrivé mais tous eurent un sentiment d’inachevé.

Une fois dehors, l’elfe rejoignit l’homme et le questionna sur sa conduite pour le moins étonnante.

L’homme lui dit : « Elfe, nous étions tous morts. Alors j’ai agi comme un être qui ne ressent plus la douleur et qui n’a plus rien à perdre. Maintenant que je suis en vie je vais rejoindre ma famille, voilà ce pour quoi j’ai lutté toute la nuit ».

La grotte s’écroula en un terrible fracas, le nain devait vraiment avoir quelque chose d’important à cacher.

L’elfe se rappela une ancienne légende selon laquelle, la Terre et le Ciel se sont vus chargés de veiller sur l’ordre des choses mais ils refusèrent. L’homme s’y attela sans se soucier et sans inquiétude aucune.

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